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Le Conseil de la fédération de Russie a autorisé le président Vladimir Poutine à user de la force militaire à l'extérieur des frontières du pays - une décision qui laisse présager une possible agression de plus grande ampleur contre l'Ukraine depuis que les États-Unis ont déclaré qu'une invasion était déjà en cours.
*Voyez l'entrevue qu'a accordée Tetyana Ogarkova, responsable du département international Ukraine Crisis Media Center, à Kiev, sur les ondes de Noovo Info.
Plusieurs leaders européens ont affirmé que les troupes russes étaient entrées dans les régions de l'est de l'Ukraine contrôlées par des rebelles après que le président Poutine eut reconnu publiquement leur indépendance. Peu de détails sont toutefois disponibles sur l'ampleur du déploiement. L'Ukraine et ses alliés occidentaux rappellent que des troupes russes sont impliquées depuis longtemps dans les combats dans ces zones. Des allégations que nie Moscou.
Lundi, des membres de la chambre haute du parlement russe, le Conseil de la fédération, ont voté à l'unanimité pour donner le feu vert au président Poutine de faire usage de la force militaire à l'extérieur des frontières du pays. Un vote qui vient officialiser le déploiement militaire russe dans les régions occupées par les rebelles, où un conflit armé perdure depuis huit ans. Les combats ont fait 14 000 morts.
Peu après le vote, Vladimir Poutine a établi trois conditions pour mettre un terme à la crise qui menace de plonger l'Europe en guerre et qui fait craindre pour la vie de milliers de personnes, pour une crise énergétique à travers le continent et un chaos économique mondial.
Selon le président russe, la crise peut être résolue si Kiev reconnaît la souveraineté de la Russie en Crimée, la péninsule ukrainienne annexée par la force en 2014; si l'Ukraine renonce à sa volonté d'adhérer à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), l'alliance militaire occidentale; et si l'Ukraine accepte d'être partiellement démilitarisée.
L'Occident a dénoncé l'annexion de la Crimée comme étant une violation du droit international et a déjà rejeté catégoriquement le demande de renoncer de manière permanente à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN.
Interrogé à savoir s'il avait déjà envoyé ses troupes en Ukraine et jusqu'où elles pourraient se rendre, Vladimir Poutine a répondu: `Je n'ai pas dit que les troupes allaient entrer dès maintenant'. Puis, de manière évasive, il a ajouté: `C'est impossible de prévoir une série d'actions précises. Ça dépendra de la situation concrète qui prend forme sur le terrain'.
Les puissances occidentales n'ont pas tardé à réagir. L'Allemagne a été la première à poser un geste majeur en suspendant la certification du projet de gazoduc Nord Stream 2. Un lucratif projet d'approvisionnement en gaz naturel depuis la Russie. Un projet d'ailleurs critiqué par les États-Unis qui y voient un renforcement de la dépendance énergétique de l'Europe envers la Russie.
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D'autres États de l'Union européenne ont emboîté le pas sans attendre. Des sanctions ont été prises contre les 351 élus russes ayant voté en faveur de la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatistes d'Ukraine ainsi que contre 27 autres responsables et institutions russes des domaines de la défense et de la finance. Ils ont aussi entrepris de limiter l'accès de Moscou aux marchés financiers européens.
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Les États-Unis aussi ont réagi sévèrement en s'attaquant aux oligarques russes et à leurs familles ainsi qu'à la dette russe. Dans un discours prononcé depuis la Maison-Blanche, le président Joe Biden a soutenu qu'il s'agissait seulement d'une `première tranche' de représailles contre l'invasion de l'Ukraine.
«Poutine) implante une logique pour lui permettre d'accaparer plus de territoire par la force, a analysé M. Biden. On assiste au début d'une invasion russe de l'Ukraine.»
Le président américain a également autorisé le positionnement de soldats américains en Europe dans les pays baltes dans une démonstration de soutien et de solidarité face à la menace russe.
Les puissances occidentales craignent cette invasion depuis des semaines alors que la Russie a stationné un nombre de soldats estimé à 150 000 sur les trois fronts russo-ukrainiens. L'Occident avait promis que des sanctions sévères et immédiates seraient imposées si une invasion se concrétisait.
De plus, l'Occident a prévenu que Moscou chercherait un prétexte pour justifier son invasion. Il semble que cette tentative de justification ait été énoncée lundi quand M. Poutine a reconnu publiquement l'indépendance des régions séparatistes dans l'est de l'Ukraine, où le gouvernement se bat contre des forces rebelles soutenues par la Russie.
Le Kremlin a même poussé l'audace jusqu'à inclure dans les territoires indépendants les zones reprises par les forces ukrainiennes.
En réaction, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit considérer la possibilité de rompre tout lien diplomatique avec la Russie. Moscou a rappelé son ambassadeur en poste à Kiev.
Avec la participation de Aamer Madhani.