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Avec les cryptos en pleine chute, est-il temps de s'en départir ?
Les détenteurs de cryptos suent à grosses gouttes ces jours-ci. Le marché de la cryptomonnaie s’est déjà mieux porté — c'est un euphémisme.
Après avoir atteint un sommet de 80 527 dollars canadiens en novembre 2021, la valeur marchande du Bitcoin se négoçiait à 28 154 $ en fin de journée, le 15 juin 2022. La crypto phare a entraîné toutes les autres bannières dans sa dégringolade apocalyptique. La compagnie prêteuse de crypto Celcius Network a même annoncé le 12 juin dernier qu’elle suspendait toute transaction de retrait et de transaction entre comptes afin de «stabiliser les liquidités».
À la lumière de tout cela, est-il temps de se départir de ses cryptos?
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«Je dirais que tout dépend de la situation et des objectifs de la personne», soulève le gestionnaire de la page Instagram de vulgarisation de cryptomonnaie et de «crypto éducation» Sato.Crypto.
«Malheureusement, il n’y a pas de solution unique qui va marcher pour tous, a indiqué le gestionnaire à Noovo Info. Il est certain que pour une personne qui est là sur un horizon de temps plus long (deux, trois ans et plus) c’est exactement dans ce genre de moment qu’on veut accumuler des projets solides. Tout dépend de la prise de risque par la suite. Certains veulent la jouer [sécuritaire] et d'autres veulent ajouter un peu plus de risque.»
De son avis plus personnel, il n’est pas urgent de vendre, sauf pour une personne ayant besoin de ces fonds pour vivre. «Sinon, il ne fait aucun sens, à mon humble avis, de vendre au jour d’aujourd’hui», estime celui qui possède un baccalauréat en administration des affaires et qui s’intéresse à l’univers de la crypto depuis environ six ans.
En vertu des règles de l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’économiste principal de Desjardins, Hendrix Vachon, ne peut trancher à savoir s’il est temps de vendre ou non ses cryptomonnaies. Le fait que cette baisse survient en même temps qu’une hausse des taux d’intérêt pousse toutefois à la réflexion, selon lui. Il est donc moins intéressant de détenir des actifs qui ne rapportent pas d’intérêts.
«Vu que les taux d’intérêt augmentent, ça décourage de spéculer sur des placements qui ne rapportent pas d’intérêts», soulève M. Vachon.
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L’économiste ajoute que le fait que les banques centrales soient à même de prendre des mesures pour lutter contre l’inflation vient en quelque sorte décourager la thèse selon laquelle les monnaies traditionnelles allaient s’effondrer sous peu.
Alors que certains affirmaient que la crypto serait à même de protéger les investisseurs contre l’inflation, la situation actuelle vient ainsi prouver le contraire, d’après M. Vachon.
«Certains disaient que ça allait être un placement contre l’inflation, ce n’est aucunement le cas. Il y en a qui disaient que ça allait nous protéger de l’effondrement des monnaies traditionnelles, ce n’est aucunement le cas. On voit le dollar américain très fort et les banques centrales montent les taux d’intérêt.»
L’économiste principal de Desjardins estime que la baisse des cryptos pourrait inciter les investisseurs à être plus sélectifs dans leurs choix de placement. «Tout n’est pas mauvais dans cette industrie, mais peut-être que [certains vont choisir de se concentrer] sur des actifs qui s’apparentent à de vrais actifs, relève-t-il. Donc des sortes d’actions d’entreprises qui sont échangées sur des blockchains, ça pourrait avoir plus de valeur qu’un jeton qui n’a aucune affiliation.»
Pour Sato.Crypto, il est important de faire un lien avec le marché boursier plus traditionnel.
«C’est les mêmes acteurs, il y a autant des particuliers que les institutions, donc la psychologie humaine reste la même, soulève-t-il. Je trouve ça du pur délire les gens qui s’attendent à ce que le marché des cryptos explose à la hausse dans ce genre d’état macro.»
De son côté, Hendrix Vachon estime que cette chute du marché fait mentir ceux qui affirmaient que les cryptomonnaies représentaient une occasion en or de diversifier son portefeuille.
«On voit clairement qu’il n’y a aucune diversification à faire avec ces placements, souligne l’économiste. C’est fortement corrélé avec les indices boursiers. On voit que quand les indices boursiers tombent ces temps-ci, les cryptos tombent encore plus.»
Questionné à savoir si ce creux de vague pourrait annoncer la fin des cryptomonnaies, comme certains s’interrogent sur la Toile, Sato.Crypto est catégorique. Si certains altcoins (les cryptomonnaies autres que le Bitcoin) risquent de disparaître en raison de leur nombre très élevé et leur utilité parfois limitée, il n’y a «aucune chance» que ça arrive pour l’écosystème crypto en général, selon lui. Il ajoute qu'avec certains événements récents, «les gens ont vu l'utilité des cryptos».
Sato.Crypto relève également que le Bitcoin avait par exemple une valeur de quelques milliers de dollars seulement il y a quelque temps. Sa valeur était d’un peu moins de 13 000 $ à la même période il y a deux ans, était d’environ 40 000 $ à pareille date l’année dernière et était d'environ 28 000 $ le 15 juin 2022. Selon l’investisseur, il ne fallait pas s’attendre à ce que cette valeur monte indéfiniment.
Selon Hendrix Vachon, si ce creux de vague ne sonne pas nécessairement le glas des cryptomonnaies, il pourrait toutefois en décourager plusieurs d’investir dans les prochains mois. L’engouement pour les cryptos a créé une bulle spéculative, explique l’économiste. «Le prix augmentait parce que les gens en achetaient, soulève-t-il. Maintenant que les prix baissent, la demande s’effondre. Les prix continuent donc de baisser et c’est impossible de prévoir jusqu’où ça va baisser.» Une raison derrière l’explosion de la crypto pourrait d’ailleurs être due aux mesures d’aide distribuée par les gouvernements au cours de la pandémie.
Comme la valeur des cryptomonnaies est donc davantage spéculative qu’économique, la prudence reste de mise, selon M. Vachon. «Quelqu’un qui voudrait tenter sa chance sur ce marché doit garder à l’esprit que ça reste des placements très volatiles et risqués, indique-t-il. Il faut donc être prêt à accepter des pertes éventuelles.»
Lorsqu’il se fait poser la question, le gestionnaire de Sato.Crypto renvoie de son côté au site 99bitcoins, selon lequel la fin des cryptomonnaies a été annoncée à plus de 400 reprises depuis 2010.