Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

International

Les manifestations s'intensifient en soutien au maire d'Istanbul détenu

Beaucoup considèrent cette arrestation comme une tentative politique visant à écarter une figure populaire de l'opposition.

Un manifestant scande un slogan lors d'une manifestation contre l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, devant le tribunal de Caglayan, à Istanbul, en Turquie, le samedi 22 mars 2025.
Un manifestant scande un slogan lors d'une manifestation contre l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, devant le tribunal de Caglayan, à Istanbul, en Turquie, le samedi 22 mars 2025.

Source

Associated Press
Associated Press

Des centaines de sympathisants se sont rassemblés samedi devant un tribunal d'Istanbul, où le maire de la ville, Ekrem Imamoglu, a été de nouveau interrogé à la suite d'allégations de corruption et de liens avec le terrorisme. 

Son arrestation cette semaine a intensifié les tensions politiques et déclenché de vastes manifestations à travers la Turquie, des manifestants se rassemblant dans plusieurs villes pour exprimer leur opposition.

La police a interrogé M. Imamoglu pendant environ cinq heures samedi dans le cadre d'une enquête sur des allégations d'aide au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui est interdit, a rapporté le journal Cumhuriyet. La veille, il avait été interrogé pendant quatre heures sur les accusations de corruption. Le maire a rejeté toutes les accusations lors des deux interrogatoires.

Il a ensuite été transféré au tribunal pour être interrogé par le parquet, avec quelque 90 autres personnes également détenues avec lui.

Les autorités ont bloqué l'accès au tribunal en érigeant des barricades sur les routes locales et en fermant les stations de métro à proximité. Des centaines de policiers et plus d'une dizaine de camions-citernes équipés de canons à eau ont été déployés. Malgré cela, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le bâtiment aux cris de «Droits, loi, justice !»

Des foules ont également commencé à se rassembler devant l'hôtel de ville pour la quatrième nuit en signe de soutien au maire.

Le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé sur les réseaux sociaux que 343 suspects avaient été arrêtés lors de manifestations dans les grandes villes vendredi soir. Parmi les villes citées figuraient Istanbul, Ankara, Izmir, Adana, Antalya, Çanakkale, Eskisehir, Konya et Edirne.

«Il n'y aura aucune tolérance pour ceux qui cherchent à troubler l'ordre social, à menacer la paix et la sécurité de la population, et à semer le chaos et la provocation», a-t-il ajouté. 

Ekrem Imamoglu, figure populaire de l'opposition et considéré comme l'un des principaux adversaires du président Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté mercredi à la suite d'une perquisition à son domicile, après des allégations de délits financiers et de liens avec des militants kurdes. Des dizaines d'autres personnalités, dont deux maires de district, ont aussi été interpellées.

Beaucoup considèrent cette arrestation comme une tentative politique visant à écarter une figure populaire de l'opposition et principal adversaire de M. Erdogan lors de la prochaine élection présidentielle, prévue pour 2028. Les responsables gouvernementaux rejettent les accusations selon lesquelles les poursuites judiciaires contre les figures de l'opposition seraient motivées par des considérations politiques et insistent sur l'indépendance des tribunaux turcs.

Son arrestation a déclenché des manifestations qui n'ont cessé de gagner en intensité.

La police d'Istanbul a utilisé vendredi du gaz poivré, des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour repousser des centaines de manifestants qui tentaient de franchir une barricade devant l'aqueduc historique de la ville, tout en lançant des fusées éclairantes, des pierres et d'autres objets sur les agents. La police a également dispersé des groupes qui s'étaient rassemblés devant l'hôtel de ville pour la troisième nuit consécutive, après que le chef du Parti républicain du peuple, Özgur Özel, eut prononcé un discours de soutien au maire.

Simultanément, la police a dispersé des manifestations dans la capitale Ankara, ainsi que dans la ville côtière d'Izmir, en recourant parfois à la force, selon des images télévisées. Des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs autres villes pour réclamer la démission du gouvernement.

Plus tôt, M. Erdogan avait déclaré que le gouvernement ne tolérerait pas les manifestations de rue et avait accusé le parti d'opposition de liens avec la corruption et des organisations terroristes.

Le bureau du gouverneur d'Istanbul a annoncé la prolongation de l'interdiction de manifester jusqu'au 26 mars et a imposé des restrictions à l'entrée et à la sortie des véhicules transportant des personnes «susceptibles de participer à des activités illégales».

Primaires présidentielles imminentes

L'arrestation de M. Imamoglu est intervenue quelques jours seulement avant sa nomination comme candidat du Parti républicain du peuple à la présidentielle, lors des primaires de dimanche. Les primaires, où environ 1,5 million de délégués peuvent voter, se dérouleront comme prévu, a soutenu M. Özel.

Le parti d'opposition a également appelé les citoyens à participer à une élection symbolique dimanche, grâce à des urnes improvisées installées dans toute la Turquie, en signe de solidarité avec M. Imamoglu.

Dans un message publié sur X peu avant son arrivée au tribunal, M. Imamoglu a exhorté la population à protéger les urnes pour les primaires de dimanche : «N'oubliez pas : ils ont très peur de vous et de votre droit démocratique de vote.»

Dans un message précédent, le maire avait qualifié son arrestation de «coup d'État» et accusé le gouvernement d'exploiter le système judiciaire et d'aggraver la situation économique difficile du pays.

Source

Associated Press
Associated Press