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Société

Le pape François, cible d'une féroce opposition au sein même de l'Église

Messe en latin, fidèles LGBT+, migrants, réformes...

Le pape François apparaît sur la tribune centrale de la basilique Saint-Pierre pour donner la bénédiction à la fin de la messe de Pâques présidée par le cardinal Angelo Comastri sur le 20 avril 2025.
Le pape François apparaît sur la tribune centrale de la basilique Saint-Pierre pour donner la bénédiction à la fin de la messe de Pâques présidée par le cardinal Angelo Comastri sur le 20 avril 2025.

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Agence France-Presse
Agence France-Presse

Messe en latin, fidèles LGBT+, migrants, réformes: en 12 ans de pontificat, le pape François, décédé lundi à l'âge de 88 ans, a fait l'objet de critiques internes d'une virulence inédite.

Voici les principaux points de cristallisation ayant fait vivre un climat de tensions, jusqu'à être qualifié de «guerre civile», au sein de l'Église catholique.

 

Messe en latin 

En 2021, le pape François signe un décret, Traditionis Custodes, limitant drastiquement l'usage de la messe en latin, revenant sur un édit plus souple de 2007 de son prédécesseur Benoît XVI.

Cette décision provoque l'incompréhension et la colère d'une partie du clergé et des catholiques attachés à la messe dite «tridentine», certains accusant le pape de les empêcher de pratiquer leur foi.

Chez les catholiques d'extrême droite, le pape argentin est également attaqué pour ses appels à l'accueil des migrants, là où certains voient un risque de perte d'identité de l'Europe chrétienne.

Cardinaux «traîtres»

Le pape François s'est attiré les foudres de plusieurs cardinaux, censés être ses plus proches collaborateurs mais aussi les plus hauts placés après lui dans la hiérarchie de l'Église. 

En 2017, le pape argentin profite de ses voeux à la Curie pour tacler sans les nommer les «traîtres» qui freinent sa réforme des institutions.

En janvier 2023, à la mort du controversé cardinal australien George Pell, un journaliste italien révèle que celui-ci était l'auteur d'une note anonyme attaquant frontalement Jorge Bergoglio.

À VOIR AUSSI | Le pape François apparaît le dimanche de Pâques pour donner sa bénédiction

Pell, ancien proche conseiller de François, y qualifie le pontificat de «désastre à de nombreux égards» et pointe du doigt les «lourds échecs» de sa diplomatie, fragilisée par la guerre en Ukraine à partir de février 2022.

En janvier 2023, le cardinal conservateur allemand Gerhard Müller, ancien préfet de la puissante congrégation pour la doctrine de la Foi, publie un livre où il lance une violente charge contre la gouvernance de François, dénonçant l'influence d'une «coterie» autour de lui et s'inquiétant de sa «confusion doctrinale».

Et l'été suivant, avant l'ouverture du Synode sur l'avenir de l'Église, cinq cardinaux conservateurs émettent publiquement des «dubia» (doutes) au pape, craignant un dévoiement de la doctrine sur l'homosexualité ou l'ordination des femmes.

Règlement de comptes à la mort de Benoît XVI

Après la mort du pape émérite Benoît XVI le 31 décembre 2022, son secrétaire particulier Mgr Georg Gänswein égratignait le pape argentin, affirmant que ce dernier avait «brisé le coeur» de son prédécesseur en limitant le recours à la messe en latin.

En réponse, François a regretté que la mort de Benoît XVI ait été «instrumentalisée» par «des personnes sans éthique, qui agissent à des fins partisanes».

Evêques exclus

En novembre 2023, le pape démet d'office l'évêque américain Joseph Strickland, une décision rarissime. Ce conservateur, l'un de ses ennemis les plus féroces, lui reprochait notamment son laxisme sur l'avortement et sa complaisance à l'égard des homosexuels et des divorcés. 

En juillet 2024, l'évêque ultraconservateur italien Carlo Maria Vigano, 83 ans, connu pour ses critiques acerbes contre le pontificat, est carrément excommunié pour avoir rejeté l'autorité du chef de l'Eglise catholique.

Cet éminent prélat traditionaliste, ancien ambassadeur du Saint-Siège aux États-Unis, pro-Trump et antivax, avait accusé François d'«hérésie» et de comportement «tyrannique».

LGBT: la bombe Fiducia Supplicans

En décembre 2023, le Vatican publie un document intitulé Fiducia supplicans («La confiance suppliante») ouvrant la voie aux bénédictions de couples de même sexe, provoquant une levée de boucliers dans le monde conservateur, notamment en Afrique et aux États-Unis.

La vague de critiques oblige le Vatican à une «clarification» pour se défendre de tous errements doctrinaux, tout en reconnaissant que son application serait «imprudente» dans certains pays où l'homosexualité est interdite.

«Les épiscopats africains dans leur opposition aux bénédictions pour les couples du même sexe se situent dans une critique de ce qu'ils appellent la décadence morale européenne ou du catholicisme européen. Ils mettent le pape dedans», explique à l'AFP François Mabille, directeur de l'Observatoire géopolitique du religieux.

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Agence France-Presse
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