Début du contenu principal.
Les aînés ayant participé à l’étude ont livré des témoignages bouleversants.
Le quotidien de certaines personnes vivant en résidences privées pour aînés (RPA) à Longueuil est troublant alors qu’une récente étude met en lumière plusieurs cas de maltraitance.
Les aînés ayant participé à l’étude de la chercheuse Mélanie Couture, titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées de l’Université de Sherbrooke, — 13 femmes et 4 hommes âgés en moyenne de 80 ans – ont livré des témoignages bouleversants de gestes de maltraitance perpétrés par des propriétaires, des gestionnaires et des employés des RPA.
Il est question de soins omis ou inadéquats, d’engagements non respectés, de non-reconnaissance des besoins des résidents et de représailles lorsque les aînés osent se plaindre.
«C'était souvent des cas de négligence. On n'écoute pas les personnes aînées. On ne leur donne pas les soins adéquats et les services», précise Mme Couture en entrevue avec Noovo Info.
Des participants ont affirmé, entre autres, qu’on leur avait fourni les mauvais médicaments, qu’ils avaient reçu de la nourriture non conforme à leurs restrictions alimentaires, qu’ils avaient ressenti de la douleur excessive lors de soins, qu’ils devaient payer pour des services non fournis ou non désirés ou encore qu’ils étaient tout simplement ignorer par les employés à qui on avait demandé de ne plus leur adresser la parole.
L’étude de Mme Couture met d’ailleurs en lumière que la maltraitance envers les aînés dans les RPA de Longueuil «est surtout perpétrée par les gestionnaires, de façon systémique et sans impunité».
Autres manifestations de maltraitance en RPA :
«C'est scandaleux et choquant», a déploré Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ. «Personne ne devrait vivre avec des conditions semblables.»
À VOIR | Protéger les aînés des évictions: d'anciennes députées unissent leurs voix
«Il est crucial de comprendre les dynamiques complexes qui sous-tendent ces situations et d’agir en conséquence pour garantir un environnement sûr et respectueux pour nos aînés, qui méritent tout notre respect et notre protection», explique Mélanie Couture dans son exposé politique Maltraitance en résidence privée pour aînés dans l’Agglomération de Longueuil : Témoignages de résidents et de personnes proches aidantes.
La question de la maltraitance des aînés ne date pas d’hier.
Diverses études menées entre 2011 et 2013 – notamment par l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées du Québec et par le Protecteur du citoyen –, ont démontré qu’un grand nombre de baux de résidences privés pour aînés contenaient une ou plusieurs clauses illégales et/ou non conformes.
Selon l’Enquête de 2019 sur la maltraitance envers les personnes aînées au Québec de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), «les résidents en RPA sont plus nombreux à vivre de la maltraitance matérielle et financière que les personnes de 65 ans et plus vivant en maison unifamiliale, intergénérationnelle ou condo.»
À VOIR | Un fils vole plus de 100 000 $ à son père atteint d'Alzheimer
Plus récemment, dans son rapport annuel d’activité 2021-2022, le Protecteur du citoyen indiquait : «Certaines RPA refusent de suivre les normes applicables à leur mission malgré les rappels des CISSS ou CIUSSS responsables de leur certification. De leur côté, des CISSS et des CIUSSS hésitent à sanctionner des résidences fautives, principalement par manque de ressources et par volonté de maintenir celles qui existent.»
Déjà en 2017, des acteurs du milieu communautaire se sont regroupés afin de créer le Comité droits des ainés en résidences privées de l’agglomération de Longueuil. En 2018, ce comité a mis en place un projet de recherche visant à décrire les situations de maltraitance.
En conclusion de son étude sur la maltraitance des aînés dans les RPA de Longueuil, Mélanie Couture estime que les résidents de RPA doivent est davantage sensibilisé concernant les obligations légales des RPA, «y compris la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité.»
Elle estime également que les aînés doivent obtenir un maximum d’information sur les structures de soutien disponibles, notamment les Centres d’assistance et d’accompagnement aux plaintes.
Pour les résidences privées pour aînés (RPA), Mélanie Couture suggère la création et le soutien de comités de milieux de vie indépendants «qui joueraient un rôle dans l’identification des besoins des résidents et le suivi des situations potentielles de maltraitance».
Mme Couture estime finalement que les sanctions prévues à la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les ainés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité doivent être appliquées.