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Le Dr Lussier a demandé à l'Assemblée nationale de définir clairement ce qu'est «un handicap grave et incurable» rendant admissible à l'aide médicale à mourir.
Le Dr David Lussier, gériatre à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal et membre de la Commission sur les soins de fin de vie, s'inquiète du fait que la nouvelle mouture de la loi sur l'aide médicale à mourir rende l'accès trop facile aux personnes âgées.
Devant la Commission des relations avec les citoyens, mardi matin, le Dr Lussier a demandé à l'Assemblée nationale de définir clairement ce qu'est «un handicap grave et incurable» rendant admissible à l'aide médicale à mourir.
Dans le cadre des consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi 11, le médecin a souligné aux parlementaires qu'il existe plusieurs définitions au terme handicap et que généralement, il s'agit tout simplement d'une limitation qui empêche une personne d'accomplir normalement ses activités.
Ainsi, il suggère que l'on ajoute une disposition selon laquelle un handicap résultant du vieillissement et non d'une maladie ne soit pas considéré comme donnant accès à l'aide à mourir.
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«Vieillir, c'est grave et incurable, mais ce n'est pas une maladie. Être vieux ne doit pas être suffisant pour obtenir l'aide médicale à mourir», a plaidé le médecin dont bon nombre des patients vivent avec un déclin avancé de leurs capacités.
Tout en reconnaissant que plusieurs de ses patients âgés expriment régulièrement des «souhaits de mort passifs», le gériatre précise qu'ils espèrent s'endormir et ne pas se réveiller, mais pas nécessairement provoquer leur mort parce qu'ils ont moins de plaisir à vivre.
«Ce que les gens ne veulent pas, c'est de vivre trop longtemps dans un état qu'ils jugent comme n'étant pas acceptable», poursuit-il.
Le Dr Lussier a ainsi insisté sur l'importance d'inscrire dans la loi que «toute personne avec une maladie ou un handicap grave et incurable, ou une maladie menant à l'inaptitude», a le droit de recevoir les soins et services requis.
Cette condition est essentielle, selon cet expert en gestion de la douleur et en soins palliatifs, parce que l'aide à mourir ne doit surtout pas devenir une solution par défaut. Il faut que ce soit une décision libre et éclairée après que toutes les autres options de soins aient été présentées, a-t-il expliqué.
«Personne ne devrait recevoir l'aide médicale à mourir parce qu'il ne peut pas obtenir les soins à domicile appropriés si elle le souhaite ou par crainte de ne pas recevoir des services appropriés en CHSLD», a mentionné le gériatre.
Dans un autre volet de son témoignage, le Dr Lussier a évoqué un profond dilemme éthique qui le taraude lorsqu'il est question de demande anticipée d'aide médicale à mourir. En abordant l'état de «démence heureuse», qu'il place volontairement entre guillemets, il a décrit cet état où des gens en profond déclin cognitif en viennent à ne plus être conscients de ce qui les afflige.
Ces gens qui ne sont plus eux-mêmes, qui ne se souviennent plus de leurs proches et qui ne sont plus tout à fait au courant de leur maladie dégénérative, atteignent un certain état de bien-être dans leurs activités quotidiennes.
Comme le souligne le Dr Lussier, ces patients ne démontrent pas nécessairement de souffrance psychique ni peut-être même de souffrance physique. Toutefois, il est possible que ces personnes, lors d'une demande d'aide à mourir anticipée, formulent le désir de recevoir ce soin de fin de vie lorsqu'elles atteignent ce stade.
Pour ces patients, au moment de formuler la demande, ils estiment que cet état où ils ne sont plus eux-mêmes correspond à une douleur psychique anticipée intolérable. Or, dans la réalité, un individu dans cet état de `démence heureuse' a évolué vers une condition où il ne souffre pas, a exposé le gériatre.
Ainsi, selon le Dr David Lussier, peu de ses collègues médecins seraient à l'aise avec l'idée d'administrer l'aide à mourir à ces patients qui semblent vivre un quotidien agréable dans leur condition.
Le médecin croit qu'il faudra s'assurer que les demandes anticipées soient le plus détaillées possible afin que les volontés du patient soient respectées et que le moment prévu de la fin de vie soit clairement défini.