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Des cas qui sont loin d’être isolés. Ce seraient 85% des arbitres ont déjà été victimes de violence verbale et 45% de violence physique, selon des données récentes des chercheurs du Pôle sports de HEC Montréal.
Marie-Ève Robichaud est une passionnée de hockey. L’ex-joueuse de hockey était loin de se douter de ce qui l’attendait pendant un match junior, le 6 octobre 2023 à Saint-Jérôme. Pendant le dégagement d’un défenseur, elle reçoit une rondelle directement sur la bouche.
«Immédiatement après l’impact, je me suis écroulée sur la patinoire», se remémore-t-elle. Elle raconte s’être vite retrouvée au milieu d’une «mare de sang». Bilan de l’accident: dents cassées, lacération au niveau de la lèvre et commotion cérébrale.
«Il y a eu des complications, de l’infection, des dents qui sont mortes. Donc traitements de canal et couronnes. Et le fameux choc post-traumatique», énumère-t-elle. Ce diagnostic lui est reconnu par la Commission des normes en santé et sécurité au travail (CNESST). L’ex-joueuse déplore toutefois ne pas avoir reçu de soutien de sa ligue, Hockey Laurentides Lanaudière. Pire encore, elle estime être victime de représailles et ne plus pouvoir arbitrer depuis son accident.
Luc Tétreault, qui a évolué comme joueur dans le junior majeur chez les Saguenéens de Chicoutimi à la fin des années 70, est arbitre en Estrie depuis plus de huit ans. Il a été agressé pendant un match junior à Granby, le 31 mars 2024.
Les images de son agression ont été captées par caméra. On y voit le joueur s’approcher de l’arbitre et délibérément le propulser. L’arbitre fonce tête première dans la bande. «Sur le coup j’étais complètement étourdi, ç’a pris l’aide de mes coéquipiers pour m’aider à me relever», raconte-t-il, confiant même qu’il a cru ne jamais se relever.
La violence du geste continue de le choquer. «Même en tant que joueur, je n’ai jamais vu un geste délibéré comme ça envers un arbitre», assure-t-il.
Comme Marie-Ève Robichaud, M. Tétreault dénonce le manque de soutien d’Hockey Estrie et Hockey Québec. «Il n’y a personne qui m’a contacté pour savoir comment ça c’était passé», déplore-t-il.
Il estime que cet événement a eu des impacts sur sa santé physique et psychologique. «Ça m’a pris au moins trois, quatre semaines à me remettre en confiance sur patins», raconte l’athlète d’expérience. Il a été suivi par une thérapeute sportive pendant deux mois pour surmonter les conséquences psychologiques de l’agression.
Ken McLellan a beau être arbitre depuis plus de 45 ans, il ne risque pas d’oublier son match du 11 février 2023 de sitôt. Il était juge de ligne dans un match de hockey midget à Laval, lorsque la soirée a pris une tournure dramatique.
Irrité par une punition donnée à un de ses coéquipiers, un jeune hockeyeur a frappé une rondelle en direction de Ken McLellan. Celui-ci l’a reçue en plein visage.
Sa mâchoire et deux de ses dents ont été cassées, sa lèvre déchirée et il a subi une commotion cérébrale. «J’ai été amené à l’hôpital pour une opération le soir, et une autre le lendemain», raconte l’homme. «J’avais une braquette mise sur ma bouche pendant un mois pour que ma mâchoire guérisse.»
Après près d’un demi-siècle d’implication en tant qu’arbitre, il affirme que ni les organisateurs du tournoi, ni la ligue Hockey Laval, ni Hockey Québec, ne l’ont contacté pour prendre de ses nouvelles. Comme seule pensée, on a déposé une bouteille de vin à sa porte avec un mot qui disait: «Ça ne devrait pas arriver». À la suite de ce match, il a passé quatre semaines en arrêt de travail.
Voyez le reportage de Marie-Claude Paradis-Desfossés dans la vidéo ci-contre.