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«Maintenant, c’est à nous de trouver des solutions en commun.»
La lettre transmise dans les derniers jours par le premier ministre du Québec, François Legault, à son vis-à-vis fédéral, Justin Trudeau, afin de l'implorer de freiner l'afflux de demandeurs d'asile, est accueillie favorablement par les ministres du gouvernement libéral.
«La lettre de M. Legault, je l'ai trouvée, on l'a trouvée très constructive, également très utile. Maintenant, c’est à nous de trouver des solutions en commun», a déclaré dimanche Pablo Rodriguez, le lieutenant de M. Trudeau pour le Québec, à son arrivée à la retraite du cabinet, qui se tient à Montréal jusqu'à mardi.
Dans sa missive, le premier ministre Legault affirme que le nombre de demandeurs d'asile arrivant au Québec est «excessif» et que la situation est devenue «insoutenable» si bien que la province est sur le point d'atteindre son «point de rupture».
Il réclamait une répartition «équitable» des demandeurs d'asile sur l'ensemble du territoire canadien et disait s'attendre à ce qu'Ottawa rembourse les 470 millions $ encourus pour l'accueil des demandeurs d'asile en 2021 et 2022, et qu'il fasse de même pour les années subséquentes.
Vendredi, des données publiées par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada confirmaient que le Québec a reçu 65 570 demandes d'asile en 2023, soit 45,5% de toutes celles reçues au pays, alors que le poids démographique de la province est de 22,1%.
Appelé à dire quelles mesures concrètes seront prises, le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, a affirmé, dimanche, qu'il va «continuer ces discussions» avec le Québec et «prendre des mesures nécessaires» afin, notamment, de «sécuriser nos frontières».
«Le Québec a fait énormément pour accueillir des immigrants, des demandeurs d'asile, a-t-il déclaré. Nous comprenons que ça amène une question financière. C'est pourquoi nous avons depuis cinq, six ans été un partenaire pour le Québec en termes de coûts aussi.»
Sur les ondes de Radio-Canada, plus tôt en journée, M. LeBlanc a mentionné qu'Ottawa entend effectuer «la comptabilité appropriée» au chapitre des demandes financières.
Dans les calculs, le ministre Rodriguez a laissé entendre lors d'une mêlée de presse qu'il déduit «à peu près 70 millions $» qu'Ottawa a transféré pour le logement. «On continue à discuter sur le reste», a-t-il lâché.
Selon M. Rodriguez, le gouvernement doit s'attarder aux pressions qu'exercent les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires.
Justin Trudeau ne s'est pour sa part pas arrêté dimanche pour répondre aux questions des journalistes sur le sujet, se contentant de lancer «c'est un plaisir de vous voir chez moi» alors qu'ils s'apprêtaient à souper avec son équipe.
Sur les réseaux sociaux, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a renchéri dimanche que la politique canadienne en matière d'immigration est «insoutenable».
«Imaginer que ces centaines de milliers de gens vont trouver des emplois correspondant aux besoins de l'économie sans complément de qualifications, que les systèmes de santé ou d'éducation ou de garde, le parc de logement et les ressources en sécurité vont naturellement suivre est un simplement incorrect. Sans compter la francisation», a-t-il écrit.
Le gouvernement fédéral a décidé de hausser à 500 000 le nombre de résidents permanents que le Canada accueillera en 2025, soit près du double du seuil de 2015.
Et alors qu'un lien de plus en plus clair est en train d'être tracé par plusieurs élus entre l'immigration et la crise du logement, les ministres Marc Miller et Sean Fraser ont indiqué au cours des derniers jours qu'Ottawa s'efforce à stabiliser le nombre de personnes qui entrent au pays chaque année.