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«J'ai fait du mal à beaucoup de gens... Je suis dans ce jeu depuis longtemps.»
Voici la première partie d'une série d'enquêtes en trois parties menées par CTV W5 sur la façon dont un homme a trompé de nombreuses femmes qu'il fréquentait, leur soutirant plus de 160 000$.
Pour Annge Madill, il s'agissait d'une moto. Son petit ami, «Johnny Myers», avait promis de la vendre, mais elle n'a jamais vu la majeure partie de l'argent.
Pour Nicki McPhee, il s'agissait de 30 000$ investis dans le projet d'entreprise d'un homme qu'elle fréquentait, mais l'argent a disparu.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Pour Amy Todd, il s'agissait d'un investissement de 60 000$ dans un commerce de chevaux qu'elle croyait appartenir à un homme avec qui elle entretenait une relation amoureuse et qui s'appelait « Jon Boulder » - argent qu'elle n'a jamais récupéré.
Il s'est avéré que tous ces hommes n'étaient qu'un seul et même homme: Jon Mulder, 39 ans, qui a admis avoir changé de nom, d'emploi et d'histoire à plusieurs reprises alors qu'il rencontrait des femmes dans tout l'Ontario - et a laissé une trace de fraude et de confiance brisée au cours de ces années de tromperie.
«Il donne l'impression d'être attentionné», a raconté Mme McPhee lors d'une entrevue accordée à W5. «Il est très charismatique. C'était un bon chanteur. Nous chantions toujours des chansons country. Nous passions de très bons moments ensemble. Et je pense que c'est ce qui m'a fait baisser ma garde rapidement.»
Mme McPhee, qui a appris la véritable identité de Mulder en lisant un article de CTV News en 2023, a avoué avoir été choquée de rejoindre soudainement une communauté de plus de 100 femmes qui ont partagé des photos et des détails sur Mulder pour tenter de faire la lumière sur un homme dont les crimes n'ont pas toujours été pris au sérieux par les autorités.
Des vidéos montrent McPhee et Mulder conduisant un camion et chantant. Des photos montrées à W5 montrent Mulder dans des poses similaires avec différentes femmes, portant même le même casque de moto.
Sur un site web intitulé Are we dating the same man?, les femmes échangent d'autres histoires et photos, disant qu'elles l'ont rencontré sur divers sites de rencontre, où il utilisait des photos similaires dans chaque profil.
Le fait de voir sa relation avec Mulder reprise dans d'autres lieux et avec d'autres personnes a souligné la prise de conscience qu'il s'agissait d'un mensonge, a rapporté Nicki McPhee.
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Des affaires judiciaires éparses avant 2023 semblaient se terminer par la disparition de Jon Mulder, avec l'émission d'un mandat d'arrêt, selon les dossiers.
Mais lorsqu'il a été prouvé que les affaires étaient liées et que s'il n'était pas arrêté, d'autres femmes seraient en danger, le système judiciaire a réagi en rassemblant de nombreuses affaires dans un tribunal de Durham, en Ontario.
Lors de deux audiences tenues à la mi-janvier, M. Mulder a plaidé coupable à des chefs d'accusation portant notamment sur des fraudes commises à l'égard de 13 femmes, pour un montant total de quelque 160 000$, ainsi que sur une moto et un camion.
«Ces personnes ne méritaient pas de perdre leur argent, de souffrir et d'être convoquées au tribunal. J'essaie vraiment d'aller de l'avant en faisant de mon mieux», a-t-il ajouté.
M. Mulder est né à Toronto, où il a reçu une éducation que son avocate Michelle Farquhar a qualifiée de «remarquable par sa normalité». Il est allé au Texas et s'est habitué à un mode de vie consistant à monter et à vendre des chevaux, mais il ne pouvait pas gagner autant d'argent au Canada sans prendre de raccourcis, a-t-elle déclaré.
«Il y a de nombreuses dépendances qui sont largement reconnues, et je dis que l'argent est aussi une dépendance. Vous ne m'entendrez pas dire que j'atténue le mal qui a été fait. Mais vous pourrez peut-être comprendre comment on en est arrivé là. Son addiction l'a conduit sur un chemin autodestructeur», a précis son avocate.
La juge Jill Cameron n'a pas cru à cette explication.
«Rien de ce qu'il peut citer n'explique la vie criminelle qu'il a choisi de mener. La seule conclusion raisonnable est la cupidité», a dit la juge, qui a ensuite énuméré 79 condamnations pénales antérieures entre 2004 et 2017. Environ la moitié d'entre elles concernaient des fraudes, l'autre moitié des infractions ou des entraves à la justice, et une poignée des agressions.
Il s'agit de «fraudes sophistiquées», a-t-elle affirmé. «Ce sont des femmes intelligentes qui n'ont rien fait de mal. M. Mulder est un maître de la manipulation. Il a perfectionné l'art de la tromperie.»
La juge Cameron a accepté la peine de huit ans suggérée conjointement par Mme Farquhar et l'avocate de la Couronne, Heather Cook. Elle a également adressé un avertissement à Mulder.
«Compte tenu de vos antécédents, je ne doute pas qu'en l'absence du message le plus fort possible, vous n'arrêterez jamais. Si vous continuez sur cette voie, vous passerez le reste de votre vie en prison, par morceaux, si vous n'arrêtez pas», a-t-elle mentionné.
Annge Madill, qui a lu une déclaration de la victime au tribunal, pensait que Jon Mulder n'avait pas autant de remords qu'il semblait en avoir.
«Il n'y avait pas une once de remords dans sa voix. Il n'avait aucune responsabilité», a-t-elle soutenu, réfutant l'idée qu'il était dépendant de l'argent. «Ne le sommes-nous pas tous? Mais aucun d'entre nous n'escroque les gens, n'est-ce pas ? Nous le faisons en toute sincérité.»
Mme McPhee espère que les gens qui entendent parler de cette affaire seront plus prudents avec les personnes qu'ils rencontrent. «Je pensais que les escroqueries étaient le fait de quelqu'un qui allait appeler vos grands-parents et vos petits-enfants en prison, ou de quelqu'un qui prétendait collecter vos impôts», a-t-elle dit.
«Je n'avais jamais pensé qu'une fraude pouvait être le fait d'une personne vivant dans ma maison et me disant qu'elle m'aimait», a-t-elle ajouté.