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Pourquoi organise-t-on des événements qui ne sont carrément pas dans nos moyens ? Oh, je le sais, vous allez me dire que tous vos amis-es ont été enchantés-es de subventionner vos noces. NON. Ils mentent.
Calmez-vous, je n’ai pas convolé en justes noces avec le prince des REER, Pierre-Yves McSween. Juste à lire son plus récent livre (La facture amoureuse) pour savoir ce qu’il pense de la sacro-sainte institution du mariage. De plus, je suis divorcée.
Donc, additionnez ça ensemble pis comprenez que la probabilité qu’on se marie est équivalente à Éric Duhaime qui se lèverait un matin et proclamerait être devenu woke. Pas impossible, mais quasiment nul.
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Je vous parle de ça parce qu’avec le beau temps débute la saison des mariages. Tellement que Nathalie Normandeau en a fait une ligne ouverte à son émission. Selon la planificatrice de mariages invitée, ça se marie sur un moyen temps en ce moment. Sûrement un des résultats de la pandémie. Les gens ont envie de se promettre des affaires et d’organiser de gros partys. Ce bout-là, je le comprends aisément.
L’un des sujets abordés pendant l’heure a été celui de faire payer ou non ses invités pour assister à la fête. Que des gens fassent payer leurs convives pour prendre part à la célébration de leur amour, comme ils disent, ç’a m’a toujours rendue mal à l’aise. Je sais, chacun fait ce qu’il veut, mais je n’ai jamais compris cette tendance qui, si je ne m’abuse, est assez québécoise, de faire payer les invités à une fête qu’on organise.
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Mais, avant de rentrer dans le vif de ce sujet qui, je le sais, est hautement explosif, permettez-moi un petit détour. Je vous l’ai déjà dit, jadis, je me suis mariée. La célébration a eu lieu un vendredi après-midi dans un bureau de notaire de l’Est de la ville. J’avais travaillé le matin, et j’étais allée acheter ma tenue de noce sur mon heure du dîner. Coût total de la célébration : moins de 350 $
Mettons que ça clashait avec le mariage à venir de mon boss de l’époque, qui planifiait, avec sa future épouse, ledit événement depuis deux ans. Quand il m’a vue partir, le cœur guilleret, vers le métro Mont-Royal afin de me rendre en transport en commun à mes propres festivités, j’ai lu l’envie dans ses yeux. Je suis certaine qu’il aurait aimé ça, lui aussi, payer le notaire pis partir en voyage de noces pis c’est tout. Au lieu de ça, c’était 500 invités et une facture de plus de 100 000 $.
Comprenez-moi bien. Je n’ai rien contre les gens qui décident de se marier en grande. Sauf que ça n’a jamais été important, pour moi, le film de princesse avec la grosse robe blanche qui ferait ressembler n’importe qui a une gigantesque meringue. Je n’ai jamais fantasmé une première danse sur une musique jouée par l’orchestre symphonique. Je n’ai jamais rêvé de descendre les marches d’une basilique avant de voir s’envoler des centaines de colombes. Non. Moi, je voulais juste faire ça simple. C’est une question de goût et de priorités, et je ne vous juge aucunement si vous décidez d’y aller pour le show boucane. Là où je décroche, par exemple, c’est si vous me demandez de le payer.
Quand j’assiste à un mariage, j’ai envie de décider à combien s’élèvera mon « don » pour la soirée. Et si je me fie aux témoignages que j’ai entendus à la radio, je ne pense pas être la seule. Ce n’est pas une étude empirique, mais j’ai l’intuition que les gens seront beaucoup plus généreux avec vous s’il n’y a pas de montant imposé à la porte.
Je pense que pour comprendre pourquoi il en va ainsi, il faut revenir à l’essence même de la tradition. Pourquoi donnait-on des cadeaux et de l’argent aux mariés ? Avant, on offrait des objets utiles ou de l’argent au couple pour qu’ils puissent se partir en ménage. C’était une façon d’encourager les jeunes mariés pour leur vie future. Un genre de poussée dans le dos familiale et communautaire.
C’est rare, maintenant, qu’on assiste à l’union de deux personnes qui vivent encore chez leurs parents. En ce sens, on a plus vraiment l’impression de contribuer à la vie future de gens qu’on aime. Donner de l’argent ou des cadeaux n’a plus tout à fait la même signification.
Je me pose donc plein de questions : pourquoi organise-t-on des événements qui ne sont carrément pas dans nos moyens ? La pression vient d’où ? On veut d’épater qui ? On désire correspondre à quelle image ? On participe à quelle industrie ?
Il n’existe aucune histoire d’amour qui a besoin d’un tour de calèche ou d’un repas 12 services pour être valide. Et une fête à 100 000 $ ne fait pas drastiquement chuter les probabilités de divorce. Les dettes, en revanche, les font augmenter. Les chances de divorcer, je parle.
Quand on n’a pas les moyens de louer la salle de bal du Ritz Carlton ou de faire chanter Jeanik Fournier le jour J, peut-être que ça serait plus cohérent de revoir nos attentes à la baisse ? Si je t’invite à souper chez nous, mettons, est-ce que je vais te charger 25 piasses à l’entrée sous prétexte que le filet mignon, ça coûte cher et que je n’aurais pas les moyens de t’en servir sinon ? Non, je vais juste cuisiner quelque chose qui correspond réellement à mon niveau de revenus.
Oh, je le sais, vous allez me dire que tous vos amis-es ont été enchantés-es de subventionner vos noces. NON. Ils mentent. Ce n’est pas vrai. Ils ont payé parce qu’iels se sentaient obligés-es. À cause de la pression sociale et oui, parce qu’ils ne voulaient pas rater l’heureux événement. Vous êtes importants pour eux.
Sauf que dans l’auto, en y allant, ils ont bougonné et se sont plaints parce qu’ils devaient, en plus de vous acheter un cadeau et de se payer des vêtements chics, payer pour la soirée.
Que celui ou celle qui n’a jamais eu ce genre de conversation en allant à un mariage me jette la première jarretière.
Pour me raconter une histoire ou si vous voulez témoigner de quelque chose qui vous tient à cœur, écrivez-moi un courriel: genevieve.pettersen@bellmedia.ca