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Selon l'entente, les mesures mises en place pourraient permettre «d'atteindre un pourcentage de 65 % d'habitat non perturbé» dans chacune des aires de répartition du caribou.
Québec et Ottawa ont conclu une entente de principe pour protéger le caribou.
Cet accord survient alors que la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards vient de déposer son rapport auprès du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.
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Selon l’entente, les mesures mises en place pourraient permettre «d’atteindre un pourcentage de 65 % d’habitat non perturbé» dans chacune des aires de répartition du caribou.
«Il y a un seuil de protection de l'habitat du caribou qui doit être de 65 %, mais présentement au Québec, on est autour de 30 à 35 %», a indiqué le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, en entrevue avec La Presse Canadienne.
«Je suis très heureux que nous ayons pu nous entendre avec le gouvernement du Québec. Depuis le début, j'ai toujours dit que ma préférence était d'arriver à une entente plutôt que d’adopter un décret fédéral», a ajouté le ministre.
Au printemps, le ministre Guilbault avait lancé un ultimatum à Québec pour que la province mette en place des mesures pour protéger l’habitat de l’espèce dont les populations sont en déclin.
«Les habitats fauniques légaux, les refuges biologiques, les protections administratives et le démantèlement de chemins forestiers» sont les principales mesures qui permettront de protéger l'espèce, selon le communiqué publié par les deux gouvernements.
L’exploitation forestière est la principale cause de cette précarité, en raison notamment des chemins forestiers qui favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou comme l’ours et le loup.
Selon le ministre Guilbault, l'entente prévoit résoudre cette situation, sans toutefois nuire à l'industrie, en «permettant de fermer les chemins forestiers qui ne sont plus en utilisation par l'industrie».
Il a toutefois ajouté «qu'il faudra voir évidemment dans le détail comment on fait ça».
Au Québec, une loi oblige les entreprises qui exploitent la forêt à maintenir et entretenir les chemins qui sont aménagés pour couper le bois.
«Dans bien des cas, si vous parlez à des représentants de l'industrie forestière, c'est une loi que certains considèrent un peu archaïque», a souligné Steven Guilbault.
Selon l'entente de principe, la province investira 12 millions $ et le gouvernement du Canada contribuera à hauteur de 6,1 millions $ pour permettre la mise en œuvre de ces mesures.
«Une fois que l'entente se précise, ces montants-là seront appelés à être bonifiés», a tenu à préciser le ministre de l'Environnement.
« Les avancées significatives dans les discussions montrent une volonté commune d'assurer le maintien, la protection et le rétablissement du caribou», a indiqué Pierre Dufour, le ministre provincial des Forêts, de la Faune et des Parcs.
La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) n'est pas rassurée par l'annonce d'une entente de principe et déplore «l’absence d’action concrète» pour le rétablissement de l'espèce.
«On peut saluer la volonté des deux gouvernements de travailler ensemble pour trouver des solutions à un enjeu de conservation complexe. Toutefois, il n’y a aucune avancée concrète dans ce qui est annoncé aujourd’hui», a déploré Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec.
Depuis plusieurs années, la SNAP Québec réclame la protection de plus de forêts et d’écosystème dans le sud du Québec pour permettre la protection du caribou, notamment dans le secteur du lac Pipmuacan, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le conseil des Innus de Pessamit a d'ailleurs envoyé récemment des mises en demeure à Ottawa et Québec afin d'inscrire immédiatement le projet d'aires protégées dans le secteur du lac Pipmuacan pour empêcher notamment l'industrie forestière de décimer le cheptel de caribou de la région.
En novembre 2020, le Conseil des Innus de Pessamit a présenté au gouvernement le projet d’aire protégée Pipmuakan sur un territoire de 2761 km carrés, à environ 150 km au nord-est de la ville de Saguenay.
Ce projet vise à protéger «les derniers massifs de forêts intacts dans le secteur afin d’y préserver la culture et le patrimoine innus, ainsi que l’habitat du caribou forestier».
Mais ce territoire ne faisait pas partie des 10 nouvelles aires protégées annoncées en février dernier par le gouvernement du Québec.
En entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre Guilbault s'est voulu rassurant en mentionnant que «les gouvernements du Québec et du Canada vont travailler avec les peuples autochtones. C'était une condition sine qua non pour toute entente avec le gouvernement du Québec.»
Au printemps, le gouvernement provincial avait mis en place une commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards.
Celle-ci a procédé à une série d’audiences publiques qui s'est tenue dans sept villes et six régions du Québec.
Lundi matin, la commission a soumis au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) «35 recommandations s'appuyant sur les informations et suggestions reçues par les parties prenantes rencontrées».
La présidente de la commission, Nancy Gélinas, a indiqué qu'elle espère que son rapport «permettra d'aiguiller le MFFP vers l'élaboration de sa stratégie de protection du caribou», en ajoutant que la province «doit rapidement passer en mode solutions pour préserver cette espèce emblématique et assurer un développement économique viable pour le Québec et ses régions».