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«Il ne faut pas mélanger un projet immobilier et un projet industriel.»
Le premier ministre François Legault a exhibé une banane, une orange et une pomme mercredi pour justifier une analyse scientifique plus complaisante du projet d'usine à batteries Northvolt, en Montérégie.
Il a ainsi réagi à un reportage de Radio-Canada qui révélait que des justifications scientifiques avaient disparu dans l'analyse de ce projet controversé par le ministère de l'Environnement.
L'opposition officielle libérale estime pour sa part que ces altérations ont toutes les apparences d'une «commande politique» et évoque même une «falsification de documents».
Le Parti québécois demande pour sa part à la vérificatrice générale de scruter l'affaire, tandis que Québec solidaire (QS) veut entendre le grand patron de Northvolt.
Le reportage de Radio-Canada révèle que les références scientifiques utilisées quelques mois plus tôt dans une analyse pour refuser un projet immobilier sur le même lieu ont disparu dans l'analyse qui a approuvé le projet Northvolt.
Ce sont deux projets totalement différents qu'on ne peut comparer, plaide le gouvernement.
En route vers la séance du conseil des ministres mercredi midi, M. Legault s'est adressé à la presse parlementaire avec, dans ses mains, une orange, une pomme et une banane, pour illustrer son propos.
Voyez le compte-rendu de Simon Bourassa dans la vidéo liée à l'article.
«Il ne faut pas mélanger dans le dossier Northvolt un projet immobilier avec un projet industriel», a-t-il déclaré.
«C'est un même terrain, oui, qui est excessivement vaste, mais on parle de deux projets différents avec deux lieux d'implantation différents», a précisé le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, à la période de questions.
Le premier projet résidentiel prévoyait une destruction massive des habitats d'intérêt, le deuxième les préserve, notamment de façon financière, à hauteur de 5 millions $, et également en protégeant plusieurs dizaines d'hectares, a-t-il ajouté.
Il a évoqué l'exemple du petit blongios, un oiseau désigné vulnérable, mais dont l'habitat, des terres humides, aurait été détruit à 66 % par le projet immobilier, alors que dans le cas de Northvolt, il n'y aura pas de destruction de son habitat.
«Ça commence à sentir mauvais, cette affaire», a lancé le député libéral Monsef Derraji.
Il y voit deux rapports, un où il y avait les arguments scientifiques que le gouvernement a utilisés pour dire non au promoteur immobilier, et l'autre après, écrit par la même personne, où on on enlève les arguments scientifiques pour dire oui à Northvolt.
«Qui a ordonné le changement de ces documents, qui a commandé le changement? a-t-il demandé. Ça frôle la falsification des documents.»
«Ça a toutes les apparences d'une décision politique, d'une pression politique qui aurait été faite sur le ministère de l'Environnement, a renchéri le chef libéral, Marc Tanguay, en point de presse. Pour nous, ça a toutes les apparences d'une commande politique.»
Le Parti québécois (PQ) demande à la vérificatrice générale, par l'entremise du commissaire au développement durable qui y est associé, d'examiner ce cas de rapports différenciés.
Le PQ veut «savoir si, véritablement, la Loi sur le développement durable est appliquée, si les principes de développement durable ont été tenus en ligne de compte, notamment un principe fort, celui de la protection de l'environnement et de la biodiversité», a justifié le député Joël Arseneau.
Québec solidaire (QS) a pour sa part demandé la comparution à l'Assemblée nationale du grand patron de Northvolt, Paolo Cerruti, au nom de la transparence. M. Legault a esquivé la requête, mais a invité son adversaire Gabriel Nadeau-Dubois à aller prendre un café avec M. Cerruti.
«Je n'ai jamais rencontré un homme d'affaires pour qui c'est si important, l'environnement, la transition énergétique, a dit M. Legault. Il a fait des choses extraordinaires en Allemagne. Il a vécu à Stockholm. En Suède, il est apprécié, parce qu'il respecte l'environnement.»
En mêlée de presse, le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, a dit qu'il n'était pas familier avec les différences entre les deux analyses du ministère de l'Environnement.
Le site en question était à l'origine contaminé, a-t-il rappelé, en ajoutant que «ce n'était pas le jardin d'Eden où Adam et Ève ont croqué la pomme».