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De manière générale, les jeunes de 15 à 34 ans sont beaucoup plus nombreux à demander de l'aide que les adultes plus âgés.
Les trois dernières années de crise sanitaire mondiale et de mesures restrictives ont grandement bouleversé nos vies, mais de nouvelles données confirment que si les idées noires ont pris plus de place, les taux de suicide sont toujours en baisse au Québec.
Dans le rapport intitulé «Les comportements suicidaires au Québec: portrait 2023», publié lundi par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), on peut lire que: «La pandémie n’a pas provoqué une hausse des suicides.»
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La conseillère scientifique spécialisée et autrice principale de l’étude, Pascale Levesque, reconnaît que l’on s’attendait au pire en raison du fait que la pandémie allait exacerber un bon nombre de facteurs de risque.
Elle prévient toutefois qu’il faut éviter de faire un lien direct entre détresse psychologique et suicide. «Ce serait un lien de cause à effet un peu réducteur», note la chercheuse en entrevue à La Presse canadienne.
Parmi les facteurs de protection qui ont pu jouer un rôle favorable, Pascale Levesque évoque «plusieurs mécanismes de prévention en santé mentale» qui ont été déployés ainsi qu’un possible effet de mobilisation et de solidarité en période de bouleversement majeur.
Le dernier bilan livre cependant des informations préoccupantes à propos des jeunes filles et des jeunes femmes qui sont de plus en plus nombreuses à confier avoir eu des idées suicidaires. Cette tendance a été tirée des deux dernières «Enquêtes québécoises sur la santé des populations» de l’Institut de la statistique du Québec.
La conseillère scientifique de l’INSPQ mentionne qu’on peut tout de même y voir «une bonne chose». «Étant donné que le taux de suicide diminue notamment chez les jeunes filles, on pense que cette population-là va peut-être plus chercher de l’aide. Donc, qu’il y a une ouverture à parler de suicide en cas de crise, mais aussi une propension plus grande à aller chercher de l’aide», précise Mme Levesque.
Du même coup, ces filles et ces femmes sont plus nombreuses à être hospitalisées pour des raisons d’état suicidaire que les autres groupes de la population.
De manière générale, les jeunes de 15 à 34 ans sont aussi beaucoup plus nombreux à demander de l’aide que les adultes plus âgés. Pour chaque cas de suicide, 80 adolescents de 15 à 19 ans et 36 jeunes hommes de 20 à 34 ans vont tenter d’obtenir du soutien aux urgences pour leurs idées suicidaires.
Chez les filles, le ratio s’élève à 248 adolescentes de 15 à 19 ans et 117 jeunes femmes de 20 à 34 ans qui vont demander de l’aide pour leurs idées suicidaires pour chaque cas de suicide.
On observe que plus on avance dans les groupes d’âge, moins les populations font appel aux ressources d’aide.
Selon la titulaire de la chaire de recherche du Canada en santé mentale et prévention du suicide chez les jeunes, Dre Marie-Claude Geoffroy, beaucoup d’efforts ont été mis au fil des ans pour renforcer la littératie en santé mentale des jeunes.
Ils apprennent notamment comment mieux repérer les symptômes et demander de l’aide. La chercheuse associée à l’Institut Douglas et à l’Université McGill s’interroge cependant sur le rôle des urgences.
«Est-ce que c’est le meilleur endroit où se tourner ? Est-ce qu’on pourrait penser à offrir d’autres soins à l’externe pour les jeunes ?», demande-t-elle en évoquant plutôt un signe du manque d’accessibilité aux ressources spécialisées dans le réseau de la santé.
«C’est important que les jeunes aient accès à une diversité de ressources», ajoute la Dre Geoffroy en insistant sur l’importance de travailler dans le but d’en arriver à éliminer le suicide chez les jeunes.
Pour l’ensemble de la population, le taux de décès par suicide a continué de chuter pour atteindre 12,3 morts par 100 000 personnes en 2020, soit le plus faible indicateur en près de 40 ans au Québec. Les chiffres provisoires pour 2021 laissent également présager une autre baisse à 11,7.
Malgré tous les efforts déployés pour offrir des ressources d’aide et de soutien, ce sont encore plus d’un millier de personnes qui se donnent la mort chaque année au Québec. On observe toujours un déséquilibre entre les sexes alors que les hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes à passer à l’acte.
Plusieurs hypothèses sont évoquées par l’autrice du rapport, dont celle que les hommes sont «peut-être moins enclins à parler de leurs émotions et à aller chercher de l’aide», avance-t-elle.
Ils pourraient aussi être plus seuls, donc sans entourage qui pourrait les aider.
«Il faut que les hommes parlent plus de leurs émotions et qu’ils soient enclins à aller chercher de l’aide lorsque c’est nécessaire», conclut Mme Levesque.
Si vous pensez au suicide ou vous vous inquiétez pour un proche, des intervenants sont disponibles pour vous aider, partout au Québec, 24/7.
Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553)
Texto : 535353
Clavardage, informations et outils : www.suicide.ca