Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Politique
Chronique |

Le cul-de-sac de Trudeau

Malgré une semaine chaotique avant Noël, le pire est peut-être encore à venir pour le premier ministre en 2025.

La semaine dernière fut marquée par l’une des séquences les plus étranges et inattendues de l’histoire politique canadienne récente. La saga entourant la démission de Chrystia Freeland restera gravée dans les annales, non seulement pour ses effets qui se font encore ressentir, mais surtout pour les doutes qu’elle soulève sur la gestion stratégique du gouvernement Trudeau.

Une crise volontaire et mal gérée

Dès le départ, la décision du premier ministre de limoger sa ministre la plus fidèle et influente soulève des interrogations. Pourquoi annoncer son renvoi cinq jours avant un remaniement potentiel et trois jours avant une mise à jour économique cruciale ? Surtout sans s’être assuré d’un successeur prêt à prendre le relais ? Cette erreur stratégique fut assurément la cause de cette soudaine démission qui a engendré une instabilité difficilement explicable pour un gouvernement qui se doit de projeter une image de leadership solide sur la scène mondiale.

L’absence de Justin Trudeau au Parlement, dans les médias et sur la scène publique pour justifier cette décision amplifie encore davantage l’incompréhension. Son refus d’expliquer clairement les raisons de cette crise et ses déclarations les minimisant, évoquant une simple « chicane de famille », est disons-le, troublant. En gestion de crise, ce type de silence et de déni constitue une leçon parfaite de ce qu’il ne faut pas faire. La communication est un outil essentiel dans de telles situations, et l’omission de s’y conformé a plongé le gouvernement dans une tempête politique.

Infolettre
🤑 Jour de paye
Une infolettre pour vous aider à arrondir les fins de mois sans tracas.

À VOIR ÉGALEMENT | Crise à Ottawa: Jean-Yves Duclos explique pourquoi il a toujours confiance en Justin Trudeau

Trois scénarios, aucun gagnant

Malgré une semaine chaotique, le pire est peut-être encore à venir pour Justin Trudeau. Le début de la nouvelle année l’obligera à choisir une voie parmi trois scénarios. Et aucun de ces scénarios ne lui offrira une issue favorable.

Scénario A : rester en poste

Dans ce scénario, Trudeau décide de demeurer en poste et de poursuivre son mandat. Cependant, il devra affronter un feu nourri de critiques de la part de l’opposition, des dissidents au sein de son propre parti, et même de personnalités de la scène internationale comme Donald Trump.

Chaque jour, son leadership sera remis en question.

Dans un contexte économique tendu et face aux pressions de notre voisin américain, ce choix ressemble à une lente agonie politique. S’ajoute à cela la quasi-certitude de perdre un vote de confiance, ce qui exposerait Trudeau à des accusations d’avoir sacrifié la stabilité du pays pour des raisons personnelles.

Scénario B : céder sa place et déclencher une course à la direction du PLC

Un autre scénario serait que Trudeau annonce son retrait et laisse place à une course à la direction du Parti libéral du Canada. Mais cela impliquerait de proroger le Parlement pour éviter que l’opposition ne fasse tomber le gouvernement, ou de risquer une élection précipitée avec un chef qui assurerait l’intérim. Dans les deux cas, les libéraux se retrouveraient face à une mission quasi impossible : reconstruire une équipe, élaborer une plateforme et convaincre l’électorat dans un laps de temps restreint et dans un contexte hyper négatif.

Une défaite écrasante semble presque inévitable dans ce contexte.

Scénario C : déclencher une élection

Dans ce scénario, Justin Trudeau choisit de provoquer des élections anticipées, espérant transformer la crise en opportunité. Il pourrait justifier ce choix en affirmant que le Canada a besoin d’un gouvernement fort pour affronter la menace croissante posée par l’administration Trump. Ce serait sans doute la question de l’urne et une tentative de reprendre l’initiative et d’obtenir un mandat clair de la population.

Cependant, la réalité est bien plus sombre. Les libéraux sont dans une position de faiblesse historique, et les sondages reflètent une confiance au plus bas.

Déclencher une élection maintenant, c’est se jeter dans l’arène avec toutes les cartes contre soi.

Les libéraux risquent de subir une défaite écrasante, voire historique.

Ce choix serait l’équivalent d’un all-in politique : un geste spectaculaire, mais probablement fatal.

Qu’importe le scénario choisi, Justin Trudeau et son entourage ont plongé le Canada dans une impasse politique. Le temps des Fêtes lui offre une courte période pour réfléchir à la meilleure stratégie, mais aucune ne semble réellement bénéfique pour ses chances de succès. Pendant ce temps, le président élu Donald Trump continue de multiplier les attaques contre le Canada sur ses réseaux sociaux, exacerbant les craintes pour notre économie.

Car il est là, le ridicule de la situation : il n’y a probablement pas de pire idée que de créer une crise politique interne alors qu’une tempête externe d’une ampleur sans précédent se prépare. Trouver une issue favorable à cette crise tient du genre de miracle que même le Père Noël ne peut réaliser. 

En attendant la suite, j’en profite pour vous souhaiter un très joyeux noël et une année 2025 remplie de joies, de réussites, de bienveillance et de débats constructifs.