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Encore une chronique sur les droits reproductifs, toujours menacés aux États-Unis ? Malheureusement, oui.
Encore une chronique sur les droits reproductifs, toujours menacés aux États-Unis ? Malheureusement, oui.
Il ne se passe pas une semaine sans qu’une nouvelle en lien avec le droit à l’avortement ou les droits reproductifs ne fasse pas la manchette. Le débat a été rouvert il y a près de deux ans avec le renversement de l’arrêt Roe c. Wade par la Cour suprême américaine. Mais la tendance qu’on peut observer depuis ce renversement est que les « pro-choix » n’ont pas dit leur dernier mot et qu’ils profitent des élections pour se faire entendre.
La Floride est le dernier État à inclure une question sur le droit à l’avortement sur le bulletin de vote en novembre prochain. La Cour suprême de l’État a validé la question qui sera posée aux électeurs et qui amenderait la constitution. Cet amendement empêcherait « l’adoption de toute loi prohibant, criminalisant, retardant ou restreignant l’avortement avant la viabilité ou lorsqu’il est nécessaire pour protéger la santé de la patiente ». Pour que cet amendement passe, 60 % du vote sera nécessaire.
À l’instar de la Floride, New York et le Maryland se prononceront aussi sur la question. Le Nevada et l’Arizona tentent aussi de le faire. Deux États pivots que les démocrates tenteront de gagner à nouveau en novembre.
Cet élan et surtout, ce désir qui est porté par la majorité des électeurs pour le droit à l’avortement, se veut un cadeau politique pour les démocrates, aussi horrible que cela puisse être. Les démocrates ont réussi à profiter de cette frustration pour pousser les femmes et les jeunes aux urnes. Le phénomène a été observé dans les référendums au Michigan, en Californie, au Vermont, au Kansas, au Montana et au Kentucky où dans tous les cas, les pro-choix ont fait des gains.
S’ils réussissent à capitaliser sur cet enjeu, ils pourraient motiver les troupes démocrates et les indépendants partout au pays. Le renversement de Roe c. Wade, qui aurait dû être une immense victoire pour les républicains, s’avère plutôt un désastre. Les politiques extrémistes dans certains États ont fait plus que donner une mauvaise presse aux républicains, cela leur a carrément fait perdre des élections. Les républicains, aussi conservateurs puissent-ils l’être, ne souhaitent pas tous revenir 50 ans en arrière ou encore vivre dans un univers inspiré d’un épisode de La servante écarlate.
La Floride, jadis un État compétitif où les démocrates avaient espoir de victoire, pourrait-elle redevenir bleue ? La chance est mince, mais les stratèges démocrates sont déjà sur le terrain pour convaincre les électeurs de changer de camp politique. Sur les campus, les groupes démocrates distribuent même des condoms avec des slogans pro-choix pour aller chercher le vote des jeunes. C’est une stratégie comme une autre…
Depuis quelques années, de l’autre côté du spectre politique, d’importants lobbys religieux se sont donné la mission d’empêcher l’accès à la pilule abortive. Après avoir statué sur l’avortement, la Cour suprême doit maintenant légiférer sur la question. La pilule abortive est la méthode utilisée dans plus de 60 % des interruptions de grossesse au pays.
Particularité américaine, il est possible de magasiner son juge lorsqu’on veut faire infirmer une décision en lien avec une politique fédérale. Dans le cas de la pilule abortive, les groupes ont choisi un juge avec un biais religieux et conservateur énorme qui a carrément révoqué l’approbation du médicament par la Food and Drug Administration (FDA), l’équivalent de Santé Canada. Une Cour d’appel a, par la suite, renversé la décision, mais en réduisant tout de même l’accès à celle-ci. Par exemple, elle ne pourrait plus être prescrite en télémédecine ni envoyée par la poste et utilisée uniquement avant sept semaines de grossesse au lieu de dix.
La Cour va-t-elle statuer comme la Cour d’appel en réduisant encore une fois l’accès à des soins de santé pour les femmes ? Nous allons le savoir en juin, mais dans ce cas-ci, les juges semblaient peu enclins à le faire.
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