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Le sénateur Woo a établi ce lien entre les torts historiques contre les immigrants chinois et les efforts visant à créer un registre de transparence des influences étrangères au Canada.
Le sénateur Yuen Pau Woo se demande si le «registre des agents d’influence étrangers» proposé à Ottawa ne pourrait pas devenir «une forme moderne d’exclusion chinoise» — et il souligne que la réaction de colère suscitée par cette suggestion prouve son point de vue sur le profilage racial et la stigmatisation.
Mais certains militants qui ont participé à des campagnes pour réparer les torts de la «taxe d'entrée» du Canada sur les immigrants chinois et de la loi sur l'immigration chinoise de 1923 – également connue sous le nom de loi d'exclusion des Chinois – contestent fortement cette comparaison historique.
«Je ne vois pas comment il peut terminer sa déclaration avec un visage impassible», a déclaré Bill Chu, un militant de Vancouver qui a fait campagne pour obtenir réparation après la taxe d'entrée.
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Dans un micromessage publié vendredi, le sénateur Woo a établi ce lien entre les torts historiques contre les immigrants chinois et les efforts visant à créer un registre de transparence des influences étrangères au Canada.
«Il y a 100 ans, dans le cadre de la loi sur l'exclusion des Chinois, le Canada a forcé tous les Chinois du pays à s'enregistrer ou à faire face à l'expulsion, écrivait M. Woo. Comment pouvons-nous empêcher que ce registre ne devienne une forme moderne d'exclusion des Chinois?»
He continues: “As we strengthen the gates against election interference, it is important that we avoid policies, rationales & public statements that cast widespread aspersions on the loyalties of Chinese-Canadians . . . or spread a chill over political discourse”. https://t.co/RAS7t32WSm
— Yuen Pau Woo (@yuenpauwoo) March 12, 2023
Il estimait que de telles initiatives n'étaient pas appropriées et qu'il était «temps de s'exprimer».
M. Woo souligne que le projet de loi d'initiative parlementaire visant à établir un «registre des agents d’influence étrangers», S-237, obligerait «toute personne physique, autre qu’un agent diplomatique ou consulaire ou un représentant à un autre titre au Canada d’un gouvernement étranger, qui s’engage au nom d’un commettant étranger», à s'enregistrer afin de contacter le titulaire d'une charge publique.
David Wong est un architecte de Vancouver et un militant dont le grand-père et l'arrière-grand-père ont été séparés en raison de la loi qui a interdit l'immigration chinoise jusqu'en 1947. Il trouve «odieuses» les comparaisons de M. Woo.
«Je ne peux tout simplement pas l'accepter de la part d'une personne qui n'a rien fait d'autre que d'utiliser notre ascendance chinoise commune comme moyen de tirer parti de ce type de récits pour tout ce qu'il essaie de faire en ce moment.»
M. Wong se dit préoccupé par des commentaires comme ceux de M. Woo qui donnent des «munitions» au racisme et sapent le travail des Canadiens d'origine chinoise qui militent comme lui contre les torts historiques et le racisme.
Le sénateur Woo a déclaré en entrevue que certaines des réponses qu'il avait reçues en ligne viennent appuyer sa thèse selon laquelle les lois pour lutter contre l'influence étrangère ne devraient pas «punir ou stigmatiser certaines communautés, étouffer le débat politique légitime et alimenter l'esprit de clocher».
«Voyez combien de mes abonnés (sur Twitter) sont arrivés à la conclusion que je devrais être le premier à m'inscrire» au registre d'influence étrangère, dit-il. «Et ils le font non pas sur la base de savoir si je suis en fait soumis à une influence étrangère, mais sur la seule base de mes opinions.»
Bien que M. Woo se soit dit ouvert à l'idée d'un tel registre, il devrait selon lui y avoir une démonstration «substantielle» de l'influence étrangère, et cela ne devrait pas diviser les «Canadiens chinois en ceux qui sont acceptables et ceux qui sont inacceptables».
L'arrière-grand-père d'Andy Yan, professeur à l'Université Simon Fraser, près de Vancouver, avait payé la «taxe d'entrée» qui a été pendant des décennies prélevée sur les immigrants chinois.
M. Yan, qui était également actif dans les campagnes de mesures réparatoires, considère les remarques de M. Woo comme le reflet d'une stratégie politique consistant à utiliser l'origine ethnique pour détourner l'attention de problèmes plus sérieux.
Le chercheur en urbanisme estime que les récents débats sur la taxe sur les maisons inhabitées à Vancouver et les interdictions des acheteurs étrangers ont suscité des réactions semblables. «Ça contribue à créer une panique raciale tout en ne reconnaissant pas la réalité multiculturelle et multiethnique du Canada», a déclaré M. Yan, qui considère tout cela comme «un manque de respect» pour ce que son arrière-grand-père a vécu.
En 2006, le premier ministre de l'époque, Stephen Harper, a officiellement présenté ses excuses aux Canadiens d'origine chinoise pour la taxe d'entrée et a offert une indemnité de 20 000 $ à environ 400 survivants ou à leur conjoint survivant.
Les allégations selon lesquelles la Chine s'est mêlée des récentes élections fédérales ont dominé le débat politique depuis des semaines, après une série de reportages du quotidien Globe and Mail et du réseau Global.
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Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré vendredi que l'un des objectifs de la consultation sur un registre d'agents étrangers est «d'engager largement tous les Canadiens dans une conversation sur la façon de protéger nos institutions contre l'ingérence étrangère d'une manière inclusive qui respecte la diversité de notre population et, bien sûr, la Charte canadienne des droits et libertés».
M. Mendicino avait indiqué à la fin de l'année dernière que son gouvernement souhaitait entendre des experts et le grand public -- y compris des membres de communautés touchées, au sujet de la création d'un tel registre.
La ministre du Commerce international, Mary Ng, a déclaré que les législateurs devaient s'assurer que le registre «ne créera pas injustement ou involontairement un nuage qui plane sur une communauté entière».
Le sénateur Woo rappelle que cela fait partie de son travail de rencontrer des responsables gouvernementaux étrangers, de Chine et d'autres pays, et il craint que l'accent mis actuellement sur l'ingérence étrangère ne nuise à la capacité des responsables canadiens à faire leur travail.
«Je ne devrais pas avoir à ressentir de pression (...) Mais les récentes allégations imprudentes ont fait réfléchir beaucoup d'entre nous sur la question de savoir si ce que nous considérons comme le cours normal des rencontres avec des responsables d'autres pays est inacceptable.»
David Wong admet qu'il pourrait y avoir un risque de «culpabilité par association» à être vu avec des diplomates chinois. «Les gens devront faire plus leurs devoirs avant de se présenter à un événement», a-t-il ajouté.