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Dans la signature de mes courriels, depuis quelques mois, j’ai ajouté mes pronoms à la suite de mon prénom et mon nom de famille, mon titre et mes coordonnées. Pourquoi ? Mais au fait… pourquoi pas ?
Dans la signature de mes courriels, depuis quelques mois, j’ai ajouté mes pronoms à la suite de mon prénom et mon nom de famille, mon titre et mes coordonnées. Pourquoi ? Mais au fait… pourquoi pas ?
Certains croient que c’est une mode ou une tendance.
Je ne suis pas de cet avis. Je crois qu’une signature plus inclusive, qui tient compte du genre auquel la personne s’identifie, est une pratique qui est là pour de bon et même, qui se répand. Actuellement, 10 à 20 % des entreprises canadiennes qui ont mis en place des pratiques en équité, diversité et inclusion (EDI) ont comme norme l’identification des pronoms dans les courriels professionnels.
Est-ce une obligation ? Bien sûr que non. Chacun(e) est libre de ses choix. Les pays scandinaves (oui, encore eux) ont une longueur d’avance sur le reste du monde : cette pratique est courante dans les milieux professionnels. On n’en parle même plus.
Si j’ai fait ce choix, après avoir effectué quelques recherches et réfléchi à la question, c’est que je vois peu d’inconvénients à ajouter elle/she/her dans ma signature courriel. J’y vois une forme de respect, de politesse, de signe d’ouverture.
Bien que je sois cisgenre (c’est-à-dire que je suis née fille et que je m’identifie comme fille), je veux, par ce petit geste, normaliser la discussion sur le genre et l’identité de genre. Je souhaite éviter les malentendus et envoyer le message à mes interlocuteurs que l’échange se veut inclusif et sécuritaire.
Et si, par ce simple petit geste banal, voire ordinaire, on atténuait le stress et l’anxiété de certaines personnes ? Je pense aux personnes trans, non binaires, en transition ou en questionnement identitaire, aux personnes racisées ou issues de l’immigration qui portent parfois des prénoms non genrés, ou encore aux personnes qui portent des prénoms unisexes.
Est-ce que vous vous êtes déjà demandé comment vous, vous réagiriez si on vous identifiait avec le « mauvaise » genre ? Par exemple, vous êtes un homme et vous vous faites interpeller avec un « madame » bien senti… Vous rectifiez immédiatement, non ?
Alors, pourquoi ne pas servir la même attention aux autres ?
J’entends déjà les complaintes. Pourquoi changer pour une minorité ? Après tout, ça les regarde ! Oui, mais non. C’est facile de se prononcer contre l’écriture inclusive quand on fait partie de la majorité et de la masse — eh oui, disons-le, des privilégiés…
Qu’est-ce que ça change, au fond, d’être plus inclusif ? Certaines personnes réfractaires semblent se sentir menacées… Les titres « madame » et « monsieur » ne disparaissent pas. Il s’agit d’ajouts de pronoms, et non de disparitions.
D’autres diront que c’est « donc compliqué ». Pas du tout ! C’est un changement d’habitude. La société évolue ; le langage aussi. Je crois que les pronoms en sont un exemple (parmi d’autres exemples d’écriture inclusive comme l’écriture épicène ou l’écriture neutre).
Il existe une autre fausse croyance entourant les pronoms : celle voulant que ce soit lié à l’intimité des gens ou à leur orientation sexuelle. Rien à voir. Indiquer les pronoms ne sert pas à attirer l’attention ni à se mettre dans une case — au contraire. Cela sert à ouvrir la discussion et à sensibiliser.
De plus en plus d’entreprises offrent des formations en EDI, dans lesquelles il est question de l’utilisation et de l’identification des pronoms personnels. Le changement passe par là. Et il s’opère, tranquillement pas vite…
Quant à moi, je persiste et signe : si un petit ajout peut clarifier et simplifier mes échanges avec les autres, sans pénaliser qui que ce soit, alors pourquoi ne le ferais-je pas ?
Traiter l’autre comme on aimerait être traité, n’est-ce pas là la base de la communication… et des relations humaines ?
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