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Passons en revue son bilan.
Justin Trudeau a reculé sur l’élément central de son programme politique. Il a annoncé jeudi dernier une suspension temporaire de 3 ans de la taxe du carbone sur le mazout. Avec ce geste, il ne reste plus grand-chose de sa crédibilité et de son identité politique.
Lorsque Justin Trudeau a accédé au pouvoir en 2015, il y avait 4 éléments phares qui définissaient sa personnalité et sa vision politique. Sa pièce maîtresse? La taxe sur le carbone. C’était le grand élément qui différenciait la vision libérale de celle des conservateurs sur l’environnement. En suspendant une partie de la tarification sur le carbone, il vient de retirer un pilier de sa fondation politique, déjà précaire, en ouvrant une brèche.
Il y avait également dans son programme, en matière de priorités: la réconciliation autochtone, les politiques féministes et la défense des droits LGBT. Sur le plan des finances publiques, il devait faire des «modestes déficits». Finalement, le Canada serait de retour sur la scène internationale, avec fameux Canada is back.
Passons en revue son bilan.
Sur les affaires étrangères, le verdict est sans appel. Les costumes en Inde, le gel des relations avec l’Arabie Saoudite pour un gazouillis, la Chine, l’Inde (encore), l’ovation d’un nazi au Parlement. Même sur le conflit Israël-Hamas, Justin Trudeau a attendu trois jours avant de finalement accepter la version israélienne, confirmée par les États-Unis, sur le bombardement de l’hôpital à Gaza, un samedi, à 22 heures.
Or, il faut se rappeler qu’en juillet 2021, Justin Trudeau devenait le «doyen» du G7, avec le départ d’Angela Merkel. Le 9 octobre, il n’a pas été invité à un appel avec l’Italie, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Bizarre qu’on n’invite pas «le doyen». Le Canada est absent de plusieurs initiatives et forums internationaux (l’IPEF, l’AUKUS et le QUAD). Il a reçu moins de soutien pour un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU que du temps où Stephen Harper était aux commandes du pays.
Sur la réconciliation autochtone, oui, Justin Trudeau a un désir sincère de faire des progrès et on ne peut pas douter de ses convictions. Sauf, lorsqu’il va faire du surf lors de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Ou lorsqu’il rétrograde la première femme autochtone ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, pour lui avoir tenu tête, ce qui a poussé madame Wilson-Raybould à la démission. Cela fait mal à son image de féministe et aux efforts de réconciliation.
Oui, il y a eu du travail de la part du gouvernement Trudeau pour faire lever les avis d’ébullition et d’avoir de l’eau potable dans les réserves. Ainsi que des règlements pour des compensations. Il y a aussi beaucoup de symbolique avec cette mention d’un «territoire traditionnel non cédé» avant chaque prise de parole.
On en conviendra, la nomination de Mary Simon à titre de gouverneure générale est un geste important. La réalité est qu’elle fait plus parler d’elle pour ses dépenses. La nomination de Julie Payette avant elle, comme élément d’une politique féministe du gouvernement Trudeau, est à radier des livres d’Histoire.
Il faut souligner la récente nomination de la juge albertaine Mary Morneau à la Cour Suprême. Pour la première fois, les femmes sont majoritaires (5 sur 9), avec cette troisième nomination de Justin Trudeau. Il dépasse ainsi Stephen Harper qui avait ouvert la voie, avec la nomination de deux femmes avant lui.
Justin Trudeau a même voulu jouer la ligne dure avec l’Italie sur les droits de la communauté LGBTQ+. Comme si l’Italie n’est pas un état de droit et qu’il n’y a pas des tribunaux, si le gouvernement italien allait trop loin. Un des faits d’armes du gouvernement Trudeau est l’utilisation de l’acronyme 2ELGBTQI+.
Justin Trudeau vient de reculer sur l’élément le plus fondamental de sa politique environnementale. Sur son identité et sa crédibilité, avec la suspension temporaire de la taxe carbone sur le mazout.
Oublions un instant qu’il a acheté un pipeline, Trans Mountain, après que Kinder Morgan se fut retiré, car cela devenait impossible de respecter les conditions du gouvernement. Ce pipeline, financé par le privé et qui devait coûter 7 milliards. La facture est aujourd’hui de plus 30 milliards pour le contribuable canadien. Cela fait longtemps que plus personne ne croit à sa promesse de 2019 de planter 2 milliards d’arbres.
Le gouvernement Trudeau, au plus bas dans les sondages, recule sur la taxe sur le carbone pour privilégier l’Atlantique. Il y a deux éléments à considérer. C’est, disons-le, un aveu d’échec de sa politique. Et cela donne raison aux arguments des conservateurs qui, depuis le début, affirment que cela nuit aux ménages canadiens.
La deuxième est que cette mesure est ciblée pour les provinces des Maritimes. Pourquoi ? Parce que les députés libéraux de cette région ont fait pression. Il n’y a pas de députés libéraux dans l’Ouest (ou très peu), qui utilisent du gaz. On l’a appris de la bouche même de la ministre libérale Gudie Hutchings ; ils n’ont qu’à élire des députés libéraux dans les Prairies. Bravo pour gouverner pour l’ensemble des Canadiens!
Cela ne va certainement pas aider à l’unité canadienne. Cela s’ajoute à L’Alberta qui veut se retirer du Régime de pension du Canada. Au Québec, Paul St-Pierre Plamondon, qui utilise sa gestion des fonds publics pour justifier son budget d’un Québec souverain. Car il n’y a pas eu des «déficits modestes» sous Justin Trudeau: la dette fédérale a doublé et la bureaucratie fédérale a augmenté de 40%, sans qu’on puisse dire que les services se sont améliorés (on n’a qu’à penser aux passeports).
On peut donc se demander sur quels thèmes Justin Trudeau reculera. Ah oui, j’oubliais: les armes à feu. Il a repoussé l’échéance pour l’amnistie après l’élection de 2025. C’était pourtant une mesure énoncée à la suite de la fusillade en Nouvelle-Écosse en 2020.
Il ne reste plus beaucoup de pierres dans la fondation de l’édifice libéral de Justin Trudeau.