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Ford a déclaré mardi à l'Assemblée législative que son message à Mme Kelly - la commissaire Anne Kelly - est qu'aucun Canadien n'a confiance en ses décisions et qu'elle devrait démissionner — ou être congédiée par Ottawa.
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, réclame la démission, ou le congédiement, de la commissaire du Service correctionnel du Canada, à cause de la décision de transférer le tueur ontarien Paul Bernardo dans une prison à sécurité moyenne.
Le Service correctionnel indiquait dans un communiqué lundi qu'il tenait à maintenir la confiance de la population canadienne à l’égard de ses décisions, et, que pour cette raison, la commissaire Anne Kelly avait ordonné un nouvel examen du transfert.
Le Service correctionnel veut s'assurer que Bernardo a été placé «au bon niveau de sécurité» en fonction des données probantes disponibles, et que les préoccupations des victimes ont été «adéquatement prises en compte» avant ce transfert.
Mais le premier ministre Ford a déclaré mardi à l'Assemblée législative que son message à Mme Kelly est qu'aucun Canadien n'a confiance en ses décisions et qu'elle devrait démissionner — ou être congédiée par Ottawa.
Bernardo purge une peine d'emprisonnement à perpétuité pour l'enlèvement, la torture et le meurtre de Kristen French, 15 ans, et de Leslie Mahaffy, 14 ans, au début des années 1990 en Ontario. Il a également été reconnu coupable d'homicide involontaire dans la mort de Tammy Homolka, 15 ans, et a admis avoir agressé sexuellement 14 autres femmes.
Homolka a plaidé coupable à une accusation réduite d'homicide pour les crimes commis contre Kristen French et Leslie Mahaffy, et elle a obtenu sa libération conditionnelle en 2005 après 12 ans de prison.
Bernardo a aussi admis avoir agressé sexuellement 14 autres femmes. Il était jusqu'ici emprisonné à l'établissement à sécurité maximale de Millhaven, près de Kingston, en Ontario, mais il vient d'être transféré à l'établissement à sécurité moyenne de La Macaza, dans les Laurentides.
Le premier ministre Ford estime que Bernardo devrait croupir dans une prison à sécurité maximale pour le reste de ses jours. «Je m'excuse pour mon langage, mais c'est un fumier, a-t-il dit à l'Assemblée législative. Cet enfant de p... doit être gardé 23 heures par jour en sécurité maximale.»
Dans un communiqué publié mardi soir, le porte-parole du Service correctionnel du Canada, Kevin Antonucci, a déclaré que Mme Kelly «a consacré sa carrière aux services correctionnels et a travaillé sans relâche pour assurer la sécurité de nos communautés».
«Elle a fait des progrès significatifs sur les engagements de son mandat et reste déterminée à poursuivre ce travail essentiel.»
Il a ajouté que le transfert de Bernardo ne pose aucun risque pour la sécurité publique.
À Ottawa, le chef conservateur Pierre Poilievre a déclaré que le premier ministre Justin Trudeau devrait veiller à ce que tous les tueurs en série purgent la totalité de leur peine dans une prison à sécurité maximale.
Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a expliqué lundi qu'il avait fait part à la commissaire Kelly à quel point les Canadiens étaient choqués par la décision. Mais le ministre a précisé qu'il ne pouvait pas annuler lui-même la décision, parce que le Service correctionnel fonctionne comme une institution indépendante.
M. Poilievre a rejeté mardi cette explication et il a demandé à Justin Trudeau d'intervenir. «Je demande au premier ministre d'ordonner à son ministre de la Sécurité publique d'affirmer que tous les tueurs en série devraient purger la totalité de leur peine dans des prisons à sécurité maximale, a déclaré M. Poilievre aux journalistes mardi. C'est une évidence et le premier ministre peut le faire. Il doit arrêter de renvoyer la balle aux autres.»
Au cabinet de M. Poilievre, on suggère qu'un tel pouvoir existe, sous la forme d'une directive ministérielle, qui est généralement utilisée pour traiter de questions politiques d'ordre général.
Le ministre Mendicino a déclaré mardi qu'il s'attendait à ce que l'examen du transfert de Bernardo ne prenne que quelques semaines «au plus», et il a suggéré que toute discussion sur les changements de politique devra attendre la conclusion de cet examen.
«Écoutez: s'il y a des problèmes en ce qui concerne les politiques, en ce qui concerne les principes, même en ce qui concerne la loi, je vais laisser toutes ces options sur la table, a-t-il assuré. Nous verrons où nous en sommes dans quelques semaines et après, si nous devons revoir la loi ou l'une de ses politiques ou directives, nous le ferons.»
Le Service correctionnel expliquait lundi que les décisions concernant la cote de sécurité des délinquants devaient respecter la loi, qui exige notamment qu'elles soient réexaminées tous les deux ans.
L'agence a également rappelé que les informations sur les délinquants sont confidentielles et que le classement par niveau de sécurité et les éventuels transferts sont déterminés notamment en fonction des risques pour la sécurité publique et d'évasion, ou des évaluations psychologiques.
La raison pour laquelle Bernardo a été transféré à La Macaza n'a pas été divulguée, mais cet établissement à sécurité moyenne est connu pour détenir des délinquants sexuels violents, et se spécialise dans le traitement des personnes reconnues coupables de crimes à caractère sexuel.
Le ministre Mendicino a indiqué mardi que le gouvernement avait accès aux raisons qui ont motivé le transfert, mais il a lui aussi rappelé qu'en raison des dispositions sur la confidentialité, il appartient au Service correctionnel de décider s'il peut rendre publics ces motifs.
«Je crois qu'étant donné que cette affaire est maintenant publique, les Canadiens ont droit à une explication», a toutefois admis le ministre de la Sécurité publique.