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La police a demandé au Service des affaires juridiques de la Ville de Montréal de voir ce qui peut ou doit être fait par les autorités, car il y a quand même eu des infractions qui ont été commises, comme du vandalisme sur la statue de la reine Victoria.
Voilà qui pourrait éventuellement justifier un démantèlement, mais «reste qu'il faut toujours contrebalancer le besoin d'intervenir avec la liberté d'expression», a commenté l’inspecteur du SPVM, David Shane, mercredi en marge d’une conférence de presse de la police sur la situation des armes à feu sur son territoire.
«Pour l'instant, tant qu'il n'y a pas de débordement, tant qu'il y a pas de risque pour la sécurité des citoyens, il n'y a pas d'intervention», a déclaré M. Shane, qui prend l’occupation de manifestants propalestiniens dans des locaux de l’Université McGill il y a quelques semaines comme exemple de moment où les autorités peuvent décider d’intervenir. La police avait procédé à une quinzaine d’arrestations.
«S'il y a des infractions criminelles, s'il y a des événements comme ça s'est passé, par exemple, autour du campement McGill […] on intervient rapidement pour sécuriser les lieux, sécuriser les citoyens», a expliqué l’inspecteur Shane.
Autrement, la ligne est mince et le SPVM ne voit pas d’enjeu pour la sécurité citoyenne au square Victoria à l’heure actuelle, quoique la police surveille la situation.
«Démanteler pour démanteler, c'est toujours un exercice d'équilibre entre les lois, mais aussi pour assurer les droits et libertés des personnes.»
«La question, c'est dans le poids de la liberté d'expression versus l'application d'un règlement municipal qui a précédence», dit M. Shane. «Qu'est ce qui est plus important? Est ce qu'on peut invoquer un simple règlement municipal pour finalement mettre fin à cet évènement-là? C'est une bonne question.»
L’inspecteur indique que c’est ce qui est à l’étude avec le service des affaires juridiques et relève le caractère complexe des dossiers des manifestations propalestiniennes qui ont eu cours à Montréal dans les derniers mois. «Il y a différents juges qui ont refusé des injonctions provisoires et ont d'ailleurs dit par écrit que c'est des questions fondamentales, des deux droits fondamentaux qui s'affrontent», note-t-il.
Installé depuis samedi dernier, le campement propalestinien au square Victoria continue de faire pression auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et du ministère québécois des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF).
Lors d'une conférence de presse mardi, le collectif Désinvestir pour la Palestine a réitéré ses demandes avec le soutien d'autres organisations. Ils souhaitent notamment la fermeture «immédiate» du bureau du Québec à Tel-Aviv et que la CDPQ cesse d’investir dans des entreprises liées avec ce que les manifestants considèrent comme un «génocide».
Un rapport des Nations Unies (ONU) remis par l'experte indépendante Francesca Albanese a conclu en mars 2024 «qu’il existe des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide» ont été commis «contre les Palestiniens à Gaza a été atteint». Cependant, aucun tribunal n’avait encore conclu à un crime de génocide à Gaza au moment d’écrire ces lignes.
Les militants propalestiniens campent depuis avril dernier sur des terrains du campus de l'Université McGill, au centre-ville de Montréal. Ils affirment que la dernière offre de l'établissement est bien loin de ce qui serait nécessaire pour les convaincre à partir.
L’établissement a annoncé la semaine dernière qu’elle cesse de négocier avec les manifestants du campement propalestinien. «Malgré nos tentatives renouvelées pour discuter de bonne foi, les représentants du campement ont maintenu que leurs demandes ne feraient pas l’objet de négociations, tout en accusant l’Université de ne pas vouloir engager de véritable dialogue», a dit le recteur Deep Saini.
La demande d'injonction interlocutoire de McGill pour le démantèlement du campement reviendra devant les tribunaux le 25 juillet prochain. Selon l'un des avocats représentant l'établissement, les délais sont considérés comme étant «normaux» en raison de la preuve présentée.