Début du contenu principal.
La société d'État dit qu'elle ne peut à elle seule faire battre le cœur d’un centre-ville.
Il ne faut pas compter sur la Société des alcools du Québec (SAQ) pour maintenir l'achalandage d'une rue principale ou la revitaliser.
La société d'État a ainsi fait savoir jeudi qu'elle refuse d'imposer le moratoire demandé par une coalition d'élus et d'organismes qui s'oppose à la fermeture de huit succursales situées dans des centres-villes.
Elle pourrait même en fermer d'autres, selon le grand patron de la SAQ, Jacques Farcy.
«La SAQ ne peut pas, à elle seule, faire battre le cœur d’un centre-ville ou d'une rue principale», a répondu la porte-parole de la SAQ par courriel jeudi à une série de questions de La Presse Canadienne.
«La SAQ s'implante dans des secteurs où il y a une vie active, des services de proximité pour le client et de la complémentarité.»
Mercredi, le ministre des Finances, Eric Girard, qui avait aussi été interpellé pour intervenir à titre de responsable de la SAQ, avait également refusé de remettre en question la décision de la SAQ.
Les cinq succursales qui sont condamnées sont celles de Stanstead; de Promenade du Portage, à Gatineau; de Baie-d'Urfé; du Campanile, à Québec; et de Ville-Émard, à Montréal.
Au début du mois, la SAQ avait annoncé la fermeture de trois succursales, dans le secteur Chicoutimi, à Saguenay, à Rivière-Bleue, dans le Témiscouata, et à Brossard, en Montérégie.
Les élus font valoir que la fermeture des huit succursales entraînera notamment la dévitalisation des centres-villes, en raison de l'achalandage qu'elles amenaient dans les commerces avoisinants.
«Lorsque nous choisissons de fermer une succursale, c’est parce que le parcours du client s’est déjà déplacé, écrit la SAQ. Dans les municipalités visées, la baisse de l’achalandage est marquée, et ce, depuis plusieurs années, même si la SAQ était présente.»
On parle donc d'une baisse de l'achalandage et non que la succursale n'est plus rentable. La SAQ a refusé de divulguer les données des chiffres d'affaires des succursales visées, mais les défenseurs de leur maintien ont plaidé qu'il «n'existe pas» de succursales de la SAQ déficitaires.
La société d'État donne toutefois une petite lueur d'espoir aux tenants des commerces de proximité.
«Nous demeurons à l’affût des changements au niveau de la revitalisation apportés par les municipalités et des mouvements démographiques des villes même après avoir quitté un emplacement», écrit la SAQ.
En commission parlementaire en mai, le président de la SAQ, Jacques Farcy, avait défendu sa décision en affirmant qu'il fallait s'adapter aux comportements changeants des consommateurs et que les volumes de vente étaient en baisse.
Mercredi, le député Guillaume Cliche-Rivard, de Québec solidaire, avait déposé une pétition de plus de 7000 noms à l'Assemblée nationale demandant d'«annuler immédiatement les huit fermetures de succursales annoncées», ainsi qu'un moratoire «sur les fermetures de succursales de la SAQ jusqu'à l'adoption d'une politique de responsabilité territoriale cohérente avec les objectifs de l'État en matière d'aménagement du territoire».
Le député de QS a dit qu'il allait demander une rencontre avec le ministre des Finances dans les plus brefs délais.
Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, M. Farcy a expliqué que les fermetures s'expliquent notamment par une décroissance du volume vendu.
Le couperet pourrait encore tomber, puisque la direction examine chaque année le rendement du réseau.
«Tout est sur la table et, pour nous, il n'y a pas de sujet tabou», a-t-il conclu.