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Économie
Chronique |

L’insoutenable anxiété de l’être

Beaucoup de choses se bousculent trop vite et trop fort. Qu’arrivera-t-il de nous? Cette question me hante plus que jamais. Et vous?

Si la mort récente de Milan Kundera inspire le dérivé du titre, il n’en demeure pas moins que le sujet est d’actualité, et cela au quotidien. La période que nous vivons est anxiogène. Je me sens comme un Marty McFly débarqué dans une époque où ses références n’existent plus. Beaucoup de choses se bousculent trop vite et trop fort. Qu’arrivera-t-il de nous? Cette question me hante plus que jamais. Et vous?

Quand la COVID-19 a frappé, je me souviens d’un matin précis où ma blonde me dit «qu’est-ce qui va arriver selon toi?»  Ma seule réponse à ce moment: «je ne sais pas». Accepter de ne pas savoir était le premier geste de laisser-aller. Quand quelque chose de difficile arrive, on tente de comprendre la nouvelle réalité et s’y adapter. On n’est plus en contrôle. En ce moment, il y a trop de variables qui bougent. Comme si le sol sous nos pieds était sur le point de rompre, comme si les fondations de notre sécurité relative s’effritaient de plus en plus.

D’un côté, on manque d’employés, d’un autre, on se demande quel sera l’avenir du monde du travail ou l’avenir du monde tout court. Nous sommes pris entre la pénurie de main-d’œuvre et l’avenir condamné de certaines fonctions. On enseigne à des étudiants dans des champs d’expertise condamnés au remplacement ou à l’impartition. Pendant ce temps, on manque de tout. Aussi banal que ça puisse paraître, on commence à s’habituer à chercher de la sauce sambal oelek.

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Pendant qu’on doit redoubler d’ardeur pour trouver des employés, l’intelligence artificielle et l’automatisation arrivent avec leurs gros sabots. On s’habitue à voir l’épicerie du coin débarquer avec des caisses sans humain. En quelques secondes, une application peut remplacer votre photographe et vous soumettre trois idées d’affiches dans le style de Salvador Dali.

Les acteurs d’Hollywood débrayent devant la perte de pouvoir économique des individus. Le taux directeur passe de 0,25% à 5%. L’inflation ne cesse de gruger une partie de notre marge de manœuvre et le 20 $ d’hier en vaut plus ce qu’il valait.

Qui a le plus d’avenir selon vous? Si ma vie était à refaire, je ne sais même pas si l’université serait si attractive qu’elle l’était. Au fond, pourquoi étudier? Avant d’apprendre, de rencontrer des gens et de s’ouvrir à d’autres réalités, étudier ça donne une certification pour gagner sa vie. Et dans tout ça, il faut bien choisir quelque chose: une fonction dans la matrice de la vie. Alors, si j’avais 16 ans en 2023, je serais peut-être davantage un futur électricien. Un métier où la demande sera toujours là.

Pour en ajouter une couche, on vit une drôle de période où ceux qui ont de l’argent se distancient de la masse. Il n’y a pas de bon moment garanti pour investir. Par contre, ceux qui peuvent le faire sont tout le même les seuls pouvant aspirer à faire du rendement.

Depuis le 1er janvier, le NASDAQ a bondi de 37% et le S&P 500 de près de 19%. Des rendements extraterrestres pour des indices boursiers. Une situation frustrante pour ceux qui doivent mettre 100 % de leurs énergies à payer la hausse du coût de financement.

L’avenir est anxiogène. Comme si la légèreté du monde d’avant n’allait pas revenir. Je sais, tout cela n’est qu’une perception personnelle, mais je me sens dans l’insoutenable anxiété de l’être. Je suis du monde d’avant. Celui qui n’existe plus.