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Pourtant, une campagne, ça compte toujours!
Plusieurs observateurs et citoyens se plaignent déjà que la campagne électorale qui sera déclenchée lundi sera d’un ennui mortel.
Pourtant, une campagne, ça compte toujours!
Quatre semaines intensives avec des chefs qui sont suivis sept jours sur sept par une horde de journalistes, des annonces quotidiennes, des débats, des controverses.... Car oui, 125 candidats multipliés par 40 jours de campagne pour chacune des formations politiques, c’est beaucoup de probabilités de quelques controverses qui leur font perdre quelques journées et le contrôle du message que l’on souhaite à tout prix faire passer.
Mais bon, il faut l’admettre, la CAQ est confortablement installée au sommet des sondages depuis un bon moment et rien n’indique une défaite de François Legault le 3 octobre prochain. Rien. Mais il importe de se pencher sur d’autres éléments que la seule accession au pouvoir qui auront un gigantesque impact sur les prochaines années politiques.
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Il va sans dire que cette campagne sera assez pénible pour le Parti libéral de Dominique Anglade. Ce grand parti traditionnel que l’on pensait éternel avec sa vaste collection de châteaux forts vit une grande traversée du désert. Les électeurs francophones ont tourné le dos massivement au PLQ en 2018 et ne semblent pas près de changer d’idée si l’on se fie à la tendance des sondages. Là où ça se complique davantage, c’est que sa base anglophone se retrouve également sapée, avec l’émergence de deux partis nés du limbo libéral concernant le projet de loi 96.
Cerise sur le sundae d’Anglade, le joker Duhaime pourrait jouer un rôle déterminant dans plusieurs comtés montréalais tout dépendant des pourcentages qu’il réussira à obtenir chez les anglophones déçus. Une certitude se dresse devant les libéraux : il y aura une course à la chefferie en 2023.
Pas plate.
Éric Duhaime pourrait jouer un rôle déterminant dans plusieurs comtés montréalais. Crédit: La Presse canadienne
Ensuite, on sera attentifs au nombre de députés que le Parti québécois réussira à faire élire et surtout, lesquels. Je pense notamment à Alexis Deschênes, candidat péquiste dans Bonaventure qui, s’il était élu, pourrait bien se retrouver avec la couronne de PSPP si celui-ci baissait les bras. On annonce la mort du PQ depuis des années, mais il n’en demeure pas moins que le PQ incarne en quelque sorte le gardien de la flamme de l’indépendance qui, qu’importe ce que voudraient faire croire les opposants à cette idée, ne s’éteindra jamais complètement. Cette réalité fait en sorte qu’un chef du PQ demeure pertinent sur la scène politique.
Pas plate.
Puis, nous surveillerons si les premiers députés conservateurs feront leur entrée à l’Assemblée nationale. Claire Samson? Elle n’avait pas été élue sous la bannière conservatrice, elle qui fut allègrement instrumentalisée par Éric Duhaime afin de lui donner accès auprès des journalistes de la tribune de la presse. Est-ce que Duhaime pourra poser ses questions directement à François Legault au Salon bleu ? Sera-t-il accompagné d’un, de deux, de trois camarades députés ?
Pas plate.
Et qu’en est-il de QS ? Gabriel Nadeau-Dubois est un politicien talentueux certes, mais il est à la tête d’un parti politique plus idéologique que lui. Nous verrons comment performe GND en débat des chefs, ou encore en conférence de presse quotidienne, scruté par des journalistes aguerris contrairement à la dernière campagne qui avait été une grande free ride pour Manon Massé. Malgré un chef solide, les sondages et projections semblent indiquer de possibles pertes pour QS. Si cela s’avérait, ce serait le premier recul pour la formation de gauche depuis sa création. Dans quelle position cela mettrait-il le jeune chef pour la suite des choses ?
Pas plate.
Gabriel Nadeau-Dubois est un politicien talentueux certes, mais il est à la tête d’un parti politique plus idéologique que lui. Crédit: La Presse canadienne
Pour la CAQ, le deuxième mandat sera bien différent du premier, lui qui a été marqué par deux éléments principaux. D’abord, l’arrivée d’un parti neuf au pouvoir. Puis, la pandémie dont la gestion a finalement permis à François Legault de renforcer la lune de miel plutôt que de l’user.
Comment la CAQ va-t-elle faire pour tenter de ravir Sherbrooke et Rouyn à Québec solidaire et pour protéger ses comtés des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches contre le P.C.Q. d’Éric Duhaime sans s’écarteler ?
Pas plate.
Et si les projections se concrétisent, François Legault devra construire un conseil des ministres qui provoquera inévitablement son lot de déceptions dans le caucus. La formation du cabinet sera une saga que les férus de politique suivront avec un gigantesque sac de popcorn.
Ce qui se passe maintenant entraînera des répercussions cruciales au moment où la CAQ ne sera plus seule au sommet. Et ce moment correspondra aussi avec la perspective du départ de François Legault et de son éventuelle succession. Un moment dangereux pour la jeune formation politique qui s’articule entièrement autour de son chef.
Bonne campagne!