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Ce texte est une traduction de CTV News
CTV News a rencontré deux Canadiens qui se préparent pour leur deuxième déploiement sur les lignes de front en Ukraine.
Communiquer avec des combattants dans une zone de guerre active implique la confiance des deux parties. De nombreux soldats craignent que leur identité et leur localisation ne soient compromises.
DOSSIER | Noovo Info en Ukraine
Méfiants quant à la capacité de la Russie à suivre leurs mouvements et à devenir des cibles, ces Canadiens en Ukraine ont demandé à CTV de ne pas divulguer leurs vrais noms et le lieu en Ukraine où nous les avons rencontrés. Ils sont deux anciens membres des Forces armées canadiennes de Montréal.
L’entretien a eu lieu sur le parcours d’une route rurale boueuse et cahoteuse. À l’arrivée près d’une zone boisée, ils révèlent leur histoire et leurs surnoms sur le champ de bataille: Speedy et Tanto.
Tous deux sont de jeunes hommes dans la vingtaine. Le plus grand des deux, Tanto, dit avoir décidé de venir en Ukraine après avoir vu des vidéos d'enfants aux informations traversant la frontière polonaise avec seulement un passeport et un ours en peluche.
«J'ai l’image en tête encore aujourd’hui», admet-il.
Quant à Speedy, il juge que c'était «son devoir» de venir en Ukraine. «Je voulais aider à combattre, aider la population.»
«Quand je rentre au Canada, c’est vraiment difficile de s'adapter à une vie normale après ce que [j’ai] vu, ce que [j’ai] fait», explique Speedy.
Tanto a eu du mal à conserver un emploi régulier, affirmant qu'il avait l'impression que «personne ne sait vraiment ce qui se passe en Ukraine».
Depuis leur retour en Ukraine, les deux Canadiens font maintenant face à une autre réalité difficile.
«Tous nos amis sont blessés», dit Speedy.
Tanto révèle que beaucoup de ces «amis» sont également morts. Alors qu'il est aux prises avec cette réalité tragique, dit-il, «aller à l'hôpital et les voir blessés est vraiment difficile. Ils ont des blessures séreuses causées par des éclats d'obus à la tête et aux jambes».
Ni l'un ni l'autre ne sont couverts par une assurance s'ils se blessent – ou pire – sur la ligne de front. Acceptant les risques encourus, Speedy est en paix avec ce qui peut arriver.
«Je sais que je peux mourir ici, je sais que je peux me blesser», dit-il.
Tanto, un oncle dans sa famille, ne veut pas mourir, lui. «Je suis venu ici pour aider, mais je ne prévois pas de mourir, vous savez. Si ça arrive, ça arrive.»
Ni l'un ni l'autre n’ont combattu dans l'armée canadienne, mais cela a changé une fois arrivés en Ukraine.
Speedy déplore le style de guerre déployé.
«C'est comme la Deuxième Guerre mondiale, dit-il. Il y a des tranchées, il y a de l'artillerie.»
Tout en servant avec plusieurs groupes de combattants alliés différents, le duo révèle avoir découvert des espions russes dans les rangs.
«Ils avaient un groupe d'espions russes qui les ont initialement rejoints. Ils se sont fait prendre», affirme Speedy. «À un moment donné, on a réalisé qu’ils n’étaient pas légitimes. Ils ont été attrapés et emmenés. Nous ne les avons jamais revus.»
Au début de la guerre, c'était facile de se présenter et de s’enrôler. Maintenant il y a beaucoup plus de paperasse, selon les deux jeunes Canadiens. Pour leur deuxième séjour sur la ligne de front, ils attendent la validation de leur demande afin de pouvoir commencer à être payés par l'armée ukrainienne.
Ils refusent de dire combien ils vont gagner, mais Tanto dit que sans paiement, «il ne reste pas». «Je dois être payé», insiste-t-il.
Ensemble, ils estiment avoir dépensé environ 45 000 $ pour acheter de l'équipement et subvenir à leurs besoins lors de leur premier voyage en tant que combattants canadiens étrangers. Les deux disent qu'ils sont là pour le long terme cette fois, tant qu'ils peuvent gagner leur vie tout en aidant sur le front.
Speedy et Tanto, ainsi qu'un troisième Canadien francophone, ont lancé Black Maple Company, un site où les gens peuvent acheter des marchandises. Une partie des bénéfices servira à aider leurs camarades blessés au combat.
«Tout ce que nous pouvons donner aux soldats blessés pour les aider à remonter le moral» sera utile, déclare Speedy.
Tanto craint que les Canadiens et la communauté internationale ne détournent bientôt leur regard de l'Ukraine.
«[La guerre] continue de se dérouler partout en Ukraine», dit-il. «Des enfants meurent, n'oubliez pas cette guerre.
Ottawa dit qu'on ne sait pas exactement combien de Canadiens se sont rendus en Ukraine pour se joindre au combat. On pense qu'au moins trois Canadiens sont morts en combattant en Ukraine au cours de la dernière année.