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Cette décision, qui vise à mettre fin au profilage racial dont sont victimes plusieurs personnes noires au Québec, fait réagir.
Plusieurs organismes à la défense des droits de la personne l'ont salué. Le courage de Joseph-Christopher Luamba, 22 ans, qui est à l’origine de ce litige, est particulièrement souligné.
«On s’est dit “enfin”. Donc on ne pouvait plus parler d’aléatoire. Les chiffres au niveau des statistiques faisaient en sorte que c’était clairement discriminatoire», a exprimé le président de la Ligue des Noirs du Québec, Max Stanley Bazin.
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Cependant, les interceptions policières sur la route ne sont que la pointe de l’iceberg, selon M. Bazin.
Selon Me Laura Berger de l’Association canadienne des libertés civiles, la décision de la Cour supérieure est la même importante à être tombée au courant de sa carrière.
«C’est une décision qui aura un impact, non seulement au Québec, mais qui aura une influence qui, nous l’espérons, va rayonner au-delà du Quénec», a soutenu Me Berger.
Du côté des policiers, on explique que ces interceptions aléatoires servent un objectif de sécurité, notamment afin de vérifier l’état d’ébriété et la validité du permis de conduire des automobilistes.
«Tous les directeurs de police du Québec reconnaissent la notion de profilage racial […] Ça va enlever un grand nombre d’interceptions de véhicule et ça va avoir d’autres impacts. C’est toujours un équilibre entre les droits de la personne […] puis la sécurité de la population», a expliqué le président de l’Association des directeurs de police du Québec, Pierre Brochet.
S’il le désire, le gouvernement du Québec peut tenter d’en appeler de cette décision. Sinon, les corps policiers auront six mois pour adapter leurs procédures.
Le premier ministre François Legault affirme qu'il faut «laisser les policiers faire leur travail» et qu'il est trop tôt pour dire si Québec interjettera appel du jugement de la Cour supérieure qui interdit aux policiers de procéder à l'interception de véhicules sans motif valable.
Au lendemain de la décision rendue par le tribunal, qui est saluée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) comme une «avancée majeure» contre le profilage racial, M. Legault a dit mercredi qu'il allait prendre le temps de l'analyser.
Questionné à savoir si Québec allait contester la décision, le premier ministre a simplement répondu: «On n'est pas là.»
En point de presse, avant la réunion hebdomadaire de son conseil des ministres, M. Legault a par ailleurs exprimé son appui aux corps policiers.
«Il faut comprendre qu'il faut laisser les policiers faire leur travail, quand on voit la violence qu'il y a à Montréal dans certains quartiers. Et moi j'ai totalement confiance dans les policiers et il est important de les appuyer», a-t-il affirmé.
La CDPDJ a dit croire que cette décision venait «surtout reconnaître l'impact de ces interpellations sur des dizaines de milliers de personnes noires qui sont stigmatisées et surveillées à chaque fois qu'elles sont sur la route».
«Celle-ci va dans le sens de ce que la Commission a recommandé à plusieurs reprises, à savoir l'interdiction immédiate et définitive de toutes les interpellations policières sans motif réel des piétons et passagers de véhicule», a-t-elle indiqué par communiqué.
Voyez le reportage de Fanny Lachance-Paquette dans la vidéo.
Avec des informations de La Presse canadienne.