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J’ai envie de vous dire de jeter un œil sur votre culture d’ici.
Depuis l’annonce de cette diabolique menace de taxe américaine au début janvier, un vent d’appartenance aux produits locaux déferle sur le Québec, et qui souffle presque aussi intensément que la tempête du week-end dernier. Et c’est une bonne nouvelle.
En fait, c’est ce qu’on aurait dû toujours faire. Et comprenez-moi bien, ce n’est pas parce que j’achète ma mayo québécoise que je ne peux plus me commander un t-shirt sur un site américain. Je veux dire par là, que l’un n’empêche pas l’autre. Je prône l’équilibre. Et surtout, je ne juge pas. Je mène ma barque et je n’ai pas la prétention de dire aux autres comment manœuvrer la leur.
On parle beaucoup aussi, ces jours-ci, de la culture québécoise. Qu’on doit aussi la consommer, la faire vivre et lui donner aussi d’importance que les œufs du Québec. C’est vrai. La culture, même si les temps sont durs, fait vivre beaucoup de gens. Et pas juste les artistes. Il y a plein de boulots connexes qui en dépendent.
Depuis le mois d’octobre, j’ai la chance de jouer au théâtre dans «La cage aux folles». Nous en sommes à plus d’une quarantaine de représentations et nos salles sont toujours pleines. Pas sold out, mais ce n’est jamais très loin d’afficher complet. Et je veux dire merci à chaque spectateur qui nous a choisis. C’est un sapré beau privilège.
Dans toute cette marée de possibilités de beaux et bons spectacles d’ici et d’ailleurs, tu nous as choisis. On ne se mentira pas, le contexte social et économique en ce moment fait en sorte qu’une grande partie des gens n’a pas les moyens de se payer un nombre important de sorties. Le budget plaisir et relaxation est souvent réduit au minimum. Et c’est normal.
Donc, je l’apprécie encore plus quand vous êtes assis devant moi un soir de show. Marci ben!
Chaque année, je le répète à mes étudiants et étudiantes qui finissent leur formation à l’École nationale de l’humour: en sortant d’ici, vous devenez de petites PME sur deux pattes. Nous sommes un produit de la culture. Et je ne dis pas ça de façon péjorative ou pour minimiser l’artiste qu’on peut être et l’art qu’on exerce.
Je le dis parce qu’on offre «un service», on a des contrats, on est dans un marché compétitif entre nous et avec l’offre qui vient de l’extérieur. On a un talent et une image qu’on met de l’avant pour gagner notre vie. On mise sur nos atouts pour perdurer et pratiquer notre métier au même titre que tout un chacun. Nous sommes notre petite entreprise avec ses hauts et ses bas.
J’ai envie de vous dire de jeter un œil sur votre culture d’ici. Elle est belle cette industrie cuturelle, riche et imaginative. Je ne veux pas que vous nous encouragiez comme si on était une œuvre de charité. Je ne fais pas pitié. J’ai envie que vous choisissiez de la culture québécoise qui vous allume, qui vous ressemble et qui vous fait triper. Que ce soit un coup de cœur. Nos livres, notre télé, notre cinéma, notre musique, nos spectacles, nos plateformes de diffusion et alouette.
Et l’idée, ce n’est pas de se refermer sur notre petit nombril culturel. Je peux très bien écouter une série québécoise sur Crave et aller voir le dernier Marvel au cinéma. Je peux lire Marie-Chantal Perron et Stephen King.
Bon, tu me diras que je ratisse large côté lecture, mais c’est ça la beauté de la chose, la diversité. Ce n’est pas parce que tu as Disney plus pour prendre un break de tes enfants que tu ne peux pas aller voir Ari Cuicui avec eux pour aussi prendre un break.
Je reviens avec mon idée d’équilibre. Je sais que je suis gossant avec ça, mais c’est ça pareil: trouver son équilibre culturel entre ici et ailleurs.
J’aurais juste envie qu’on explore un peu plus ce qui se fait chez nous. Juste prendre le temps de jeter un œil sur ce qu’on propose ici alors qu’on pond des tonnes de petits bijoux culturels.
Asteure, va te bourrer la face d’art d’ici.
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