Début du contenu principal.
C'est le juge Denis Gallant qui a été nommé commissaire.
Le gouvernement caquiste a arrêté son choix sur l'ex-procureur de la commission Charbonneau Denis Gallant pour présider l'enquête publique sur le fiasco SAAQclic.
La nomination de M. Gallant, qui a également occupé le poste de directeur des poursuites criminelles et pénales de la Ville de Montréal et celui de président-directeur général de l'Autorité des marchés publics, ne fait toutefois pas l'unanimité.
Le Parti libéral du Québec (PLQ) et le Parti québécois (PQ) ont tous deux émis des doutes sur son impartialité, dans la mesure où M. Gallant a eu des liens professionnels étroits avec l'actuelle présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
Mme LeBel pourrait être invitée à témoigner à la commission, qui se penchera notamment sur les dépassements de coûts entourant le déploiement raté de SAAQclic.
«On a un certain malaise, on a de sérieux doutes, a réagi en point de presse le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay. Je ne peux pas croire que (le gouvernement) n'aurait pas pu nommer quelqu'un d'autre.»
Pour sa part, Mme LeBel a assuré en mêlée de presse avoir vu M. Gallant peut-être «cinq fois» depuis la commission Charbonneau.
Le premier ministre François Legault et son leader parlementaire, Simon Jolin-Barrette, ont déclaré faire totalement confiance au juge Gallant. Ce dernier devra remettre son rapport au plus tard le 30 septembre 2025.
Le dossier SAAQclic revient à l'avant-scène, après deux semaines de relâche parlementaire.
Le leader parlementaire du PLQ, Monsef Derraji, plaidera mardi après-midi pour la tenue d'une autre enquête concernant un possible deuxième outrage au Parlement.
Une enquête est déjà en cours à la Commission de l'Assemblée nationale visant la vice-première ministre Geneviève Guilbault, qui a omis de présenter un rapport annuel de la SAAQ dans les délais prescrits.
Les libéraux veulent que cette même commission enquête sur les agissements des dirigeants de la SAAQ qui auraient induit les parlementaires en erreur, selon la vérificatrice générale.
Dans son rapport le mois dernier, la VG a trouvé que la SAAQ avait fourni des informations «incomplètes» aux membres de la Commission de l'administration publique (CAP) concernant son virage numérique.
«Il risque d'y avoir (...) deux enquêtes à la Commission de l'Assemblée nationale. C'est du jamais-vu dans l'histoire du Parlement», a souligné M. Derraji en entrevue à La Presse Canadienne.
«On veut faire toute la lumière sur ce fiasco qui nous a déjà coûté 1,1 milliard $», a-t-il ajouté.
Le déploiement raté de SAAQclic a provoqué en 2023 de longues files d'attente devant les succursales et coûté 500 millions $ de plus que prévu, pour un total qui dépassera le 1,1 milliard $ en 2025, a évalué la VG.
Le gouvernement caquiste, qui ne cesse de répéter qu'il a été «trompé», a depuis nommé des personnes qui étaient impliquées dans SAAQclic à d'autres postes importants dans l'appareil gouvernemental.
«Ça ne tient pas la route, lance M. Derraji. Il est où (l'ex-PDG de la SAAQ) Denis Marsolais? Il est PDG de l'Office de la protection des consommateurs. (...) Ceux qui les ont trompés, bien ils les ont nommés ailleurs.»
Le leader parlementaire libéral dit vouloir aller au fond des choses; il mène en parallèle un combat pour que soient décaviardés les procès-verbaux des réunions du conseil d'administration de la SAAQ.
Il accuse le c.a. d'avoir voulu protéger la Coalition avenir Québec en évitant de divulguer les dépassements de coûts du virage numérique, en pleine campagne électorale en 2022.
Mardi après-midi, les leaders de chaque parti livreront leurs plaidoyers concernant la demande d'enquête du PLQ et la présidente de l'Assemblée nationale, Nathalie Roy, devra ensuite juger si celle-ci est recevable.
Si oui, la Commission de l'Assemblée nationale pourrait être convoquée afin de déterminer s'il y a eu outrage au Parlement, dans tel cas M. Derraji dit s'attendre à ce que les «sanctions» pleuvent.
Il s'attend notamment à ce que des gens perdent leurs emplois.
«Québec solidaire va appuyer la demande des libéraux, a déclaré à La Presse Canadienne le député Guillaume Cliche-Rivard. La lumière doit être faite sur cet affront commis envers toute la population québécoise.»
Le PQ s'insurge également contre le fait que «la haute direction de la SAAQ et les responsables du programme SAAQclic ont transmis des informations fausses et trompeuses» à la CAP.
Ils ont laissé «faussement croire que le développement de SAAQclic se déroulait comme prévu, alors qu'à l'interne, les constats étaient tout autre», dénonce le député péquiste Pascal Bérubé.
«Il est outrageux envers l'institution de l'Assemblée nationale (...) et ce geste doit être sanctionné sévèrement pour rétablir et maintenir notre lien de confiance envers les dirigeants de la SAAQ», a-t-il renchéri.
De son côté, la partie gouvernementale a refusé de dévoiler les grandes lignes de l'argumentaire qu'elle entend présenter mardi.
L'«exécution» d'enquêtes par la Commission de l'Assemblée nationale est «rare», a confirmé à La Presse canadienne la conseillère en communication de l'Assemblée, Béatrice Zacharie.
La dernière enquête de ce genre, au sujet de l'ex-député de Groulx Claude Surprenant, remonte à 2018. Avant cela, la commission avait enquêté, en 1987, sur l'ancien député de Portneuf et ministre de l'Agriculture, Michel Pagé.
Rappelons que le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, a dû démissionner de son poste le 27 février dernier, dans la foulée du rapport dévastateur de la VG.