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Guerre Israël–Hamas : trois Canadiens seraient en otage

Melissa Lantsman, l'une des leaders adjointes des conservateurs, a déclaré que le Canada «pourrait et doit faire plus» en ce qui concerne les Canadiens qui pourraient être pris en otage. «Exigez sans cesse leur libération.»

Le premier ministre Justin Trudeau répond à une question lors de la période des questions à la Chambre des communes, sur la Colline du Parlement, à Ottawa, le mardi 3 octobre 2023.
Le premier ministre Justin Trudeau répond à une question lors de la période des questions à la Chambre des communes, sur la Colline du Parlement, à Ottawa, le mardi 3 octobre 2023.
Stephanie Taylor
Stephanie Taylor / La Presse canadienne

Le premier ministre Justin Trudeau a appelé le Hamas à libérer immédiatement les otages à Gaza, qui, selon lui, pourraient inclure au moins trois Canadiens portés disparus, tandis que l'opposition conservatrice a mis en garde son gouvernement libéral contre un appel à un cessez-le-feu. 

M. Trudeau a pris la parole au Parlement pour la première fois lundi depuis que des combattants ont fait irruption en Israël depuis la bande de Gaza contrôlée par le Hamas le 7 octobre, tuant des centaines de personnes et prenant en otage 199 personnes.

«Cinq Canadiens ont été assassinés par des terroristes du Hamas. Trois Canadiens sont portés disparus et pourraient être des otages», a-t-il déclaré aux députés de la Chambre des communes.

Il a poursuivi en déclarant que le Canada demande au Hamas de libérer immédiatement tous les otages.

Le Canada a inscrit le Hamas sur la liste des entités terroristes depuis 2002. Dans son discours au Parlement, M. Trudeau a réitéré que les militants du groupe ne sont pas des «combattants de la liberté», comme l'ont suggéré certains partisans et manifestants lors des manifestations organisées au Canada à la suite des attentats.

«Le terrorisme est toujours indéfendable et rien ne peut justifier les actes de terreur du Hamas ainsi que les meurtres, mutilations et enlèvements de civils.»

Alors que les membres des familles au Canada et dans d'autres pays luttent pour retrouver leurs proches disparus, les autorités canadiennes ont refusé de fournir des détails sur d'éventuels otages, avertissant que cela pourrait nuire à leur sécurité.

En faire plus pour les otages

S'exprimant devant le Parlement, Melissa Lantsman, l'une des leaders adjointes des conservateurs, a déclaré que le Canada «pourrait et doit faire plus» en ce qui concerne les Canadiens qui pourraient être pris en otage.

«Exigez sans cesse leur libération.»

Mme Lantsman, qui est juive, ainsi que le consulat israélien à Toronto, ont récemment identifié le cinquième Canadien tué comme étant Netta Epstein, 21 ans. Le consulat a déclaré que M. Epstein, décédé le 7 octobre alors que les combattants du Hamas faisaient irruption en Israël, avait été abattu alors que sa petite amie et lui s'abritaient dans une pièce de sécurité, et qu'il avait ensuite sauté sur une grenade lancée par les assaillants pour protéger sa petite amie, qui a survécu à l'attaque. 

Les noms des quatre autres Canadiens confirmés tués et des trois présumés disparus et peut-être pris en otage ont été lus à haute voix par plusieurs députés lundi, entre autres lors d'un débat de fin de soirée sur la réponse du Canada à la guerre.

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a parlé de la nécessité de répondre à l'aggravation de la crise humanitaire à Gaza. 

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Israël a renforcé le blocus du territoire et a coupé l'accès à l'électricité, à la nourriture, à l'eau et à l'aide humanitaire. Plus d'un million de personnes ont été déplacées de leur domicile alors que les bombes continuent de tomber et que les Nations unies ont prévenu que les hôpitaux étaient sur le point de manquer de carburant et de provisions.

Ensemble, les deux camps font état de plus de 4000 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre – dont de nombreux enfants – un chiffre qui devrait encore augmenter alors qu’Israël se prépare à une invasion terrestre prévue à Gaza.

Le terme «génocide» fait débat

Citant les paroles du fils d'un militant pacifiste porté disparu depuis les attaques du Hamas, selon lesquelles davantage de violence n'est pas la solution, M. Singh a déclaré au Parlement que «nous devons exiger la même chose du gouvernement israélien» et a ajouté que le Canada doit travailler avec ses alliés pour «mettre fin à l’effusion de sang».

«Nous ne pouvons pas permettre la déshumanisation continue d'une population entière», a déclaré M. Singh aux députés, affirmant que le Canada devrait appeler à un cessez-le-feu.

Le chef du NPD a poursuivi en disant : «Lorsque nous cessons de nous considérer comme des êtres humains, lorsque nous cessons de croire que chaque vie a de la valeur, c'est alors que les germes du génocide s'installent.»

Les députés conservateurs et libéraux se sont rapidement opposés à une telle caractérisation des actions d'Israël, soulignant qu'en tant que nation, Israël a le droit de défendre ses frontières et de riposter contre le Hamas, dont l'objectif déclaré est son éradication. 

Michael Chong, porte-parole des conservateurs en matière d'Affaires étrangères au Parlement, a prévenu que dans les jours à venir, la solidarité exprimée par le Canada et d'autres alliés occidentaux dans les heures qui ont suivi l'attaque du Hamas sera «mise à l'épreuve» à mesure que le bilan des morts de la guerre s'aggrave.

«Alors que les pertes augmentent, nous devons résister à la tentation d'appeler à un cessez-le-feu jusqu'à ce que les (Forces) de la défense israéliennes atteignent leur objectif d'éliminer cette menace existentielle pour l'État d'Israël.»

«C'est une guerre justifiable contre un groupe terroriste», a affirmé M. Chong.

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Le NPD, les conservateurs et le Bloc québécois ont souscrit aux appels des libéraux au pouvoir en faveur de l'établissement d'un couloir humanitaire à Gaza afin que non seulement les civils puissent fuir, mais aussi que des fournitures humanitaires puissent y être acheminées.

Le député du Bloc, Alexis Brunelle-Duceppe, a fait valoir que le Canada n'est peut-être pas une puissance militaire mondiale, mais qu'il est un modèle historique en matière des droits humains internationaux. «Ça fait peut-être un petit moment que le Canada n'a pas repris cette place à l'international, voici une occasion qui s'offre à nous de reprendre cette place-là et d'en faire une mission», a-t-il déclaré au Parlement. 

Plus tôt dans la journée, M. Trudeau a lancé un appel au calme, en Chambre, semblant demander aux Canadiens qui s'expriment en soutien au peuple israélien de ne pas entrer dans une logique de confrontation avec ceux qui affichent davantage d'appui aux Palestiniens - et vice versa.

«Maintenant, plus que jamais, on doit se rassembler, et éviter de laisser les inquiétudes, les soupçons et la méfiance nous séparer», a-t-il déclaré devant les députés.

Il a, du même souffle, insisté pour dire que «la diversité fait notre force». «Le Canada accueille des gens de tous les horizons qui revendiquent une multitude d’identités. Nous sommes un pays de voisins, de collègues, d’amis et de familles qui incarnent cette diversité et qui la vivent chaque jour», a dit le premier ministre.

Il a signalé que 10 vols des Forces armées canadiennes ont quitté Tel-Aviv jusqu'à présent. Environ 1300 personnes se trouvaient à bord, a-t-il précisé.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a confirmé qu'un groupe de Canadiens avait également traversé en toute sécurité la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie voisine, alors que les violences se poursuivent.

Le gouvernement fédéral a indiqué que 21 Canadiens, en plus de 10 ressortissants étrangers de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, ont pris un autobus pour quitter la Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le pays a établi des colonies.

M. Trudeau a reconnu l'aggravation de la crise humanitaire et a appelé à «un accès humanitaire sans entrave et un couloir humanitaire afin que l'aide essentielle comme la nourriture, le carburant et l'eau puisse être livrée aux civils à Gaza».

«Il est impératif que cela se produise.»

Il n’a cependant pas appelé à un cessez-le-feu comme le NPD l'a pressé de le faire, et n’a pas non plus appelé Israël à mettre fin à ses bombardements sur les 2,3 millions de Palestiniens vivant à Gaza.

Le Bloc québécois ne s'est pas non plus prononcé clairement sur le cessez-le-feu comme les néo-démocrates et les conservateurs. La bloquiste Christine Normandin a affirmé ne pas vouloir imposer de solution, mais plutôt «d'offrir des pistes qui permettraient de baliser les actions à prendre par Israël.»

«Et c'est la demande qu'on leur fait: de minimiser autant que possible tout ce qui peut mener à la perte de vie des civils. Si ça peut passer par un cessez-le-feu tant mieux, j'ose espérer que l'analyse sera faite», a-t-elle déclaré lundi en fin de soirée. 

Le Canada s'efforçait toujours d'aider jusqu'à 300 Canadiens et leurs familles à fuir Gaza après l'échec d'un plan visant à permettre aux personnes de quitter la région via l'Égypte au cours du week-end.

Les responsables affirment que plus de 6800 Canadiens sont inscrits auprès des Affaires mondiales en Israël, et plus de 450 en Cisjordanie et à Gaza.

Le député libéral Anthony Housefather, originaire de Montréal et juif, a déclaré lundi que la communauté juive du Canada était dévastée et que les familles vivaient dans la peur alors que la police des grandes villes surveillait les menaces antisémites.

Il a soutenu qu'Israël avait le droit de réagir et de défendre ses frontières.

«À ce stade, vous avez une démocratie occidentale qui a été attaquée par un groupe terroriste qui a commis le pire meurtre de Juifs depuis l'Holocauste», a-t-il déclaré.

Avec la collaboration de Bill Graveland, Dylan Robertson et Sidhartha Banerjee et des informations de l'Associated Press. 

Stephanie Taylor
Stephanie Taylor / La Presse canadienne