Début du contenu principal.
Des chercheurs ont réussi à reproduire chez des souris en santé des symptômes cognitifs de la maladie d'Alzheimer en leur greffant le microbiote intestinal de patients humains atteints de la maladie.
Des chercheurs ont réussi à reproduire chez des souris en santé des symptômes cognitifs de la maladie d'Alzheimer en leur greffant le microbiote intestinal de patients humains atteints de la maladie.
Ces résultats, écrivent les chercheurs, «révèlent que les symptômes de la maladie d'Alzheimer peuvent être transférés à un jeune organisme sain par l'intermédiaire du microbiote intestinal, ce qui confirme le rôle causal du microbiote intestinal dans la maladie d'Alzheimer».
«La maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative complexe et multifactorielle», a rappelé le docteur Charles Ramassamy, le titulaire de la Chaire Louise & André Charron sur la maladie d’Alzheimer à l'Institut national de la recherche scientifique.
En revanche, a-t-il ajouté, on ne sait pas si ces altérations sont à l'origine de la maladie, ou si elles découlent plutôt de l'âge habituellement avancé du patient ou de traitements (comme la prise d'antibiotiques) qu'il a pu recevoir et qui peuvent modifier la composition du microbiote intestinal.
Dans la nouvelle étude, la greffe aux souris du microbiote de patients atteints de la maladie d'Alzheimer a provoqué chez elles des troubles de la mémoire, notamment des problèmes de mémoire spatiale à long terme et la difficulté à se souvenir d'événements, de gens ou d'objets précédemment rencontrés.
Ces troubles de la mémoire dépendent du développement de nouveaux neurones dans le cerveau. Les chercheurs ont constaté, chez les souris greffées, une réduction du nombre de cellules souches neuronales et de la durée de survie de celles-ci, «ce qui vient appuyer nos observations comportementales», écrivent-ils. Les cellules souches neuronales créées semblaient aussi avoir des problèmes de connexions.
Les auteurs de l'étude, a dit le docteur Ramassamy, «ont observé avec intérêt qu'il y a des altérations au niveau de l'épithélium intestinal des rats qui reçoivent la transplantation».
«Et de façon plus intéressante encore, il y a une altération de l'activité de l'hippocampe, qui est une région dans le cerveau qui est très importante, qui est impliquée dans l'apprentissage et dans la mémoire, et qui est altérée dans la maladie d'Alzheimer», a-t-il précisé.
Tout cela, poursuit-il, «montre vraiment que le microbiote des patients est à l'origine de ces problèmes au niveau du cerveau (et) de l'hippocampe».
Les chercheurs soulèvent maintenant l'hypothèse qu'il puisse être possible d'obtenir des «gains thérapeutiques» en agissant sur le microbiote intestinal pour influencer la création de neurones sains.
Il pourrait effectivement être possible de retarder l'apparition de la maladie chez des gens chez qui des signes avant-coureurs seraient détectés «en jouant sur des populations de bactéries spécifiques qui pourraient être bénéfiques ou non», a dit le docteur Ramassamy.
«Ça démontre une fois de plus la double communication qui existe entre le cerveau et l'intestin, a-t-il ajouté. C'est une nouvelle indication qui va dans le sens du rôle du microbiote intestinal sur le cerveau.»
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Brain.