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L'actualité récente le démontre, les préjugés et la discrimination envers les personnes membres de la communauté LGBTQ2+ sont encore bien présents.
L'actualité récente le démontre, les préjugés et la discrimination envers les personnes membres de la communauté LGBTQ2+ sont encore bien présents. Ce mercredi marque la 20e Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie au Québec: pour l'occasion, la Fondation Émergence lance une campagne de sensibilisation axée sur les peurs irrationnelles.
La nanopabulophobie - la phobie des nains de jardin à brouette - , la peur des poules, nommée la gallinophobie, et la carpophobie, soit la frayeur face aux fruits: des affiches colorées et arborant des images loufoques visent à capter l'attention des passants à travers la province.
«Dans la science, une phobie, c'est une conception irrationnelle d'un danger qui n'a pas lieu d'être, explique Laurent Breault, directeur général de la fondation. Avoir peur d'avoir du beurre d'arachide collé sur le palais. L'homophobie et la transphobie sont toutes des peurs irrationnelles, sauf que ces deux dernières ont des impacts sur les communautés qu'elles visent.»
Cette campagne plutôt humoristique, au look rétro pour illustrer que la discrimination sexuelle est «chose du passé», contraste avec les précédentes de l'organisme, qui étaient plus sombres.
«Avant, on avait comme objectif de briser l'espèce de bulle que tout est beau, qu'il n'y a plus de problème, alors qu'il y a encore de la violence envers les personnes de la communauté LGBTQ2+», souligne M. Breault.
«Cette fois-ci, on a choisi un ton différent pour cibler les alliés silencieux, des gens qui soutiennent la cause LGBTQ2+ et qui ne savent pas nécessairement comment exprimer leur soutien», poursuit-il.
C'est au Québec et grâce au fondateur de la Fondation Émergence, Laurent McCutcheon, que la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie a vu le jour, rappelle M. Breault.
Depuis, l'initiative a été reprise par plus d'une centaine de pays à travers le monde.
Vingt ans plus tard, une telle journée de sensibilisation est encore malheureusement nécessaire, déplore le directeur général.
«En vingt ans, il y a eu beaucoup d'acquis, relève-t-il. Je pense entre autres aux unions civiles et aux mariages entre conjoints de même sexe, l'intégration de l'identité et de l'expression du genre comme motifs de discrimination, l'interdiction des thérapies de conversion... Mais malgré ces avancées au niveau politique, c'est au plan social qu'il reste du chemin à faire. Il reste encore beaucoup de préjugés.»
La fondation a fait réaliser une étude par la firme Léger en février dernier auprès de 1539 Canadiens. On y apprend que 42 % des répondants se disent indifférents à la cause des communautés LGBTQ2+ ou n'en comprennent pas l'importance. Qui plus est, 32 % des répondants québécois seraient mal à l'aise de voir deux hommes s'embrasser.
«On aurait pensé qu'il y aurait une plus grande adhésion à la cause, déplore M. Breault. Mais c'est une opportunité de sensibiliser ces gens et d'en faire des alliés.»
L'enquête a aussi permis de voir que la transphobie et l'homophobie se sont transportées largement sur les réseaux sociaux, où 52 % des jeunes LGBTQ2+ disent avoir subi de l'intimidation, parfois au point d'avoir des idées suicidaires.
Enfin, 52 % des personnes LGBTQ2+ n'afficheraient pas leur orientation ou leur identité sexuelle au boulot, par crainte d'être discriminées, exclues ou la cible de moqueries, indique un sondage de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, qui vise à sensibiliser les Québécois à la violence vécue par les membres de la diversité sexuelle.
«On pourrait croire que les milieux de travail sont des zones sécuritaires et inclusives, mais ça ne semble pas être le cas», avance M. Breault.
Malgré tout, le Québec est tout de même un lieu plus sécuritaire et ouvert pour les communautés LGBTQ2+, contrairement à de nombreux pays dans le monde, dont 14 dans la Francophonie, où le fait d'être homosexuel ou trans est soit criminel, soit punissable par la peine de mort, relativise le directeur général.