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Plusieurs centaines de manifestants provenant de toutes les centrales syndicales et grands syndicats ont manifesté pacifiquement.
L'allocution du ministre du Travail Jean Boulet devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a été annulée, vendredi midi, en raison des perturbations causées par un groupe de manifestants contre son projet de loi.
Le ministre devait y parler de son projet de loi 89, fortement contesté par les syndicats, qui limite le droit de grève, en permettant d'imposer l'arbitrage, dans certains cas.
La notion de services essentiels y est aussi redéfinie en «services assurant le bien-être de la population» dont l'interruption affecterait de manière disproportionnée «la sécurité sociale, économique ou environnementale de la population».
Plusieurs centaines de manifestants provenant de toutes les centrales syndicales et grands syndicats du privé et du public avaient d'abord manifesté pacifiquement, à l'extérieur, avant l'allocution du ministre Boulet: FIQ, APTS, CSQ, FTQ, CSN, CSD, FAE, SCFP, SPGQ, Métallos, TUAC, des cols bleus, des travailleurs de la construction.
Le projet de loi «vient complètement changer le rapport de forces, c'est-à-dire que le Tribunal administratif du travail, après un décret du gouvernement, serait chargé de dire "qu'est-ce qu'on maintient ouvert?" Est-ce que c'est un nombre d'heures dans les écoles? Ça vient complètement changer; ça fait que le rapport de forces est complètement diminué. Le gouvernement, c'est sa façon de se venger de ce qui s'est passé lors de la dernière ronde de négociation» dans le secteur public, a tonné en entrevue sur place Éric Gingras, président de la CSQ.
Le milieu de l'éducation serait touché, tout comme les services de garde, les chauffeurs d'autobus d'écoliers, le transport en commun, par exemple.
«Ça touche tout le monde dans le secteur privé aussi», a souligné en entrevue la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Elle explique qu'après quelques mois de grève ou lock-out dans une entreprise privée, le ministre du Travail pourrait dire: «je vous envoie un arbitre qui va décider de vos conditions de travail. Et ça, c'est ce qui met les gens en colère, parce que ça vient non seulement brimer notre droit à la grève, mais notre droit à la négociation de la convention collective».
Les organisations syndicales envisagent de contester cette loi, si elle est adoptée telle quelle, devant le tribunal.
La situation s'est toutefois gâtée quelques minutes avant l'heure prévue de l'allocution du ministre, alors qu'une quinzaine de manifestants, sifflet à la bouche, ont pénétré à l'intérieur de l'hôtel, à l'étage où le ministre devait prendre la parole, en faisant tous ensemble un bruit tonitruant.
Plus tard, une personne a déclenché l'alarme d'incendie sur l'étage.
Devant le brouhaha et le retard déjà pris, le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a annoncé qu'il était dans l'obligation d'annuler le tout, vu le contexte tendu.
«Le ministre vient de quitter, sur recommandation de la Sûreté du Québec, qui s'inquiétait», a-t-il dit aux convives sur place.
«La SQ nous a demandé de ne pas sortir à l'instant» et d'attendre que ça se calme, a-t-il ajouté.
«C'est la première fois en 16 ans que ça se produit», a-t-il lancé, en s'excusant auprès de l'auditoire.
La situation a continué de s'échauffer à l'extérieur de l'hôtel. Alors que la grande majorité des manifestants pacifiques se tenaient loin de l'hôtel, au milieu de la rue, un groupe s'est détaché, s'est approché des portes vitrées de l'hôtel et a commencé à donner des coups dans les vitres. Une vitre a été cassée par un objet lancé.
Les policiers du Service de police de la Ville de Montréal ont fait venir le Groupe tactique d'intervention, qui a repoussé les manifestants, avec leur bouclier, à plusieurs mètres de l'hôtel. Ces manifestants sont restés sur place encore quelques minutes, mais tenus à distance de l'hôtel, avant de quitter.
Dans une réaction sur le réseau social X, le ministre Boulet a écrit que «ce comportement des syndicalistes aujourd'hui était inadmissible. L'intimidation et la violence n'ont pas leur place dans une société démocratique. Je m'attends à ce que les dirigeants syndicaux concernés condamnent ces gestes totalement inappropriés.»