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«Il s’agit de trouver comment servir la population tout en tenant compte de la santé et sécurité du personnel infirmier à l’urgence, et de leurs besoins de conciliation vie personnelle et travail.»
En janvier, une crise au sein du personnel soignant de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont a forcé le centre hospitalier à demander à la population d’éviter son urgence à deux reprises. Une médiatrice externe a été dépêchée par le ministère de la Santé et des Services sociaux afin de trouver des pistes de solutions.
Après avoir rencontré la partie patronale et la partie syndicale, la médiatrice, Lise Lavallée, indique que «le défi est de taille», mais elle note également «l’engagement, l’ouverture d’esprit et la volonté de chacun».
Cependant, cela n’a pas toujours été le cas. Initialement, la partie syndicale avait exprimé que la nomination d’une médiatrice externe pour s’occuper du dossier était «un spectacle» et «une diversion», selon le président de la FIQ SPS-ESTIM, Denis Cloutier.
De plus, comme l’écrit Mme Lavallée dans son rapport, «l’ampleur de la tâche et le scepticisme» ajoute à ce dilemme.
Le 16 janvier, on apprenait que les infirmières de Maisonneuve-Rosemont ont été forcées de rester au travail trois fois plus qu’en temps normal durant une année entière. C’est plus de 1000 quarts de travail en temps supplémentaire qui ont été imposés depuis le mois de juillet dernier.
À VOIR | Plus de 1000 quarts en temps supplémentaire imposés depuis juillet à Maisonneuve-Rosemont
Et la forte demande s’explique par le fait que la capacité hospitalière ne correspond plus aux besoins de la population de l’est de Montréal, indique la médiatrice. Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (CEMTL) dessert environ 27% de la population montréalaise, alors qu’il dispose de 19% des civières et de 16% des lits.
«Ce déséquilibre, entre les besoins de la population et les capacités de CEMTL d’y répondre, crée une pression clinique accrue au quotidien sur les équipes», peut-on lire dans le rapport de Mme Lavallée.
Ce facteur accentue également l’utilisation du temps supplémentaire obligatoire. De plus, plusieurs intervenants à la médiation ont partagé «le sentiment qu’il devient difficile d’offrir un niveau de soin qui répond aux standards de bonnes pratiques».
En premier lieu, la médiatrice indique qu’afin d’éviter que se reproduise une crise similaire à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, le ministère doit diminuer la pression clinique sur les équipes du personnel et augmenter le nombre d’infirmières disponibles aux urgences.
Aussi, la direction du CEMTL et les autres acteurs pertinents doivent «poursuivent les discussions sur le projet pilote visant à favoriser l’attraction, la rétention et la disponibilité des professionnels en soins».
Sans ces premières étapes, le problème au centre hospitalier ne pourra se résorber, estime la médiatrice.
Enfin, Mme Lavallée suggère aux différentes parties de poursuivre «la collaboration patronale-syndicale», notamment en faisant preuve de transparence et en améliorant la communication entre la direction et les membres du personnel.
En revanche, la médiatrice ne fait pas de mention de la question du salaire dans son rapport, alors qu’il a été rapporté que plusieurs infirmières ont récemment quitté le centre hospitalier pour rejoindre les agences privées pour cette raison.
En réaction à ce phénomène, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a déposé un projet de loi visant à limiter le recours aux agences privées, et même à l’abolir d’ici 2026. Mais plusieurs, dont le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal, estiment que ce projet de loi n’est «qu’un recueil d’exceptions».
Rappelons qu’au début de cette crise, toute la classe politique avait fortement réagi. Le Parti libéral du Québec (PLQ) avait signalé «l’échec lamentable» du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) face aux débordements dans les urgences et dans le système en général.
De son côté, Québec solidaire avait déploré le manque de leadership répété du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, dans le dossier.