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J’ai peur que nous soyons actuellement en train de créer un grave précédent de tolérance à la criminalité.
L’autre jour, je me suis fait arrêter par la police. Je roulais à vélo BIXI dans une zone piétonnière, ce qui constitue une infraction pénale en vertu du Code de la sécurité routière. J’avais mal regardé la signalisation, mais peu importe, nul n’est censé ignorer la loi. J’assume pleinement la responsabilité de mon erreur: mea culpa.
Revenons à mon arrestation. Pendant ma discussion avec les policiers, laquelle a duré à peine quelques minutes, un homme intoxiqué s’est approché à quelques centimètres de moi, tellement proche que je sentais son souffle chaud dans mon cou, pour me crier des obscénités:
«T’as donc bien des gros totons. T’as l’air d’une petite salope.»
Toujours pendant ma discussion avec les policiers, à moins de 10 mètres de nous, des personnes s’injectaient tout bonnement, en plein jour, des drogues dures.
À aucun moment, les policiers n’ont jugé bon d’intervenir dans l’une ou l’autre de ces situations. Ils n’ont rien fait. J’étais sidérée. Lorsque je les ai questionnés à cet égard, ils n’ont à peine bronché, ils semblaient même amusés. Ils m’ont répondu, sourire en coin: «Que voudrais-tu qu’on fasse?»
Je me suis vraiment sentie en danger.
Je ne suis pas la seule à avoir constaté l’inaction des policiers face à certains crimes. Certains commerces ont même cessé d’appeler la police lors de vols au sein de leurs établissements, sachant que cela ne donnerait tout simplement rien. Si même les agents de la paix ne veillent pas à faire respecter les lois et à assurer la paix, sommes-nous vraiment en sécurité?
Les statistiques à cet égard sont assez préoccupantes. Selon le bilan annuel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), les crimes contre la personne (voies de fait, harcèlement criminel, homicide, etc.) ont augmenté de 51 % de 2018 à 2023, soit plus de 31 000 crimes contre la personne uniquement en 2023. Rappelons-nous: il s’agit uniquement des infractions ayant été rapportées au SPVM. Je n’ose même pas imaginer le nombre de crimes réellement commis à Montréal en 2023. Est-ce que Montréal est encore sécuritaire?
Personnellement, je me sens en danger à Montréal.
J’ai même pris l’habitude de ne plus sortir seule après 19 h (non, rien à voir avec le Bonhomme Sept Heures), de toujours informer au moins un de mes proches de mes déplacements et de garder en tout temps avec moi du poivre rose, afin de me défendre si le pire devait arriver. Une décision mûrement réfléchie suivant la recommandation de mon conjoint, constatant entre autres la hausse du taux de criminalité à Montréal et la série d’interactions inquiétantes que j’ai vécues en me promenant seule (me faire suivre jusqu’à chez moi par un inconnu, par exemple). Étonnamment, quand je suis accompagnée de mon conjoint, un homme mesurant 6’3 et ayant une bonne masse musculaire, personne n’ose interagir avec moi. Coïncidence, à votre avis?
Je comprends le manque de ressources, l’épuisement du corps policier et des intervenants du système de justice, voire la complexité dudit système. Toutefois, j’ai du mal à comprendre l’utilisation factuelle de nos ressources, l’application inégale des lois et la tolérance à la criminalité. J’ai peur que nous soyons actuellement en train de créer un grave précédent de tolérance à la criminalité. Quel message envoyons-nous aux citoyens?
«Faites des crimes, allez-y. Il n’y aura aucune conséquence.»
Vraiment!?
Le droit à la sûreté est un droit fondamental. C’est l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés qui nous le dit: «Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne.» Pour assurer le respect de ce droit fondamental, il est primordial que la loi s’applique à tous, et ce, sans exception.