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La femme âgée de 35 ans a obtenu un visa temporaire pour travailler au Canada où elle compte se réfugier. Toutefois, son fils Nikita est l'un des quelque 279 000 Ukrainiens qui attendent toujours une réponse.
Depuis qu'elle a dû fuir l'Ukraine avec son fils de 6 ans, Iryna Mishyna s'est consolée en aidant des familles vivant des situations semblables à retrouver une certaine stabilité.
Mais elle-même vit une situation précaire.
La femme âgée de 35 ans a obtenu un visa temporaire pour travailler au Canada où elle compte se réfugier. Toutefois, son fils Nikita est l'un des quelque 279 000 Ukrainiens qui attendent toujours une réponse des autorités.
«Je veux un visa [canadien] pour mon fils parce que c'est une très bonne occasion pour lui», lance Mme Mishyna, qui attend à Varsovie, en Pologne où elle s'est installée après avoir quitté l'Ukraine.
Elle a présenté ses demandes en juillet. Les autorités canadiennes lui ont remis un visa en septembre, mais ne lui ont encore donné aucune réponse pour son fils.
«J'ai demandé, mais on m'a répondu de patienter.»
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En attendant, elle coordonne chaque jour le travail de plusieurs bénévoles dans une salle aérée du deuxième étage de la gare de Varsovie. Des petits bancs de bois, des petits tapis en mousse, des couvertures et des oreillers en forme d'étoile y sont disséminés pour y accueillir des enfants ukrainiens fuyant leur pays.
Selon Mme Mishyna, de 20 à 60 personnes vivent dans ce petit refuge chaque soir.
L'endroit accueille des familles ukrainiennes qui cherchent un endroit où se reposer en attendant de figurer ce qu'elles feront ensuite. Comme Mme Mishyna.
«Je ne sais pas ce que je dois faire», admet-elle.
L'Ukrainienne n'est pas la seule mère à vivre cette situation, affirme Randall Baran-Chong, le fondateur de Pathfinders for Ukraine, une organisation canadienne qui vient en aide aux candidats à l'immigration depuis le début de la guerre. Certaines personnes attendent une réponse du ministère de l'Immigration depuis mars ou avril, mentionne-t-il.
Quand la Russie a attaqué l'Ukraine, il y a près d'un an, plusieurs millions d'Ukrainiens ont fui vers la Pologne, provoquant du même coup une grave crise des réfugiés en Europe. Les pays avoisinants n'avaient pas les infrastructures pour recevoir autant de femmes et d'enfants.
Le Canada a lancé un premier programme spécifiquement conçu pour remettre rapidement un visa de travail ou d'étude temporaire le plus rapidement possible en attendant la fin de la guerre.
Depuis la mise en place du programme, en mars, le gouvernement a reçu 839 567 demandes. Il en a accepté environ 64 % en date du 7 février.
Mme Mishyna signale que ce n'est pas une tâche aisée de demander un visa. Elle a dû laisser son fils en Pologne pour retourner en Ukraine afin de mettre à jour ses passeports et obtenir tous ses documents en ordre.
Son visa temporaire n'est valide que pour trois ans. Déjà, ce temps est en train de s'écouler pendant qu'elle attend une réponse pour la demande pour son fils.
Des demandes plus complexes nécessitent un plus long examen. Le délai peut varier selon «un certain nombre de facteurs», dit une porte-parole du ministère de l'Immigration, Julie Lafortune.
Le gouvernement vise à traiter les permis de travail temporaire dans les 60 jours, mais 25 % des cas en attente ont pris plus de temps et font partie d'un arriéré au 31 décembre, selon les statistiques du ministère.
Les personnes qui présentent une demande dans le cadre du programme d'urgence se voient offrir un «traitement accéléré et prioritaire», a-t-elle déclaré. C'est le moyen le plus rapide pour les Ukrainiens et leurs familles de se rendre au Canada.
Mme Mishyna a confié qu'elle se sent chanceuse par rapport à certaines personnes qui cherchent désespérément à se rendre au Canada. Elle a une maison et un travail à Varsovie, mais elle en connaît d'autres qui n'ont pas eu cette chance.
Des publicités numériques sur les trottoirs et les tunnels souterrains autour de la Gare Centrale de Varsovie font apparaître les armoiries ukrainiennes avec des messages de soutien au pays assiégé, mais d'autres signes de soutien aux réfugiés en Pologne ont commencé à s'estomper.
Le vaste parc public en face de la gare qui était rempli de tentes et de kiosques offrant aux réfugiés de la nourriture, de l'aide et des conseils au début de la guerre est maintenant vide et de nombreux centres de réfugiés ont fermé.
«Je pense que c'est à cause d'un manque de financement des autorités locales», a déclaré Andrii Melnyk, un ancien diplomate ukrainien vivant à Varsovie.
Il a travaillé au centre de demande de visa canadien à Varsovie peu de temps après l'ouverture du programme d'urgence aux Ukrainiens et a vu des milliers de personnes se précipiter pour postuler.
Depuis lors, a-t-il mentionné, les centres internationaux de réfugiés, y compris ceux du Canada, ont fermé et les espaces d'hébergement ont été consolidés, laissant moins de lits aux familles qui n'ont pas trouvé de solution plus stable. Certaines personnes qui vivaient dans les abris sans visa ni fonds suffisants pour aller ailleurs sont retournées en Ukraine, a indiqué M. Melnyk.
Pourtant, selon lui, le Canada a fait du bon travail en ouvrant rapidement ses portes aux réfugiés et en adaptant le programme pour répondre à l'importante demande.
Des plus de 540 000 Ukrainiens qui ont reçu des visas pour venir au Canada, seulement 158 000 environ ont fait le voyage.
Un visa canadien est une police d'assurance pour certaines personnes qui préfèrent rester plus près de chez elles, soutient M. Baran-Chong.
«Nous avons entendu des gens dire: ‘‘Si mon mari se fait tuer, j'irai au Canada parce que je n'ai aucune raison d'y aller’’», affirme-t-il.
«Certains d'entre eux disaient: "Si ma maison est OK, je reviendrai, mais si ma maison est détruite, je commencerai simplement ma nouvelle vie au Canada."»
Certains de ces titulaires de visa peuvent également être des hommes qui ne sont pas autorisés à quitter l'Ukraine en raison des règles imposées dans le cadre de la loi martiale dans ce pays.
Pour d'autres, le coût pour se rendre au Canada est prohibitif. Le Canada a organisé trois vols nolisés pour amener 950 Ukrainiens au Canada l'année dernière, mais aucun autre vol n'est actuellement prévu.
Le Congrès ukrainien canadien a déclaré qu'il y avait des vols gratuits disponibles, mais pas assez.
«Si vous êtes un réfugié en Europe qui a fui, vous n'avez probablement pas assez d'argent pour acheter un billet d'avion pour vous et vos enfants pour venir au Canada», fait valoir le directeur exécutif du groupe, Ihor Michalchyshyn, en entrevue à Ottawa.
«Il y a tellement de gens (au Canada) qui ont eu besoin d'aide, nous n'avons même pas eu le temps de penser à ceux qui n'ont pas pu venir.»
L'attente relativement longue pour elle et son fils a amené Mme Mishyna à se demander si elle fera un jour le voyage au Canada.
Elle travaille maintenant pour aider d'autres familles de son pays et elle a inscrit son fils Nikita à l'école de Varsovie. Partir maintenant signifierait le déraciner à nouveau et conduirait à plus d'incertitude à l'expiration de leurs visas.
Comme d'autres familles qui arrivent à la gare en Pologne, elle dit vouloir une certaine certitude quant à l'avenir.