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Politique
Chronique |

Québec solidaire est dans la «schnoutte»

Le parti de gauche a bien mal géré ses affaires dans Jean-Talon.

La controverse entourant l’investiture de Québec solidaire (QS) pour l’élection partielle dans Jean-Talon n’est que le prélude de ce qui attend QS. Malgré l’appel à imposer une candidature féminine, les membres de la circonscription ont préféré leur candidat, Olivier Bolduc, qui aura son nom sur le bulletin de vote pour une troisième fois, et ce, sans l’appui de l’establishment solidaire. 

Le parti de gauche a bien mal géré ses affaires dans Jean-Talon. En précipitant l’investiture, les autorités du parti n’avaient aucune chance de favoriser l’élection de Christine Gilbert. Pas le temps de vendre des cartes de membres… C’est le candidat bien établi qui allait évidemment l’emporter, rien de surprenant ici.

Mais Québec solidaire a un plus gros problème. L’hiver dernier, le congrès a voté une résolution voulant que des circonscriptions dites «gagnables» soient réservées à des candidatures féminines. Cela peut sembler louable, surtout que le caucus de QS n’est pas paritaire à l’heure actuelle, mais la théorie se fracasse rapidement et violemment à la réalité.

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La réalité, c’est que selon les statuts du parti, ce sont les membres de chaque circonscription qui choisissent les candidats. Le congrès souhaite donc «imposer» des candidates. Les autorités de QS se retrouvent donc prises entre le congrès et les membres locaux. Aller de l’avant avec cette idée aura pour effet de retirer du pouvoir aux membres locaux. Alors que de refuser de mettre la résolution en pratique équivaudrait à retirer du pouvoir au congrès. Catch 22.

Ruba Ghazal en campagne

La candidate à la «porte-parolerie féminine» (car oui, ce rôle est genré chez QS), Ruba Ghazal, y est allée d’une sortie publique alors que Joëlle Boutin n’avait même pas fini d’expliquer les raisons de sa démission en point de presse. Ghazal a indiqué vouloir une femme dans Jean-Talon, et elle a réitéré cette idée d’imposer des candidatures féminines, conformément au souhait du congrès.

Il s’agit toujours d’un risque pour des députés ou les autorités d’un parti de se mêler des investitures. Maintenant que les membres de Jean-Talon ont envoyé paître Ghazal et compagnie, Olivier Bolduc démarre sa campagne affaiblie, avec l’impression que son parti ne voulait même pas de lui puisqu’il avait eu le malheur d’être un monsieur.

Alors que fera QS?

Les solidaires sont pris dans un piège, et ils doivent être en train de se demander comment ils vont faire pour ne pas vivre des mélodrames à chaque investiture. Mais tant que les statuts ne sont pas changés, ils n’ont pas d’autre choix que de continuer d’essayer, quitte à se faire humilier par les membres locaux.

L’autre problématique est d’ordre stratégique. En politique, les partis évitent généralement de dire quels sont les comtés cibles. La raison principale est qu’inévitablement, les comtés « pas cibles » sont ainsi dévoilés. Il est extrêmement démotivant pour des candidats et des bénévoles de se faire dire que la circonscription dans laquelle tu mets des efforts n’est pas considérée comme prenable. Donc, comment QS va-t-il identifier les comtés dans lesquels imposer des candidatures féminines? Mystère.

Puis, on est en droit de se demander comment QS va définir une candidature féminine. La formation politique, championne de la défense et de la promotion de la diversité de genre, a des paramètres finalement très genrés. Est-ce qu’une personne non binaire pourra prendre un comté prenable ? Dans ce cas, ne discriminerait-on pas grossièrement les hommes? Quand on essaie de mettre tout le monde dans des petites catégories d’identité de genre, d’origine ethnique, d’orientation sexuelle, on finit sans doute par discriminer davantage que d’inclure et de diversifier.

L’objectif est louable, mais QS a pris un chemin miné. On leur souhaite bonne chance!