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Près de 9 personnes sur 10 estiment que le gouvernement provincial devrait en faire plus pour soutenir les familles en situation de vulnérabilité, selon un sondage mené en août dernier auprès de plus de 2500 Québécois.
Près de 9 personnes sur 10 estiment que le gouvernement provincial devrait en faire plus pour soutenir les familles en situation de vulnérabilité, selon un sondage mené en août dernier auprès de plus de 2500 Québécois.
Le nouveau sondage de l’Observatoire des tout-petits (OTP) – un projet qui vise à éclairer la prise de décision en matière de petite enfance – révèle qu’une majorité de répondants (87 %) considèrent que le gouvernement devrait investir davantage dans le développement des enfants de 0 à 5 ans.
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Trois priorités d’investissement ressortent d’ailleurs de l’enquête menée par Léger, soit l’accès à des logements abordables pour les familles, la prévention de la maltraitance et l’amélioration de l’accès aux spécialistes de la santé et des services sociaux.
Selon Fannie Dagenais, directrice de l’OTP, les résultats témoignent du fait que les tout-petits sont une «priorité» pour les Québécois, soulignant qu’il est «particulièrement important» de soutenir les familles en situation de vulnérabilité.
«On parle ici de familles dont le revenu est inférieur à 40 000 $ par année. Les familles qui étaient moins nanties sont celles qui ont été frappées le plus durement, et la plupart ne sont pas encore remises des conséquences socioéconomiques de la pandémie», précise-t-elle.
La directrice ajoute qu’en plus des foyers à faible revenu, les familles qui comptent des enfants à besoins particuliers ou en situation de handicap sont aussi plus susceptibles de se retrouver en situation de précarité.
Fannie Dagenais estime que les problématiques de logement peuvent entraîner des répercussions majeures sur les jeunes enfants, les cinq premières années de vie étant une «période clé» dans leur développement.
«À cet âge, ils sont comme des éponges ; ils sont sensibles à tout ce qui se passe autour d’eux et très dépendants en termes d’affection, d’attention et de nourriture», explique-t-elle.
Un logement inadéquat est ainsi associé à un plus grand risque de retard sur le plan du développement physique, émotif, cognitif, langagier et social chez le tout-petit. De même, un enfant qui réside dans un logement inabordable a tendance à avoir un poids sous la moyenne, ses parents devant plus souvent couper dans des besoins de base comme l’alimentation.
Ces enjeux de logement sont également liés à un risque plus élevé de maltraitance, notamment en raison du «stress majeur» qu’ils génèrent chez les parents.
«En agissant en amont de la problématique, par exemple en les soutenant avec une aide financière, un logement abordable ou des services éducatifs à la petite enfance, on diminue la pression et on réduit le risque de maltraitance au sein des familles», soutient Mme Dagenais.
La directrice affirme également que le Québec a «tout intérêt à agir le plus tôt possible», puisque la plupart des interventions «rentables» chez les tout-petits se font avant l’âge de 3 ans.
En plus de favoriser le développement des tout-petits, ces investissements gouvernementaux auraient des retombées économiques majeures sur l’ensemble de la société. Selon Pierre Fortin, professeur de sciences économiques à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, le fait d’instaurer des services de garde de qualité aurait fortement contribué à l’avènement des femmes sur le marché du travail.
«Le plus gros impact économique, c’était la conciliation travail-famille. Les mères qui arrivaient au bout de leur congé parental avaient alors accès à des services de garde abordables et pouvaient retourner au travail dès la fin de leur congé», explique M. Fortin.
Ce changement s’est amorcé en 1997 avec l’instauration de la politique familiale de Pauline Marois, à l’époque ministre de l’Éducation et de la Famille, qui assurait des congés parentaux plus généreux, des allocations familiales plus équitables et la création d’un réseau des Centres de la petite enfance (CPE). Aujourd’hui, la proportion des femmes de 20-44 ans au Québec qui sont sur le marché du travail est de 88%, soutient l’économiste, ce qui représente «le plus haut taux d’activité mondialement», à parité avec la Suède.
Les investissements du gouvernement dans des services sociaux de qualité sont donc primordiaux pour assurer le bien-être des enfants et de leurs parents, en particulier sur le long terme.
«Sur le plan financier, l’investissement dans l’éducation à la petite enfance en bas âge a le taux de rendement le plus rentable de tous. […] Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas mettre d’argent dans le primaire et le secondaire, mais investir dans le service de garde accessible et abordable, c’est beaucoup plus rentable», conclut M. Fortin.