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Celui ou celle qui se lancera dans cette aventure devra croire fermement en sa capacité d’obtenir un résultat honorable aux prochaines élections.
Avec sa démission, attendue et souhaitée par de nombreux libéraux, Justin Trudeau a annoncé le début d’une course à sa succession. Ce processus, qu’il espère «compétitif», offrira aux libéraux une occasion de chercher un souffle de renouveau dans les semaines à venir.
Cependant, la mission s’annonce périlleuse et, à la lumière des sondages actuels, quasi impossible. Celui ou celle qui se lancera dans cette aventure devra croire fermement en sa capacité d’obtenir un résultat honorable aux prochaines élections, tout en espérant que les membres du parti lui accordent le temps nécessaire pour rebâtir le Parti libéral du Canada (PLC) sur un chantier de cinq ans. Sans cette conviction, les candidatures risquent d’être peu nombreuses.
À la lumière des déclarations, des rumeurs et des échos provenant d’Ottawa, qui pourrait oser prendre le risque de devenir chef du PLC pour seulement quelques mois? Faisons le tour des personnalités qui ont manifesté un intérêt ou qui pourraient le faire.
Elle est celle qui aurait donné la poussée finale dans le dos du premier ministre pour l’inciter à quitter. Mme Freeland a déjà exprimé son intention de rester députée et n’a pas caché ses ambitions de succéder à Justin Trudeau.
Elle bénéficie d’un soutien solide au sein du caucus actuel et pourrait profiter d’une course rapide. Cependant, son talon d’Achille demeure l’héritage économique de Justin Trudeau, qu’elle devra assumer tout au long de la course et, possiblement, durant une campagne électorale à titre d’ancienne ministre des Finances.
Elle est donc, ironiquement, la candidate rêvée de Pierre Poilievre, qui n’aurait pas à modifier ses principales lignes attaques sur l’inflation, le déficit ou les taxes.
Même si Mme Freeland dispose d’appuis nombreux, elle ne fait pas l’unanimité. Il ne serait donc pas surprenant que d’autres membres du conseil des ministres se joignent à la course.
François-Philippe Champagne a souvent exprimé son ambition de diriger un jour le PLC comme son mentor, Jean Chrétien. Reste à voir s’il participera immédiatement ou attendra une autre occasion, surtout si le prochain chef ne tient le volant que quelques mois.
Mélanie Joly, dont le nom circule depuis un moment, pourrait également tenter sa chance. Son «potentiel» a même fait l’objet d’un article dans le New York Times récemment. Cet article aurait tellement déplu à l’entourage de Justin Trudeau, que celui-ci aurait proposé la responsabilité des relations avec les États-Unis à Mme Freeland, retirant ainsi un enjeu clé du mandat de Mme Joly aux Affaires étrangères.
Avec la démission de Trudeau, il semble probable qu’elle puisse se lancer. Toutefois, consciente des défis actuels et de l’alternance entre chefs québécois et ceux issus d’autres provinces au sein du PLC, elle pourrait décider de dire : «À la prochaine fois.»
Pour Anita Anand, députée d’Oakville, la situation pourrait être différente. Réputée pour son efficacité, notamment dans la gestion de l’approvisionnement durant la pandémie, elle pourrait séduire ceux qui souhaitent éviter l’association de Freeland avec l’impopularité de Trudeau, tout en soutenant une candidature expérimentée.
Cependant, elle souffre d’un déficit important de notoriété. Dans une course fragmentée, elle pourrait néanmoins tirer profit d’un vote divisé entre des candidates comme Freeland et Carney.
Ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Mark Carney aurait multiplié les appels ces derniers jours.
Son expérience économique lui confère une crédibilité inégalée parmi les potentiels candidats, mais son manque de charisme et de notoriété constitue un sérieux handicap.
Plusieurs pourraient le voir davantage comme ministre des Finances que comme premier ministre. Aussi, son rôle récent comme conseiller économique de Trudeau pourrait soulever des questions, notamment sur sa participation à des décisions impopulaires, comme le congé de TPS ou les chèques de 250 $ promis pour avril (et peu probables).
Malgré tout, il reste un candidat externe sérieux, bien préparé et capable de participer au débat économique que les conservateurs proposeront certainement à l’électorat.
Ancienne première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark est la seule de cette liste à avoir déjà gouverné sans lien direct avec le PLC actuel. Représentante d’une mouvance libérale de centre droit, elle offrirait une véritable rupture avec l’ère Trudeau.
Toutefois, son niveau de français, en cours d’amélioration grâce à des leçons intensives, pourrait poser problème si la course se déroule rapidement. Le temps nous dira si elle prendra ce pari ambitieux.
Les règles de la course et sa durée seront des facteurs déterminants pour savoir qui osera tenter de renverser des sondages qui donnent actuellement une avance de 25% aux conservateurs. Le temps presse pour des libéraux qui ont jusqu’au 24 mars pour choisir un ou une chef sans prendre le risque d’être renversés en chambre sans avoir de nouveau visage à présenter en élection.