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International

«Crime d'honneur» en Italie: Prison à vie aux parents de Saman Abbas

La Cour a confirmé la peine de réclusion à perpétuité pour le père de l'adolescente, Shabbir Abbas, et sa mère, Nazia Shaheen.

Nomanoulaq Nomanoulaq arrive au tribunal concernant des allégations pour le meurtre de sa cousine Saman Abbas à Reggio d'Émilie, en Italie, le 10 février 2023.
Nomanoulaq Nomanoulaq arrive au tribunal concernant des allégations pour le meurtre de sa cousine Saman Abbas à Reggio d'Émilie, en Italie, le 10 février 2023.

Source

Associated Press
Associated Press

Une cour d'appel italienne a confirmé vendredi la peine de prison à vie d'un couple pakistanais reconnu coupable du meurtre de leur fille de 18 ans, un soi-disant crime d'honneur, après qu'elle ait refusé un mariage arrangé. Cette affaire a choqué de nombreux Italiens et est devenue un symbole de la brutalité des mauvais traitements infligés aux femmes immigrées qui se rebellent contre des règles familiales rigides.

La cour d'appel de Bologne, dans le nord du pays, a déclaré que Saman Abbas, dont le corps a été retrouvé dans une ferme en 2022, 18 mois après sa disparition, avait été tuée avec la participation de toute sa famille.

La Cour a confirmé la peine de réclusion à perpétuité pour le père de l'adolescente, Shabbir Abbas, et sa mère, Nazia Shaheen. Elle a également condamné à perpétuité deux cousins, précédemment innocentés par une juridiction inférieure.

L'oncle de Saman, Danish Hasnain, a également été condamné à 22 ans de prison pour son implication dans le meurtre. Il avait déjà été condamné à 14 ans de prison. L'affaire, qui s'est déroulée à Reggio d'Émilie, dans le nord de l'Italie, est devenue la plus médiatisée des nombreuses enquêtes criminelles menées en Italie ces dernières années concernant le meurtre ou les mauvais traitements infligés à des femmes ou des filles immigrées qui se sont rebellées contre l'insistance de leur famille à épouser la personne choisie pour elles.

Les crimes dits d'honneur sont fréquents au Pakistan, où des membres de la famille tuent parfois des femmes qui ne respectent pas les traditions et la culture locales ou qui décident d'épouser la personne de leur choix.

Le corps de Saman Abbas a été exhumé en novembre 2022 dans une ferme abandonnée près des champs où son père travaillait, dans le nord de l'Italie. Les procureurs italiens affirment que la femme a été assassinée par sa famille le 1er mai 2021. Quelques jours plus tard, ses parents ont pris l'avion de Milan pour le Pakistan.

Le père de Saman Abbas a ensuite été arrêté au Pakistan et extradé vers l'Italie pour y être jugé. Sa mère a été condamnée par contumace et a finalement été arrêtée en mai de l'année dernière après trois ans de cavale. L'oncle de la victime, ses deux cousins, son père et sa mère ont comparu en première instance en février 2023. Tous les accusés ont nié toute malversation.

Saman Abbas avait émigré du Pakistan à l'adolescence pour s'installer dans la ville agricole de Novellara, en Émilie-Romagne, au nord de l'Italie. Elle a rapidement adopté les mœurs occidentales, abandonnant notamment son voile et fréquentant le jeune homme de son choix. Dans une publication sur les réseaux sociaux, on la voit embrasser son petit ami pakistanais dans une rue de Bologne, la capitale régionale.

Selon les enquêteurs italiens, ce baiser a provoqué la colère de ses parents, qui souhaitaient qu'elle épouse un cousin pakistanais.

La jeune femme a été vue vivante pour la dernière fois le 30 avril 2021, à quelques centaines de mètres de l'endroit où son corps a été découvert sur une vidéo de surveillance, alors qu'elle se promenait avec ses parents dans la plantation de pastèques où travaillait son père.

Saman aurait confié à son petit ami qu'elle craignait pour sa vie en raison de son refus d'épouser un homme plus âgé dans son pays d'origine. Une autopsie a révélé une fracture du cou, probablement causée par strangulation.

En 2019, l'Italie a fait du mariage forcé d'un citoyen ou d'un résident italien, même à l'étranger, une infraction pénale au regard des lois sur les violences conjugales.

Suite à la disparition de la jeune fille, l'Union des communautés islamiques d'Italie a publié une décision religieuse rejetant les mariages forcés.

Source

Associated Press
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