«Ce n'est pas à moi d'annoncer les tarifs pour l'administration américaine. Il va y avoir des tarifs le 2 avril. Et ce n'est pas parce qu'il y a des tarifs le 2 avril qu'il y en aura nécessairement en juin, en juillet. Bref, on a choisi de refléter l'incertitude ambiante et d'avoir un scénario alternatif de récession», a déclaré le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, lors de la présentation du budget provincial 2025-2026.
En fonction des tarifs imposés, le budget prévoit donc deux remèdes pour l’économie.
D'un côté, si le président Trump met en fonction des tarifs de 10%, le gouvernement injectera 1 milliard pour stimuler l'économie afin d'aider les entreprises touchées par les tarifs, d'appuyer des projets d'investissement et d'aider à trouver de nouveaux marchés. Eric Girard ajoutera aussi des sommes de 265 millions pour l'innovation et pour aider l'économie des régions.
D'un autre côté, signe que le ministre s'attend à ce que des tarifs allant jusqu’à 25%, il ajoute 500 millions $ dès cette année à la réserve pour éventualités. Le coussin financier passera de 1,5 milliard à 2 milliards qui pourront servir n'importe où en cas d'urgence.
Réactions mitigées des économistes
Chez les organismes économiques, les réactions sont généralement positives, mais avec de sérieux bémols.
Pour Damien Silès, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail, le budget déposé mardi ne répond pas à l'urgence et l'imprévisibilité de Donald Trump.
«Encore une fois, notre secteur est mis à l'écart et en aucun cas on voit des actions concrètes pour les commerçants.»
«On voit une inquiétude majeure sur le terrain avec les commerçants, avec les consommateurs, qui n'est pas reflétée dans ce budget», ajoute-t-il.
La présidente-directrice générale de la Fédération des Chambres de commerce du Québec, Véronique Proulx, le budget d’Eric Girard obtient une note de huit sur 10.
«Ce sont des mesures financières et fiscales qu'on attendait depuis longtemps, mais je réitère que si on veut que ça l’ait de l'impact sur le terrain et sur notre économie, il faut revoir nos contrats publics, il faut revoir nos travailleurs étrangers temporaires», a-t-elle indiqué au micro de Noovo Info.
Pour Julie White, présidente-directrice générale de Manufacturiers et exportateurs du Québec, le budget offre de bonnes réponses aux tarifs douaniers. Elle note toutefois qu’il s’agit d’un budget qui est «très optimiste», avec un scénario de tarifs douaniers américains de 10 %.
«C’est comme si le gouvernement avait mis des lunettes roses pour écrire son budget.»
«C'est vraiment un tremblement de terre pour les PME», note François Vincent, vice-président à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, concernant les tarifs douaniers.
Selon lui, l'indice de confiance «n'a jamais été aussi bas de son histoire au Québec».
«Ça prenait des mesures fortes, mais des mesures qui touchent les petites et moyennes entreprises. On en voit certaines dans le budget, il faut les reconnaître», a-t-il déclaré.
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