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Les procureurs d'Amos, de Rouyn-Noranda et de Val-d'Or qui desservent le Nord-du-Québec dénoncent des conditions de travail qui s'apparentent selon eux à une justice de «brousse.»
Manque de préparation des dossiers, dépassés par la lourdeur et la complexité des tâches qui leur sont confiées, des victimes laissées à elles-mêmes...Voilà quelques constats troublants d'une enquête réalisée par l'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales.
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L'étude menée auprès de la presque totalité des 28 avocats révèle que près du tiers se sont absentés au cours des deux dernières années en raison d'épuisement. De plus, la moitié des répondants sont incapables de prendre des vacances et près du tiers se sont vu refuser des congés parce qu'il y a trop de travail. Résultat: plusieurs d'entre eux veulent changer de lieu de travail ou carrément démissionner.
« Ça en est déchirant au point où je ne me souviens pas d’une semaine dans les derniers mois où je n’ai pas vu un ou même plusieurs procureurs pleurer ou avoir les yeux remplis de larmes…»
« Beaucoup de dossiers nous sont remis, sans que nous bénéficiions de l’expérience requise, ou, à la limite, d’un accompagnement adéquat. Je parle principalement de dossiers en matière d’agression sexuelle ou bien de violence sur les enfants. »
« Je perds beaucoup espoir envers le travail qu’on fait. Je sens qu’on n’aide personne, surtout en ce moment. Le service offert est médiocre. »
Les procureurs oeuvrant dans le Nord-du-Québec ont à autoriser et à gérer plusieurs centaines de poursuites par an notamment durant la cour itinérante pour desservir les communautés du Grand Nord. La réalité de cette cour selon eux, nécessite de nombreux déplacements et compromet la préparation des procès. Les procureurs y font des aller-retour les jours d’audience pour enchainer les auditions, sans avoir le temps de préparer adéquatement les victimes et les témoins.
Pour Guillaume Michaud, président de l'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales, il y a «urgence d’agir pour doter le Nord-du-Québec d’un système de justice digne de ce nom.»
Il ajoute que les victimes de cette région ne doivent pas continuer «de subir cette justice de brousse» et qu'il est «nécessaire d’ajouter un nombre adéquat de procureurs et de personnels de soutien, d’améliorer la fréquence de la cour itinérante et d’y bonifier l’accompagnement aux victimes.»
«Les besoins sont énormes. Les procureurs lancent un cri d’alarme,» soutien Guillaume Michaud.