Début du contenu principal.
Mme Labonté-Chartrand publie de nombreuses vidéos dans lesquelles elle utilise son titre de psychologue. Sur sa page, elle propose notamment de cesser de consommer certains aliments.
«Si vous souffrez d’enjeux sur le plan de la santé mentale, je vous recommande d’éliminer les légumineuses», lance-t-elle.
Son affirmation arrive après des explications aux apparences scientifiques et elle semble lire quelque chose. Bien qu’elle ne soit pas nutritionniste, elle suggère aussi de bannir les produits laitiers et les glutens de l’alimentation des enfants avec un trouble du spectre de l’autisme.
La présidente de l’Ordre des nutritionnistes du Québec, Joëlle Émond, exprime sa réticence par rapport à ses conseils avec les enfants autistes.
«Selon mes connaissances, ça ne fait pas partie des données probantes, il n’y a pas de données probantes à cet égard.»
Elle émet aussi des réserves quant aux conséquences de telles affirmations. «Les préjudices qui peuvent être causés par des recommandations nutritionnelles erronées peuvent être très grands. On peut parler de malnutrition, de déshydratation.»
Mme Émond fait remarquer que plusieurs personnes vulnérables sont sur les réseaux sociaux. «Ça peut venir bousiller la croissance, par exemple», conclut-elle.
Même son de cloche de la part de la présidente de l’Ordre des psychologues, Christine Grou. À ses yeux, la science n’en est pas là. Par exemple, pour les enfants autistes, il n’est pas question d’arrêter le lait.
«Oui il y a peut-être plus de problèmes intestinaux chez ces jeunes-là, encore faut-il voir s’ils sont causés par le trouble du spectre de l’autisme ou par toute autre chose comme l’anxiété», explique-t-elle.
L’influenceuse Geneviève Labonté-Chartrand recommande de consommer des gras animaux tous les jours. Encore une fois, Dre Grou insiste sur la science.
De plus, l’instagrameuse propose de soigner sa santé mentale de façon naturelle, même si des internautes écrivent que la médication leur a sauvé la vie.
«C’est très risqué, un psychologue ne devrait pas recommander de cesser de prendre sa médication sans avis médical. Qui que ce soit qui donne des conseils publics, est-ce qu’il y a des promesses de miracle? Des miracles en science, on n’en fait pas», conclut Dre Grou.
Dans l’une des vidéos publiées sur sa page, la psychologue réplique. «À ceux qui m’écrivent: "Où est ton diplôme en nutrition?" Je réponds: je ne savais pas que j’avais besoin d’un quatrième diplôme pour questionner le statu quo, faire de la recherche.»
Noovo Info est entré en contact avec Mme Labonté-Chartrand et a sollicité une entrevue pour connaître ses sources scientifiques. Elle a refusé.
«Mes sources scientifiques. C’est une question sérieuse? Vous savez que je suis psychologue clinicienne et chercheuse de formation», a-t-elle d’abord répondu. Elle a ensuite affirmé prendre ses informations sur un site internet américain, PubMed.
Mais selon l’Ordre des psychologues, ce site ne suffit pas.
«Le site Internet du gouvernement américain est en effet connu de l'Ordre. Ce site répertorie de tout, de bonnes comme de mauvaises études. En fait, ce n'est pas tant le site en lui-même qu'il faut questionner ici, mais plutôt la façon dont une personne interprète les résultats des études sur ce site.»
«Le fait de dire que l’on s’est renseigné sur un site répertoriant des études scientifiques n’est pas suffisant pour appuyer la validité de nos conclusions. Les standards de la communauté scientifique requièrent d’avoir plusieurs sources d’informations, d’analyser la rigueur des informations obtenues avant d’en tirer des conclusions, de vérifier les limites des études utilisées, ainsi que de révéler toutes les sources et tous les articles utilisés pour arriver à nos conclusions. De plus, il faut aussi vérifier si nous sommes en mesure de retrouver les affirmations de cette professionnelle dans la littérature.»
Geneviève Labonté Chartrand a ensuite renchéri.
Toujours selon l’Ordre, sa manière de réagir ne correspond pas aux règles de l’art.
«De manière générale, conformément à leur code de déontologie, les psychologues doivent pouvoir identifier les assises scientifiques de leurs propos ou de leurs services.»
Mme Labonté-Chartrand a clos la discussion en précisant que «les journalistes ne sont pas formés pour évaluer les sources scientifiques» et nous a accusés de vouloir faire une chasse aux sorcières.
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.