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Ce genre de situation, la présidente de l'Association des médiateurs familiaux du Québec, Claudine Cusson, l'a vue à plusieurs reprises dans ses bureaux ces derniers mois.
«J'ai plusieurs situations où les gens sont vraiment mal pris et qui restent ensemble», a-t-elle expliqué à Noovo Info. «Souvent, (les couples) retardent la séparation, mais ça ne veut pas dire que c'est dans l'intérêt de la famille. Ça peut aussi aller mal à un point tel qu'une des deux personnes se retrouve dans une résidence pour les victimes de violence.»
Les détails dans la vidéo ci-contre.
Ce constat est aussi partagé par le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale du Québec. Leur taux d'occupation est passé de 85 % à 90 % de 2019 à 2024, d'après des données obtenues par Noovo Info. La durée moyenne de séjour est aussi passée de 31 jours à 33 jours sur cette même période. La durée moyenne passée par les usagers dans les ressources était de 21 jours en 2014. Des femmes en situation de violence ont «toléré» des situations difficiles par crainte de se retrouver à la rue, selon la présidente du regroupement, Annick Brazeau.
«Quand elles entendent qu'il n'y a plus de logements, qu'est-ce qu'il va leur arriver?» demande Mme Brazeau. «Vont-elles prendre la chance d'aller dans une maison d'hébergement? Ça les inquiète (...) et elles ne nous appellent pas. Je veux qu'elles sachent qu'il y en a, des solutions.»
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Les nouvelles familles monoparentales à la recherche d'un logement doivent composer avec un taux moyen d'inoccupation de 1,5% au pays lorsque vient le temps de «casser leur ménage». La pénurie a entraîné une hausse moyenne des loyers de près de 5% en un an à Montréal, d'après les données de Centris. Le coût moyen d'un appartement était de 1639$ par mois au premier trimestre de 2024.
«Les gens hésitent à se séparer parce que, même s'ils ont vendu leur maison, ce n'est pas clair s'ils auront assez d'argent pour se loger ensuite», indique Claudine Cusson.
Certains sont prêts à faire des sacrifices pour rester propriétaire en partageant leur résidence avec des locataires pour payer l'hypothèque. Une telle gymnastique peut cependant s'avérer chaotique pour la dynamique familiale. Il existe aussi des solutions innovantes pour les ex qui arrivent à trouver un terrain d'entente, selon la médiatrice. «Les deux parents paient à même leur compte conjoint les dépenses des deux logements. Ils vont se trouver une place où chacun va aller à son tour pour qu'il y ait un parent, une semaine à la fois, avec les enfants à la maison. Donc, ils se partagent le logement d'à côté.»
Dans un tel contexte, la présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale du Québec en profite pour lancer un appel à la solidarité aux propriétaires de logements, partout au Québec. Ils peuvent faire la différence en accueillant des mères monoparentales qui peuvent bénéficier d'un programme d'aide financière pour payer le loyer chaque mois.
«Parfois, il y a des propriétaires qui ont des jugements ou qui ne veulent pas louer à ces femmes-là», note Annick Brazeau. «Certaines (femmes) se font fermer la porte.»
Après une légère baisse pendant la pandémie, le montant total des pensions alimentaires payées par des Québécois est passé de 489,6 millions $ à 519 millions $ de 2021 à 2024, selon des données de Revenu Québec obtenues par Noovo Info. Les paiements mensuels moyens sont passés de 491 $ à 544 $ sur cette même période, pour une hausse de près de 11 %.
Le nombre de mauvaises créances est resté stable, mais la valeur en recouvrement pour des pensions impayées a bondi de 35 % de 2020 à 2023. La moyenne des soldes impayés est passée de 7476 $ à 10 102 $ en 2023-2024. Revenu Québec est intervenu dans près de 72 500 dossiers pour une facture totale d'environ 732 millions $.