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«Les logements disponibles coûtent les yeux de la tête.»
Au moins sept familles des Laurentides avaient contacté l’Association de promotion et d'éducation en logement (APEL) en date du 27 juin car elles n’avaient pas trouvé de logement pour le premier juillet.
Et ce nombre devrait augmenter au fur et à mesure qu’on s’approche de la date butoir selon Serge Gilbert, le coordonnateur de l’organisme.
«On remarque depuis longtemps que les locataires attendent toujours un peu à la dernière minute avant de se manifester», estime celui qui accompagne des locataires dans leurs démarches depuis 2007.
Dans son modeste bureau installé sur un boulevard de banlieue à Saint-Eustache, dans les Basses-Laurentides, M. Gilbert insiste pour rappeler que la crise du logement ne touche pas que Montréal ou les grandes villes.
«La crise du logement touche pas mal tout le territoire du Québec», rapporte-t-il.
Et certaines localités de sa région sont aux premières loges de cette crise. Plusieurs villes et villages des Laurentides observent des taux d’inoccupation particulièrement bas. L’exemple le plus frappant est celui de Prévost, donc le taux d’inoccupation est de 0,0% selon les données compilées par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).
Un des facteurs expliquant la pénurie d’habitations dans la région est la transformation de logements en hébergement à court terme destinés au tourisme.
«À cause de l’attrait qu’exerce la région des Laurentides, les locateurs amplifient la crise du logement parce qu’ils procèdent à des évictions sauvages afin de transformer beaucoup de logements en Airbnb», déplore M. Gilbert.
L’organisme APEL aide les résidents des Laurentides à ne pas se retrouver à la rue au 1er juillet. Une mission encore plus difficile cette année, reconnaît M. Gilbert.
«[Il y a] très peu de logements disponibles et surtout, surtout, les logements disponibles coûtent les yeux de la tête», affirme-t-il.
Selon lui, plusieurs famille n’ont donc d’autre choix que de se «sacrifier» et de consacrer «une portion de plus en plus importante» de leurs revenus au logement.
Et il estime que le controversé projet de loi 31 déposé récemment par la CAQ n’aidera pas à améliorer la situation déjà difficile.
«Ce projet de loi ne rendra aucun service aux locataires», affirme sans détour Serge Gilbert.
À l’instar de bien d’autres intervenants du milieu communautaire, il estime que la législation mise de l’avant par le gouvernement caquiste avantagerait les propriétaires au détriment des locataires.
Selon M. Gilbert, la problématique est telle qu’on compte désormais des personnes en situation d’itinérance à Saint-Eustache, une ville de banlieue qui n’était pas confrontée à ce genre de situation il y a quelques années à peine.
D’autres personnes qui ne réussissent à trouver un logement abordables sont contraintes de «squatter» chez des proches, une forme d’itinérance invisible.
L’an dernier, deux familles de la région ont dû passer de nombreux mois à camper dans une tente, faute de se trouver un logement abordable, rapporte M. Gilbert.
Serge Gilbert est le seul employé de l’organisme APEL depuis 2007, faute de moyens. Et cela fait seulement trois ans qu’il reçoit un salaire régulier durant toute l’année. Malgré tout, il continue à se battre pour les droits des locataires.
«Les organismes communautaires sont souvent le dernier rempart pour les gens qui sont dans des situations difficiles. Malheureusement, les organismes communautaires sont sous-financés», estime-t-il.
Selon lui, le sous-financement est particulièrement criant dans la région des Laurentides, ce qui prive la communauté de certains services.
M. Gilbert, quant à lui, n’est pas près de laisser tomber les locataires des Laurentides. Il est là par conviction et non pour l’argent nous rappelle-t-il en concluant l’entretien.