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Une petite anecdote de la féérie des Fêtes.
On est début décembre et lentement, mais sûrement, on entre dans cette féérie des Fêtes. Ce moment de l’année où quelquefois, on a l’impression de vivre dans un film Hallmark. Mais sans le doublage français de France un peu chelou. Voici donc une petite anecdote à propos.
L’emballeur venait de mettre mon dernier sac de plastique recyclable pour sauver la planète du plastique dans mon panier d’épicerie et je me dirigeais à grande vitesse vers la sortie. Pas que j’étais pressé, mais je marche toujours vite comme si je suis pressé.
Donc, j’ai toujours l’air pressé. En arrivant devant les portes automatiques de la sortie extérieure, je me retrouve derrière une dame d’un certain âge qui marche avec de la difficulté et elle porte deux sacs en plastique recyclable pour sauver la planète du plastique qui débordent. Voyant que ça l’air plutôt ardu tout ça, je l’interpelle pour lui proposer de porter ses sacs jusqu’à sa voiture. J’accompagne même ma proposition de mon sourire de photo de casting.
Comme tout être humain en 2024, elle me regarde avec des yeux de soupçons tout en serrant ses sacs comme si j’allais voler ses six clémentines qui semblent vouloir fuir de son sac en plastique recyclable. Elle me reconnaît et ça fait instantanément baisser sa garde.
D’abord, elle refuse mon lift de panier jusqu’à sa voiture prétextant qu’elle n’est pas stationnée bien loin. Pas que je veux avoir l’air d’insister comme si je la prenais pour une personne totalement dysfonctionnelle, mais je lui assure que ça me ferait plaisir. Elle finit par accepter en me remerciant. Deux temps, trois mouvements, ses clémentines étaient saines et sauves dans mon panier.
Effectivement, sa voiture n’était pas loin, mais même avec cette courte distance, j’ai eu le temps d’apprendre qu’elle avait eu une opération à la hanche ce qui rendait la marche encore un peu difficile, mais qu’elle avait toujours pris de longues marches chaque jour parce que selon elle, c’est bon pour le cœur, les poumons et ça aère les idées. Je suis plutôt d’accord.
Elle n’habite pas loin de l’épicerie, dans un condo avec son mari qui est très actif lui aussi. Elle a toujours vécu à Boucherville. Une ville qu’elle a vu grandir en grand. Dans son temps, là où l’épicerie, c’était un champ. Après avoir déposé ses sacs en plastique recyclable pour sauver la planète du plastique, je me tourne vers la dame pour la saluer une dernière fois et aussi mettre fin à la conversation et je la vois tout sourire qui me tend un cinq dollars. Pour me remercier, dit-elle.
Tout à coup, je me sens comme un ado de 15 ans qui travaille à l’épicerie les week-ends. Je me mets à rire fort, pas d’elle bien sûr, son geste est trop cute. Je ris juste de la situation. Je lui explique que je trouve ça très gentil, mais que ce n’est pas nécessaire parce que je voulais juste lui donner un coup de main. Un geste de petite gentillesse gratuit.
S’ensuit un jeu de ping-pong de: «prend-le», «non je ne le prends pas». Elle finit par me dire: «Prenez-le!» Ça me fait plaisir aussi. Je vous ai déjà entendu dire que vous aimiez les cafés Starbucks, allez vous chercher un café. Il y a justement un café Starbucks dans l’épicerie.
Comme je ne suis pas pressé, mais qu’il faut quand même que nous deux vies continuent, je finis par prendre les cinq dollars en papier. On se remercie mutuellement avant que nos chemins se séparent sur fond de sourires chaleureux.
Je me retrouve assis dans ma voiture à rire encore de la situation. Toujours avec mes cinq dollars dans les mains. Je jette un œil vers l’épicerie et je me dis: Ben quin ! Pourquoi pas ! Je suis ressorti de ma voiture et je suis allé m’acheter mon café pref avec mon cinq dollars cadeau.
Bon, j’ai dû payer un léger surplus parce que le café est maintenant victime de réduflation. Mais peu importe. Même si c’est le même café que d’habitude, il goûtait cent fois meilleur. Parce qu’il avait le goût de la récompense d’un petit geste de gentillesse. Pendant un bref moment, j’étais un ado qui se payait un petit luxe avec sa paie de gardiennage.
La madame était contente d’avoir eu de l’aide et le monsieur était content de se faire offrir un grand moka blanc avec un tit peu de crème fouettée sul' top.
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