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Comme une bonne vieille snob du Plateau (bon OK, Rosemont), j’ai longtemps jugé #lesgens qui déambulaient dans les allées du Costco, en dégustant des petites bouchées servies par une madame qui porte un filet sur ses cheveux.
Comme une bonne vieille snob du Plateau (bon OK, Rosemont), j’ai longtemps jugé #lesgens qui déambulaient dans les allées du Costco, en dégustant des petites bouchées servies par une madame qui porte un filet sur ses cheveux.
C’était AVANT que je rentre dans la secte « parce que j’ai trois enfants qui mangent comme des trucks à vidange ». Au début, je me suis fait accroire que j’irais juste pour le parmesan et la viande. « C’est tellement moins cher et la viande est tellement incroyable », dixit absolument tout le monde qui essayait à l’époque de me convaincre de payer une carte de membre pour faires des « économies » (appelle-moi si tu réussis à sortir de chez Costco avec une facture en bas de 500 $).
C’était avoir une bien mauvaise connaissance de mon moi-même. Vite, j’ai réalisé qu’un monde s’ouvrait à moi, ou plutôt à mon «bill de carte de crédit». À moi les draps en coton égyptien, les noix en tout genre, les fruits de mer, l’huile d’olive, les jouets, le soda stream (je m’excuse) et les tasses Le Creuset vraiment moins chères mais pas si tant. J’étais littéralement en lune de miel avec le Costco. Et je le suis encore, dans une certaine mesure.
Sauf que je me sens mal. Très mal. Chaque fois que j’y vais, j’ai envie de me mettre des lunettes fumées pis une casquette des Nordiques pour ne pas que les gens qui donnent à Greenpeace sachent que je suis une sale traîtresse.
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Je me demande même s’il ne faudrait pas carrément inventer un mot pour décrire comment je me sens après chacun de mes pèlerinages au sein de la bannière. La « cosculpabilisation », peut-être ?
Quand je vous dis que je suis dans la secte, c’est vrai là. Je suis même membre de la page Facebook « Les accrocs du Costco », un véritable paradis virtuel où tu as la chance de lire les 528 commentaires qu’aura généré le «review» de la nouvelle confiture de fraises qui vient de faire son entrée sur les étals.
Tous les médias du monde rêvent de ce type d’engagement sur leurs médias sociaux. 17 commentaires pour parler des effets des GES sur la page Facebook d’une radio populaire. 528 pour une marque de confiture. À l’heure où Facebook a décidé de pénaliser les médias en réaction au projet de loi C-18 (qui vise à forcer les géants du web à compenser les médias pour la publication de leurs contenus), habituez-vous. Pour un p’tit bout, c’est juste ça qu’on risque de voir, des publications sur des marques de confiture.
Mais je m’égare. Je me sens mal, disais-je, d’aller au Costco alors que littéralement le Québec brûle en raison des changements climatiques. J’ai l’impression de contribuer au problème en allant moi-même mettre le feu à la forêt.
Comme je le soulignais la semaine dernière, il est vrai qu’il y a des forces plus grandes que nous quand on parle d’environnement. S’il n’y a aucune action prise par les industries, si les politiciens ne serrent pas la vis, ce n’est pas mon bac à compost ni mes collations préemballées du Costco qui vont faire une différence en bien ou en mal.
N’empêche que je ne veux pas me déresponsabiliser. Et je suis curieuse de savoir comment vous faites, vous, pour réconcilier vos «valeurs écologiques» avec vos comportements de consommateur.
Gardons-en en tête que plusieurs personnes n’ont pas ce privilège d’aller dépenser leur chèque de paie au Rachelle-Béry ou de s’acheter des bobettes en coton équitable sur la rue Masson.
Comment fait-on pour que ça ait du sens dans notre budget ? Comment réussit-on à faire rouler une famille sans avoir l’impression de participer à l’extinction de l’humanité (je sais, je suis un peu dramatique) ?
Dites-moi comment vous sentez-vous par rapport à ça ? Y allez-vous au Costco ? En achetez-vous, des vêtements fabriqués de façon douteuse par des employés mal rémunérés et mal traités ? Est-ce que vous avez abandonné, persuadés qu’il est trop tard ? Comment gérez-vous la culpabilité d’avoir un discours et des comportements qui ne vont pas nécessairement ensemble ?
Si c’est vrai que chaque petit geste compte, go. Je veux savoir. Shootez-moi ça dans ma boîte courriel. Pis shootez-moi aussi vos meilleurs deals au Costco. Je ne suis pas à une contradiction près.
Pour me raconter une histoire ou si vous voulez témoigner de quelque chose qui vous tient à cœur, écrivez-moi un courriel : genevieve.pettersen@bellmedia.ca