Pol (pseudonyme) , l’un des membres qui veut protéger son identité par peur de représailles, explique que le groupe s’était inscrit, tel que la loi électorale le prévoit, pour inciter les candidats à prendre position sur les enjeux à Gaza et sur le rôle du Canada. «On a une cause qu’on cherche à défendre et on ne cherche pas à faire élire quelqu’un de spécifique. C’était l’occasion pour nous de se dire qu'on va pouvoir s’exprimer dans les règles du jeu», abonde-t-il.
Les messages sur les pancartes parlaient de «Palestine libre» et de «Génocide à Gaza». «Il n’y avait rien de choquant», précise Pol.

Or, dès le 31 juillet, les affiches se sont mises à disparaître. Sur une vidéo de caméra de surveillance située sur le boulevard Monk, on voit un camion de la Ville de Montréal se stationner. Une employée descend et décroche l’une des affiches du groupe, qui dit avoir aussi d’autres vidéos semblables en sa possession.
Les cols bleus ont-ils agi à la suite de plaintes de citoyens, par eux-mêmes ou sous la directive de gestionnaires de la Ville? Impossible de le savoir pour l’instant.

Mais la tierce partie dit avoir dénoncé l’affaire à la Ville au cours des jours suivants et celle-ci aurait mentionné qu’il s’agissait d’une erreur. Mais le tout s’est reproduit par la suite.
LEV 4 Palestine poursuit donc la Ville pour avoir enfreint l’article 325 de la loi électorale qui stipule qu’il «est interdit, sans le consentement d’une personne habilitée à l’autoriser, de modifier une publicité électorale ou d’en empêcher la diffusion».
Récidive
L’avocat Me Manuel Johnson demande une peine exemplaire, parce que la Ville a des antécédents en cette matière. En 2015, un autre groupe similaire, en collaboration avec le Parti communiste du Canada, avait placardé des images d’un enfant martyrisé à Gaza. La Cour du Québec avait condamné la Ville à une amende de 12 000$ en dommages punitifs en 2018.
Présents lors des prochaines élections
La tierce partie promet d’ailleurs de s’imposer lors des prochaines élections et informe qu’elle pourrait faire des petits dans plusieurs circonscriptions.
«Pour faire valoir nos demandes par rapport à ce génocide, ça dure depuis un an et demi. L’air de rien, les positions du Bloc québécois sur la Palestine sont meilleures que celles des libéraux et des conservateurs», continue Pol.
Pour l’analyste politique Victor Henriquez, poursuivre la Ville implique que la facture soit à tort refilée aux contribuables. Mais il pense que ce sera intéressant d’entendre ce groupe-là puisque la loi encadre ses interventions. Selon lui, il est toutefois important d’éviter l’ingérence.
«On a beaucoup parlé d’ingérences étrangères et internes, donc c’est important que les règles du jeu soient claires. Au bout de la ligne, le débat qu’ils amènent risque d’être intéressant d’autant plus qu’au cours des 18 prochains mois, on va avoir des élections à tous les paliers de gouvernements.»
Habituellement, le cabinet de la mairesse Plante ne commente pas les dossiers judiciarisés. Nous avons tenté d’obtenir une réaction et attendons toujours.
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.