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Le nombre total de réservistes pourrait atteindre 300 000, selon les autorités. Seuls ceux qui ont une expérience pertinente du combat et du service seront mobilisés, a précisé le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.
Le président russe Vladimir Poutine a ordonné une mobilisation partielle des réservistes en Russie, mercredi, dans ce qui semble être un aveu que la guerre de Moscou en Ukraine ne se déroule pas comme prévu.
Au cours d'un discours télévisé à la nation, diffusé mercredi matin, M. Poutine a aussi prévenu l'Occident qu'il ne bluffait pas en disant qu'il utilisera tous les moyens à sa disposition pour protéger le territoire russe, dans ce qui semblait être une référence à peine voilée à la puissance nucléaire de son pays.
Le nombre total de réservistes pourrait atteindre 300 000, selon les autorités. Seuls ceux qui ont une expérience pertinente du combat et du service seront mobilisés, a précisé le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. Il a ajouté qu'il y a environ 25 millions de personnes qui répondent actuellement à ces critères, mais que seulement environ 1% d'entre elles seront mobilisées.
Une autre clause du décret empêche la plupart des soldats de résilier leur contrat et de quitter le service, tant et aussi longtemps que la mobilisation partielle sera en place.
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Le président russe a fait cette annonce alors que de nombreux dirigeants de partout dans le monde sont réunis à New York pour l'Assemblée générale des Nations Unies. De nombreux pays qui participent à la réunion ont vivement dénoncé l'invasion de l'Ukraine par la Russie et ont imposé plusieurs séries de sanctions diplomatiques contre Moscou.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskky doit s'adresser mercredi à l'assemblée lors d'un discours préenregistré.
Le stratagème de M. Poutine comporte un fort élément de risque: il pourrait se retourner contre lui en rendant la guerre contre l'Ukraine impopulaire dans son pays.
Il est toutefois peu probable que la mobilisation ait des conséquences à court terme sur le champ de bataille, en raison d'un manque d'installations et d'équipements d'entraînement.
L'analyste politique russe Dmitry Oreshkin a affirmé que l'annonce de M. Poutine ressemblait à «un acte de désespoir». Il a prédit que les Russes résisteront à la mobilisation par le «sabotage passif».
«Les gens vont échapper à cette mobilisation de toutes les manières possibles: soudoyer des responsables, quitter le pays», a estimé M. Oreshkin lors d'une entrevue accordée à l'Associated Press mercredi.
Peu de temps après le discours de M. Poutine, les médias russes ont d'ailleurs signalé une forte augmentation de la demande pour les billets d'avion en direction de l'étranger, même si beaucoup moins de ceux-ci sont disponibles depuis le début de la guerre.
L'annonce ne sera pas bien accueillie par le grand public, selon M. Oreshkin, qui l'a décrite comme «un dur coup à encaisser pour les citoyens russes, qui jusqu'à récemment ont pris part aux hostilités avec plaisir, assis sur leurs canapés en regardant la télévision.
«Et maintenant, la guerre vient d'entrer chez eux.»
L'ordre de mobilisation partielle a été annoncé un jour après que les régions contrôlées par la Russie dans l'est et le sud de l'Ukraine ont confirmé leur intention de tenir des votes pour devenir des parties intégrantes de la Russie.
Les référendums, qui sont prévus depuis les premiers mois de la guerre, commenceront vendredi dans les régions de Louhansk et Kherson, ainsi que Zaporijia et Donetsk, en partie contrôlées par la Russie.
Lors de son allocution, le président Poutine a accusé l'Occident de se livrer à un «chantage nucléaire». Il a noté «les déclarations de certains représentants des principaux États de l'OTAN sur la possibilité d'utiliser des armes nucléaires de destruction massive contre la Russie», sans toutefois nommer précisément à qui il faisait référence.
«À ceux qui se permettent de faire de telles affirmations concernant la Russie, je tiens à rappeler que notre pays dispose également de divers moyens de destruction, dont certains plus modernes que ceux des pays de l'OTAN.
«Lorsque l'intégrité territoriale de notre pays est menacée, pour protéger la Russie et notre peuple, nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition», a déclaré M. Poutine, avant d'ajouter que «ceci n'est pas un bluff».
M. Poutine a affirmé qu'il avait déjà signé le décret de mobilisation partielle, qui doit commencer mercredi.
Une mobilisation à grande échelle serait probablement impopulaire en Russie et pourrait encore nuire à la réputation de M. Poutine après les récents revers militaires de son armée en Ukraine.
«Nous parlons de mobilisation partielle, c'est-à-dire que seuls les citoyens qui sont actuellement dans la réserve seront soumis à la conscription, et surtout, ceux qui ont servi dans les forces armées, qui ont une certaine spécialité militaire ou une expérience pertinente», a expliqué M. Poutine.
M. Choïgou, le ministre russe de la Défense, a également indiqué que 5937 soldats russes sont morts lors de la guerre en Ukraine, ce qui représente un chiffre bien inférieur aux estimations occidentales selon lesquelles la Russie aurait perdu des dizaines de milliers d'hommes.