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Un an plus tard, l'enquête publique du coroner sur la mort de Nicous d'André Spring serait sur le point de s'ouvrir. Une enquête attendue de pied ferme par les défenseurs des droits des détenus.
Mais pour la Ligue des droits et liberté du Québec (LDL), la mort de Nicous d'André Spring n’est pas un cas isolé, elle qui réclame par ailleurs une enquête publique dans les 18 prisons provinciales qui débordent et qui manquent de main-d’œuvre.
La LDL dit recevoir chaque semaine des plaintes de familles de détenu dans les prisons provinciales.
Responsable de la mobilisation à la LDL, Lynda Khelil affirme que les détenus au Québec sont victimes de bris de services et d’atteintes à leurs droits.
«Et pendant les Fêtes, la situation est exacerbée», a-t-elle déploré lors d’un entretien avec Noovo Info.
Mme Khelil dénonce par ailleurs le fait qu’un proche d’une personne incarcérée peut attendre jusqu’à trois semaines avant d’obtenir un droit de visite.
«Et lorsqu’elle arrive sur place, elle peut se buter à une porte fermée, une annulation ou carrément un refus de visite. Et ce qui est évoqué, c’est qu’il y a un manque de personnel.»
Mais cet argument de pénurie de main-d’œuvre a «le dos large» aux yeux de Mme Khelil.
«Il faudrait plutôt se demander s’il manque de personnel ou si le Québec incarcère trop de personnes dans ses prisons», a-t-elle lancé.
Elle montre également du doigt plusieurs problématiques «préoccupantes» à l’intérieur de nos prisons.
Par exemple, le confinement prolongé en cellule, pouvant aller de 18 heures à 24 heures sur 24 en raison du manque de personnel, ajoute la responsable à la LDL.
Le criminologue et directeur d’Alter Justice, Daniel Poulin-Gallant, explique que les personnes longuement incarcérées sont plus à risque de commettre des gestes irréparables. Les détenus peuvent notamment s’enlever la vie.
Mise à jour (15 janvier 2024): Dans un déclaration écrite envoyée à Noovo Info après la parution de ce reportage, le cabinet du ministre de la Sécurité publique François Bonnardel affirme avoir pris des mesures pour répondre aux multiples problèmes. « Déjà, depuis 2020, des gestes concrets ont été posés par le ministère de la Sécurité publique (MSP) pour répondre aux enjeux de main-d’œuvre, notamment en doublant les cohortes de formation des agents des services correctionnels. Nous avons aussi fait un investissement historique de 30 M$ dans les prisons québécoises pour les sécuriser pour les détenus et les prévenus ainsi que de l’ensemble du personnel qui œuvre dans les établissements. »
Au Québec, le nombre de prévenus – des personnes détenues en attente d’un procès – a connu une hausse importante en cinq ans.
Selon le ministère de la Sécurité publique, la proportion des prévenus dans les prisons provinciales était de 59%. Une hausse de 17% comparativement aux données de 2017.
53% des prisonniers purgent également de courtes peines, soit moins de six mois de détention.
Selon Mme Khelil, ces courtes peines sont «inefficaces» afin d’assurer une réhabilitation des personnes dans la société.
«Le gouvernement du Québec ne semble pas admettre qu’il y a un problème. Alors, comment peut-on s’attendre à ce qu’il soit résolu?»
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.