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C'est ce que révèle le gouvernement Legault, jeudi, dans un document sur la planification de l'immigration au Québec pour la période 2024-2027.
Québec se dit désormais prêt à hausser graduellement les seuils d'immigration pour atteindre 60 000 nouveaux arrivants en 2027.
C’est ce qu'a révélé le gouvernement Legault, jeudi, dans un document sur la planification de l’immigration au Québec pour la période 2024-2027. Cette hausse serait toutefois «concentrée dans la sous-catégorie des travailleurs qualifiés» et ceux-ci devront déjà posséder des acquis minimaux en français, a-t-on précisé.
Il s’agit d’un changement de ton de la part du gouvernement de la CAQ sur la question migratoire. En septembre dernier, le premier ministre Legault avait affirmé devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) qu’il serait «suicidaire» d’accueillir plus de 50 000 immigrants au Québec par année. «Tant qu’on n’aura pas arrêté le déclin du français, je pense que pour la nation québécoise qui veut défendre le français, ce serait un peu suicidaire [d’augmenter les seuils d’immigration]», avait expliqué M. Legault.
«Je me suis rendu compte [...] qu'on peut augmenter seulement les immigrants économiques», a expliqué M. Legault lors d'une conférence de presse jeudi.
:round_pushpin:Le gouvernement du Québec annonce de nouvelles orientations pour favoriser une immigration économique francophone.
— Immigration-Québec (@MIFI_QC) May 25, 2023
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Cette nouvelle orientation sera soumise cet automne à une consultation publique afin de permettre à «l’ensemble des acteurs socioéconomiques et à la population dans son ensemble de se prononcer» sur sa pertinence.
Ainsi, Québec augmenterait à 54 000 le nombre d’immigrants en 2025, 57 000 en 2026 pour finalement s’établir à 60 000 en 2027.
«Les admissions du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), volet "Diplômés du Québec", seraient réalisées en continu et hors plafond», ajoute le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
«À l'avenir - c'est une première dans l'histoire du Québec pour déposer une demande afin de devenir un immigrant économique -, il faudra avoir une maîtrise du français», a également annoncé François Legault, qui affirme avoir «une responsabilité envers l'histoire» en ce qui concerne l'avenir de la langue française au pays.
Plus précisément, Québec exigera que toutes les personnes adultes «souhaitant être sélectionnées dans tous les programmes d'immigration économique» possèdent une connaissance minimale du français oral. Pour ce faire, on devra apporter des modifications réglementaires à cesdits programmes. On veut s'assurer les personnes qui s'établissent puissent «communiquer en français, tant au travail que dans les autres aspects de la vie quotidienne.»
Québec soutient que la cible d’immigration francophone sera maintenue «tout en respectant la capacité de francisation du Québec.»
Voyez le récapitulatif de Simon Bourassa au bulletin Noovo Le Fil 17:
En cas d’augmentation du seuil d’immigration, Québec affirme que la proportion d'immigrants connaissant le français s’établira à au moins 79% lors de leur admission en 2027. Les personnes diplômées par l'entremise du PEQ ne sont pas incluses dans cette statistique.
Un deuxième scénario envisagé comprend quant à lui un statu quo du seuil de 50 000 immigrants annuellement pour les quatre années à venir. Selon cette avenue, les admissions réalisées dans le PEQ volet «Diplômés du Québec» seraient comptabilisées dans les cibles.
«Pour le second scénario de seuil d’immigration proposé, cette même proportion se chiffrera à 77%. En ne considérant que les personnes requérantes principales de l’immigration économique, la proportion visée grimpe à 96%, et ce, pour les deux scénarios», écrit le MIFI dans son document.
Cette proposition sera aussi étudiée lors des mêmes consultations publiques. Les orientations, mentionne la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Chrisitne Fréchette, seront «appelées à évoluer à la suite de la consultation».
Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière d’immigration, a avoué avoir des inquiétudes quant aux immigrants au statut temporaire vivant actuellement sur le territoire québécois.
«Considérant que [le Québec] a 180 000 travailleurs étrangers temporaires et 100 000 étudiants étrangers, [...] avec les deux scénarios présentés, on a environ 30 000 personnes [dans la catégorie économique] qui auront accès à la résidence permanente».
Environ 10% des immigrants temporaires présents au Québec pourraient recevoir un statut de résident permanent, selon M. Cliche-Rivard, qui a réagi au plan de Québec en point de presse jeudi. Il s'est dit «inquiet» qu'environ 90% du bassin puisse rester «dans la précarité du statut temporaire». Il remet aussi en question les «chances» qu'on accorde à ces immigrants de «péréniser» un statut de résident permanent au Québec.
S'il salue la place que prendra le français dans l'accueil futur des immigrants, le député de Saint-Henri–Sainte-Anne déplore le manque de «mesures concrètes» afin de favoriser une «régionalisation de l'immigration».
Même son de cloche chez Pascal Bérubé du Parti québécois (PQ), porte-parole en matière d'immigration, qui affirme ne «rien avoir entendu» sur la régionalisation de l'immigration.
M. Bérubé ajoute qu'«il y a environ 300 000 [immigrants] temporaires sur le territoire du Québec présentement».
«Ils ne se retrouvent pas dans le plan présenté aujourd’hui […] Le gouvernement a bien écouté le lobby des affaires et de la Chambre de commerce. Il n’est pas nationaliste, il est “affairiste”. Pourquoi ne pas nous avoir parlé des immigrants temporaires?» a-t-il conclu.
Le péquiste se demande aussi comment le gouvernement sera en mesure de «calculer» l’inversion du déclin du français au Québec. «Quel organisme ou quel outil nous permettra de dire que c’est fait. Est-ce l’Office québécois de la langue française ou une nouvelle instance?» s'est-il interrogé.
Du côté du Parti libéral (PLQ), on retient un «décalage» entre le discours de M. Legault et «celui qu’il tient une fois qu’il est élu». Le premier ministre, mentionne Monsef Derraji, affirmait qu'il était «qu’il était suicidaire d’augmenter les seuils d’immigration, mais voilà qu’il propose de les hausser sans égard à la capacité d’accueil dont il disait qu’elle était atteinte. Voilà encore une promesse brisée et une incohérence».
Le Conseil du patronat (CPQ) «se réjouit du scénario envisagé d’une hausse progressive» de l'immigration économique. «Le gouvernement s’est rendu à l’évidence en modifiant les règles du jeu pour les rendre plus flexibles et adaptées au marché du travail. Plus d’étudiants diplômés et de travailleurs qualifiés qui parlent français pourront s’établir ici de façon permanente», a fait savoir Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.