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La marche se déroule également en la mémoire des victimes des pensionnats autochtones.
Une marée orange a circulé dans les rues de Montréal, samedi après-midi, à l'occasion d'une marche pour la Journée internationale de la vérité et de la réconciliation.
Les marcheurs, pour la plupart vêtus d'un chandail orange, se sont rassemblés pour faire valoir les luttes et les droits des personnes autochtones, mais aussi pour honorer la mémoire des victimes des pensionnats autochtones.
Le son des tambours pouvait être entendu lors de la marche, et on pouvait lire «Every child matters» (chaque enfant compte) sur des pancartes brandies au-dessus de la foule.
Des centaines de personnes se sont réunies en début d'après-midi au pied du Mont-Royal, et ont ensuite marché jusqu'à la place du Canada, au centre-ville de la métropole.
Avant de se diriger dans la rue, des rescapés des pensionnats autochtones ont pris la parole devant la foule, tout comme la militante et artiste Ellen Gabriel. La chanteuse inuk Beatrice Deer a également offert une prestation en hommage aux enfants qui ont perdu la vie dans les pensionnats, et aux personnes qui y ont survécu.
«Nous refusons de rester brisés, nous refusons de rester silencieux», a-t-elle clamé, avant d'interpréter une chanson en inuktitut.
«J'espère que le grand public comprendra que nous sommes ici pour parler d'une période horrible de l'histoire du Canada (...) de la façon dont le Canada a traité les personnes autochtones. C'est une période sombre que nous avons traversée, et si nous n'apprenons pas notre passé, nous allons le répéter», a affirmé Ann Deer, membre du conseil d'administration de Résilience Montréal, qui a organisé la marche avec le Foyer pour femmes autochtones de Montréal.
«Nous voulons que cette journée soit celle de l'émancipation, nous voulons que cette journée soit celle de l'inspiration pour changer les choses. C'est ce que j'essaie de faire, et si je peux le faire, vous pouvez tous le faire», a pour sa part soutenu Na'kuset, directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal.
Elle déplore que le gouvernement de François Legault ne reconnaisse pas le racisme systémique, alors que les conséquences des pensionnats autochtones se font encore sentir aujourd'hui.
«Il y a beaucoup de souffrance et de traumatisme qui ont été infligés, et nous vivons avec cela chaque jour, et cela ne change pas parce que le gouvernement ne change pas non plus», a déclaré Na'kuset, disant que la Journée de la vérité et de la réconciliation ne doit pas être qu'une seule journée. Elle a aussi fait valoir que l'histoire des pensionnats et des peuples autochtones n'est pas suffisamment présente dans les manuels d'histoire.
«Il y a beaucoup d'événements tristes en lien avec les Autochtones, surtout la découverte de tombes anonymes (près) des pensionnats (…) tout le monde devrait connaître ça, a soutenu Yvette Mollen, une participante à la marche. Il y a beaucoup de personnes qui sont venues, mais il y en a beaucoup d'autres qui ne sont pas là.»
Elle a aussi souligné que la marche de samedi faisait partie d'un processus de guérison pour certaines personnes.
«Pour beaucoup de gens, c'est de se soigner, je dirais. De se dire : oui, on est là, puis on va être là et on va rester là encore pour très longtemps», a-t-elle expliqué.
Nadia Bashalani a participé à la marche avec son jeune garçon, qui était assis calmement dans sa poussette.
«Je veux avoir une reconnaissance pour l'histoire qu'on a (…) et ce qui se passe présentement ici, au Canada», a-t-elle déclaré.
«Je veux que mon fils le sache aussi, et que de plus en plus de personnes reconnaissent ce qui est arrivé, et ce qui se passe encore. Moi je ne suis pas autochtone, je suis fille d'immigrants. Donc, je pense que c'est important que ça continue l'histoire», a-t-elle ajouté.
Plusieurs politiciens ont réagi à la Journée de la vérité et de la réconciliation, samedi. Le premier ministre du Québec, François Legault, a écrit dans une publication sur X, anciennement Twitter: «En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, souvenons-nous de leurs histoires. On a tous un devoir de mieux se connaître, de mieux se comprendre».
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a invité les citoyens à «écouter nos concitoyens autochtones et à réfléchir à leur apport historique» à l'occasion de cette journée.
«Ensemble, nous avançons sur le chemin de la réconciliation avec cœur et conviction», a-t-elle dit, dans un message publié sur X.
«Regardons-nous dans le blanc des yeux, d'égal à égal, et disons-nous nos quatre vérités. Après ça, on va enfin pouvoir entrer ensemble dans le sentier de la réconciliation. Et il faut pas se conter d'histoires; le chemin va être long. Si on se met tous ensemble au Québec, on va réaliser qu'on est 12 grands peuples forts et fiers de leurs cultures qui pourraient tellement réaliser de grandes choses», a pour sa part écrit la députée de Québec solidaire, Manon Massé, dans une publication sur Facebook.